Une rue de la Préfecture porte son nom. S’il se destinait au métier d’instituteur, Aimé Ramond est entré dans la police avant de devenir résistant et de finir sa courte vie sous les balles allemandes.
La première guerre mondiale n’était pas encore terminée quand Aimé Ramond a vu le jour, le 30 août 1918 à Montgeard (Haute-Garonne) pour le plus grand bonheur de Maria Raigné sa mère de Jean Ramond, son père, garde–champêtre de son état dans sa petite commune de Montgeard.
Si aujourd’hui une rue de ce village, comme à Carcassonne, porte le nom d’Aimé Ramond, c’est bien parce que son parcours n’a pas été celui qu’il imaginait au départ. En effet, son projet était tout simplement de devenir instituteur et donc de mener une vie bien tranquille. Peut-être à Montgeard d’ailleurs.
Sa carrière militaire ?
Rien d’exceptionnel au demeurant. Il a effectué une préparation plutôt élémentaire de 1937 à 1938 avant d’être incorporé, un an plus tard au au 502e régiment de chars de combat d’Angoulême. Elève aspirant à l’École des chars de combat de Satory en mai 1940, il a rejoint le 18e régiment d’infanterie de Tarbes en qualité d’aspirant de réserve. Dans son cas, la démobilisaton a eu lieu en octobre 1941.
Le noyautage des administrations publiques
Son passage dans les rangs de l’armée ont-ils eu pour effet de l’inciter à mettre entre parenthèses son éventuelle carrière dans l’éducation nationale ? Toujours est-il qu’il s’est au final tourné vers la Police et qu’il a rapidement été affecté au commissariat de Carcassonne en qualité d’Officier de Paix.
C’est sous cette couverture très officielle qu’Aimé Ramond est entré dans la clandestinité de la résistance. Très rapidement, il est même devenu des responsables du NAP. Qu’était le NAP ? Les initiales d’un réseau de fonctionnaires : Police – Noyautage des Administrations Publiques.
Sans doute dénoncé (par un collègue de travail ?), Aimé Ramond a été arrêté à son domicile par la Gestapo, le dimanche 30 juillet 1944 puis conduit dans les locaux du service de renseignement allemand pour être interrogé et évidemment torturé. Ensuite, il a été incarcéré à la Maison d’Arrêt de Carcassonne.
Le 19 août 1944, il a été finalement xécuté par les Allemands à Roullens, au Domaine de Baudrigues. Il était accompagné d’autres résistants également passés par les armes : Jean Bringer, Maurice Sevajols et Simon Batlle, Pierre Roquefort, Jean Hiot, Suzanne Last, Jacques Bronson, Marcel Weil, René Avignon, Gilbert Bertrand.
« Malgré les pires tortures, il se tait »
Aimé Ramond, tombé pour la France a été fait Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume et cité à l’ordre de la Nation au Journal Officiel du du 17 août 1948, avec ce commentaire élogieux : « Jeune Officier de Paix, plein d’autorité et d’allant qui, dans une situation difficile, n’hésite pas à aider de tout son pouvoir la Résistance. »
« Arrêté le 30 juillet 1944, l’ennemi connaît son rôle et veut à tout prix savoir le nom de ses amis. Malgré les pires tortures, il se tait et est lâchement assassiné le 19 août 1944 ». En 1994, la cinquantième promotion d’officiers de paix de la Police nationale portait le nom d’Aimé Ramond.
Exécution barbare
Les prisonniers ont-ils été fusillés avant que les Allemands ne détruisent le dépôt de munitions du domaine de Baudrigues ? Il a été en tout cas très difficile de mettre un nom sur les corps des suppliciés. Présent sur les lieux après l’explosion, le docteur Delteil, compagnon de captivité d’Aimé Ramond à la maison d’arrêt de Carcassonne, a reconnu la blessure pour laquelle il l’avait opéré le 5 août 1943 dans sa clinique carcassonnaise du Bastion. Un lambeau de sa nuque frisée ainsi que son ancienne opération chirurgicale ont également permis à des collègues du commissariat de police de Carcassonne de l’identifier.