Drôle de vie que celle de Jean-François Dougados. Né à Carcassonne en 1762, entré dans les ordres puis devenu poète sous le nom de Venance Dougados, il a épousé la cause révolutionnaire et a fini par en perdre la tête. Et ce n’est pas une image…
Fils d’un cordonnier et d’une charcutière de Carcassonne, Jean-François Dougados voit le jour au pied de la Cité le 10 août 1762. Dans sa prime jeunesse, ses capacités intellectuelles lui valent d’être remarqué par les religieux de la ville et notamment par Mgr Puysegur, évêque de Carcassonne, qui le fait entrer dans les ordres du côté des Capucins pour lesquels il s’illustre en composant des cantiques.
Au début de l’histoire, Jean-François Dougados parvient à suivre des activités littéraires et les cours de théologie. Mais au fil des mois, sa passion pour l’écriture l’éloigne inexorablement de la religion tandis que sa renommée de poète capucin ne cesse de grandir. On ne dit plus Jean-François Dougados mais désormais Venance Dougados.
Un « divorce » avec l’Eglise
Le lien avec l’Eglise se rompt tout naturellement par le biais de ses écrits. La Quête du Blé, en vers et en prose (1786), témoigne de l’intérêt non feint qu’il peut avoir avec la compagnie féminine. Première pierre dans le jardin de l’Eglise, vient ensuite L’Ennui (1788) qui témoigne de l’admiration que le Carcassonnais a pour un certain Jean-Jacques Rousseau. Le « divorce » est consommé.
En 1790, enthousiasmé par la Révolution française, Venance Dougados quitta définitivement les ordres et ne cache pas son attrait pour la Révolution. Une nouvelle vie lui tend les bras, à Perpignan par exemple, où en 1791 il devient professeur d’éloquence. Pourfendeur des contre-révolutionnaires, il est candidat à la députation dans l’Aude, mais il ne parvient pas à se faire élire.
La cause girondine
Dans la nébuleuse révolutionnaire, les choses commencent à se gâter pour Venance Dougados en 1792. En voyage à Paris, il débarque en plein affrontement entre la Commune et les Girondins. Le poète carcassonnais prend fait et cause pour ces derniers et ne manque jamais l’occasion de dire tout le mal qu’il peut penser de la Convention et de sa nouvelle constitution.
Un pas supplémentaire est franchi en 1793 quand il aide le député girondin Jean Birotteau à s’enfuir de Lyon, où il s’était réfugié après avoir été arrêté à Paris. Une entreprise risquée et qui lui vaut d’être à son tour le 13 août 1793, transféré à Carcassonne puis dans la capitale. Malade, maltraité, il découvre l’envers du décor de la Révolution qui l’avait séduit.
C’est ce même tribunal révolutionnaire qui le condamne à mort pour fédéralisme. Jean-François Dougados, dit Venance Dougados est exécuté le 14 janvier 1794.
Poètes audois et maudits
Feuillant pour l’un, Girondin pour l’autre et Montagnard en ce qui concerne le dernier, Chenier, Dougados et Fabre d’Eglantine, ces trois poètes audois ont vécu la Révolution dans des camps différents. Tous trois, qui ne supportaient guère une société que dominaient la Noblesse et le Clergé, rêvaient d’une République des Lettres. Au final, ils auront suivi le même chemin menant à l’échafaud. Ils ont été guillotinés en 1794. Comme tant d’autres…