Une technologie dernier cri pour faciliter le travail des douaniers. Sur l’aire d’autoroute d’Arzens, une opération était menée avec un appareil permettant de scanner le contenu des poids lourds.
En présence du préfet de l’Aude Christian Pouget, une opération de contrôle des poids lourds circulant sur l’A61 et faisant escale sur l’aire d’Arzens Nord a eu lieu. L’occasion de tester le nouveau CSM ou camion scanner mobile, un appareil dernière génération permettant de scanner en quelques minutes l’intégralité du contenu d’un poids lourd.
« C’est un peu comme un portique de sécurité dans un aéroport, témoignait David Vaudoyer (ph. ci-dessous), chef divisionnaire des Douanes, sauf que là on y fait passer des camions entiers. Cela nous permet de détecter la marchandise et d’aller droit au but. Une opération d’envergure qui peut-être menée plusieurs fois par trimestre, il n’y a que deux scanners mobiles dans toute la France. Deux autres modèles existent mais ceux-là sont fixes. »
Quatre tonnes de cannabis saisies dans le département en 2023
A partir de 9h30, les premiers camions étaient ainsi passés au crible de ce détecteur géant. En parallèle, une vingtaine d’agents des Douanes contrôlaient les voitures des conducteurs stationnés sur l’aire d’autoroute. Une brigade cynophile (ci-dessous) était également de la partie, pour ne laisser aucune chance à d’éventuels trafiquants.
« Malheureusement, on ne peut pas capter tous les trafics, poursuivait David Vaudoyer. L’ingéniosité des trafiquants est parfois très poussée. C’est une course permanente, une évolution constante pour mettre au point de nouveaux systèmes. Mais c’est aussi un moyen de faire pression sur les contrebandiers qui doivent redoubler d’efforts et de moyens, c’est aussi un moyen d’épuiser les ressources de certains trafics. »
Ainsi en 2023, ce sont près de 4 tonnes de cannabis, 2 tonnes de cigarettes, 50 kilos de cocaïne et près de 300 000 contrefaçons qui ont été saisies par la division douanière de l’Aude. Une division qui compte au total une soixantaine d’agents de terrain, auxquels il faut ajouter la vingtaine d’agents administratifs.
« Les méthodes de dissimulation peuvent parfois être très originales, sous des tonnes de fruits et légumes parfois, parfois sous des chapes de plomb pour empêcher d’apparaître au scanner. Mais quand l’image est trop obscurcie, ça la rend justement suspecte » , concluait le chef divisionnaire.
Christian Pouget, préfet de l’Aude : « Chercher une aiguille dans une botte de foin »
Régis est formateur image au sein des Douanes. A l’intérieur du camion scanner mobile, il analyse les images fournies par le CSM. Des données précieuses qui permettent de voir avec précision le contenu des remorques de poids lourds, ou de lever des soupçons quand ceux-ci apparaissent. « Ce procédé dure environ dix minutes, ce sont 80 m3 qui sont scannés et analysés. Les techniques de dissimulation évoluent très rapidement. » Sur l’une des images, Régis pointe son doigt : « Ici vous voyez, on peut constater un colis suspect. Parfois, la marchandise est cachée dans un contenant, lui-même dans un autre contenant comme des frigos par exemple ».
« C’est un peu comme chercher un aiguille dans une botte de foin » ajoutait le préfet Christian Pouget (à gauche ci-dessus), ce sont des opérations de contrôle parfois sur plusieurs jours, en fonction de la saison notamment. Pouvoir se doter d’outils performants pour gérer les flux est clairement un atout, évidemment on ne peut pas avoir un taux de réussite de 100%, il faut parfois « choisir les camions » si j’ose dire. »
Un autre constat préoccupant faisait état d’une évolution du trafic de drogues. Longtemps originaire des pays du sud, le développement de production ou d’acheminement par le Nord incitaient les autorités à faire évoluer les dispositifs. « On essaie de surveiller les axes Sud-Nord et de plus en plus Nord-Sud, concluait le préfet. Notamment à cause de l’explosion de cocaïne en particulier, 27 tonnes ont été captées au niveau national l’année passée. C’est une importation ou une exportation qui se fait aussi sur les interfaces portuaires, d’où l’intérêt de posséder des scanners fixes comme à Aix-en-Provence ou au Havre par exemple ».