A Sainte-Valière, dans le Bas Minervois, on veut faire revivre le passé du village à travers un balisage interactif. Ce projet très dynamique, que nous présente Véronique Canut, membre de l’association Camins, a mis tout le monde à contribution : des enfants aux aînés en passant par les associations.
Comment est né ce projet de balisage ?
La mairie a demandé à l’association Camins (promotion des chemins du Minervois et du Chemin de Saint Jacques de Compostelle) de bien vouloir réfléchir à un circuit de mise en valeur du patrimoine du village.
Ce circuit a pour vocation de s’intégrer à « La Petite Caminade », randonnée créée par l’association Camins et qui traverse les communes de Sainte-Valière et Pouzols-Minervois en empruntant un tronçon authentifié du Chemin de Saint Jacques de Compostelle.
Il faut souligner que le village, un peu à l’écart des axes de communication, souffrait de n’avoir «rien d’intéressant» à offrir aux visiteurs. Archéologue de profession, je n’ai eu aucun mal à convaincre la municipalité qu’il y avait dans le village du patrimoine à mettre en valeur.
Comment se découpe ce projet ?
Il se décline en trois tranches. La première est la réalisation de six panneaux touristiques pourvus de QR codes par l’association Camins (Bernard Cauquil, Véronique Canut, Chantal Ferrero et Pierre Miquel), les résidents du tiers-lieu
« 13Vents Sainte-Valière » (Jon Voss, artiste sculpteur et Robyn Johnson, artiste plasticienne et infographe) et les créateurs de la résidence d’artiste « Hôtel Sainte-Valière » (Justin Caléo, informaticien et Eloise Caléo, illustratrice). Soit uniquement des personnes du village. Il faut préciser que ces panneaux seront traduits en anglais (par Justin et Eloise Caléo) et en occitan par le conteur Alan Roch.
Quel est l’investissement des enfants ?
Il concerne la deuxième tranche. A savoir la réalisation de deux courts-métrages animés par les élèves des classes de CE1/CE2 et CM1/CM2 de l’école du village, en collaboration avec Anne-Marie Carles, retraitée et conteuse, Rose Iredale, artiste vidéaste et moi-même pour la présentation historique. Nous vivons toutes les trois au village.
Les enfants écriront deux contes se déroulant au village : à l’époque médiévale pour les petits et dans les années 1930 (période de création de la cave coopérative) pour les grands. Ces contes seront mis en images par les enfants et Rose Iredale. Ils seront accessibles via les QR code des panneaux.
« Le village est un castrum médiéval »
Reste la troisième tranche…
Il s’agit de la réalisation de récits audios par les aînés du village. Interviews enregistrées (en cours) par Bernard Cauquil, Véronique Canut, Chantal Ferrero et Pierre Miquel. Ces récits seront proposés en français, anglais et occitan. Ils seront accessibles via les QR code des panneaux.
Sainte-Valière possède-t-elle un riche passé historique ?
Outre des traces d’occupation gauloises et gallo-romaines mises au jour par des recherches archéologiques, le village est un castrum médiéval constitué au cours du XIIème siècle. Il s’agit d’un village circulaire édifié autour d’un château, dont de grandes parties sont conservées au centre du village, et d’une église à chevet du premier âge roman.
Le plan du village médiéval est encore très perceptible actuellement. Le rempart est toujours visible dans de nombreuses maisons qui formaient autrefois la ceinture protectrice. Trois tours médiévales sont conservées. Une demeure seigneuriale médiévale occupe la partie sud de la place.
Enfin des maisons de maître ont été édifiées à la fin du XIXème siècle, et de nombreuses façades ont été élégamment rénovées durant cette période de prospérité viticole. Sainte-Valière est également le village natal de Paul Cayla, médecin et éminent historien du Moyen-âge languedocien.
Enfin le village abrite de nombreux artistes internationaux dont plusieurs sont en résidence dans le tiers-lieu en construction au sein de l’ancienne cave coopérative (13 Vents Sainte-Valière) ou dans la maison Cayla (Hôtel Sainte-Valière). Le village aborde le XXIème siècle sous un angle artistique.
Comment est financé ce projet ?
La tranche 1 (panneaux) est financée par la mairie. Elle est en attente de la validation des subventions demandées. Les tranches 2 et 3 sont financées, en 2023, par l’Education Nationale dans les cadre des projets Education Artistique et Culturelle et par la Région. En 2024, d’autres subventions seront redemandées, notamment au Département et à la DRAC.
A-t-il été validé avec enthousiasme par l’Education Nationale ?
Oui ! La subvention est arrivée très rapidement avec les félicitations des personnes en charge des projets EAC au sein des écoles primaires.
« Nous ne comptons pas nous arrêter là ! »
Que vont représenter ces six panneaux ?
Ils vont illustrer l’histoire du village, notamment l’époque médiévale puisque le village conserve encore de nombreux témoins architecturaux et l’époque contemporaine, de la fin du XIXème siècle à nos jours. Nous traiterons notamment de l’évolution du plan du village, la construction des riches demeures, et la vie quotidienne au village alors que la vie battait son plein (commerces, fêtes, foires et création de la cave coopérative).
Y aura-t-il une suite à ce projet ?
Bien entendu, nous ne comptons pas nous arrêter là ! L’idée est de se servir des QRcodes des panneaux, qui vont renvoyer à un site internet dédié, pour continuer à mettre en valeur à la fois l’histoire et la vie culturelle du village.
Nous souhaitons également établir des liens avec les communes alentour pour construire une offre touristique complète. Le Bas Minervois est une petite région dont le très riche patrimoine couvre toutes les périodes de la Préhistoire à nos jours. Et de nombreux artistes s’inspirent de nos fabuleux paysages pour créer.
Ce projet va-t-il servir à promouvoir l’attrait de Sainte-Valière auprès des touristes ?
Oui. Il faudra ensuite convaincre les institutions touristiques locales pour aider à la promotion du Bas Minervois.
Grâce à cette action en avez-vous appris davantage sur le passé du village ? Et les enfants aussi ?
J’ai passé l’hiver à étudier l’histoire du village et à en arpenter les rues, entrer dans les maisons à la recherche de vestiges médiévaux! J’ai non seulement appris beaucoup de son histoire mais fait connaissance avec de nombreux habitants qui ont pris plaisir à me/nous raconter leurs souvenirs. Avec les membres de l’association, nous avons constitué une belle collection de cartes postales anciennes, grâce aux prêts des habitants.
Ce fond sera bien entendu accessible sur le site internet. Quant aux enfants, ils sont très investis dans l’écriture de leur contes et sont impatients de créer les personnages qui vont intégrer les dessins animés. Je pense qu’il ne se promènent plus aussi innocemment désormais dans les rues du village.