Vous avez des lacunes en histoire et en géopolitique ? Pas de panique, vous n’êtes sûrement pas les seuls. Il faut dire qu’il peut être difficile de s’y retrouver devant tant d’informations au quotidien. L’Echo du Languedoc vous propose un résumé des faits pour comprendre le conflit en Ukraine, ainsi que ses enjeux.
Aujourd’hui épicentre des tensions entre Occidentaux et Russes, l’Ukraine est au cœur d’une lutte d’influence géopolitique. Il faut d’abord remonter à 2013 avant de revenir sur les récents évènements.
Viktor Ianoukovytch, alors président pro-russe de l’Ukraine, décide de suspendre l’accord d’association prévu avec l’Union européenne, au profit d’un accord avec la Russie. Un revirement de situation qui mettra littéralement le feu aux poudres et aboutira à la révolution ukrainienne, dénommée révolution de Maïdan.
Le 18 février 2014 ont lieu les premiers affrontements entre police et manifestants, sur la symbolique place de l’Indépendance à Kiev. Deux jours après, le bilan humain est très lourd, on dénombre plus de 80 morts, après que les forces de l’ordre aient tenté de reprendre la place, en vain.
Devant une situation devenue intenable, le président en exercice annoncera des élections anticipées pour calmer la population. Deux jours plus tard, le 22 février 2014, Ianoukovytch est finalement destitué par le parlement ukrainien.
Une crise qui ne fait que débuter
Quelques mois plus tard, le candidat social-démocrate Petro Porochenko, soutien de la révolution, remporte les élections anticipées et devient le nouveau président de l’Ukraine. Mais cela ne suffira pas à retrouver l’unité nationale, surtout que du côté de la Russie de Vladimir Poutine, soutien de l’ancien président, on ne compte pas en rester là.
Sur la carte ci-dessous, en rouge se situent les régions à majorité russophone, en violet les régions à tendance mixte et en bleu les régions à majorité ukrainienne (cf. Wikipédia).
Dès 2014, dans ce pays tiraillé entre certaines régions pro-russes et pro-occidentaux, la rupture sera consommée dès la destitution du président Ianoukovytch. Le 23 février, le lendemain de la destitution, une décision prise par la Rada (parlement ukrainien) viendra envenimer une situation déjà explosive.
Dénonçant l’ingérence russe, et voulant lutter contre l’accroissement de son influence en Ukraine, le parlement retire le statut de plusieurs langues officielles dont le russe (le roumain, le hongrois et le tatar criméen sont aussi concernés).
La Crimée (région en rouge sur la carte tout au Sud de l’Ukraine), historiquement peuplée à grande majorité de Russes, n’accepte pas cette décision, s’autoproclame République de Crimée et vote son rattachement à la Russie le 11 mars 2014.
Parallèlement, dans la région du Donbass (provinces en rouge à l’Est de l’Ukraine sur la carte), majoritairement russe et anti-révolutionnaire, les conflits débutent entre séparatistes pro-russes soutenus par la Russie, et le pouvoir central ukrainien, soucieux de préserver l’intégrité territoriale du pays.
Les tensions sont à leur paroxysme, les Russes lancent l’offensive
Le conflit a ainsi duré jusqu’en 2015, avant d’être réouvert. Un fragile cessez-le-feu avait depuis été mis en place, au terme d’une guerre qui a déjà causé la mort de plus de 13 000 personnes et entraîné le départ ou le déplacement de plus de 2 000 000 d’entre elles. Ainsi, pourquoi la Russie de Vladimir Poutine a-t-elle lancé une attaque ?
L’élection en 2019 de Volodymyr Zelensky à la tête de l’Ukraine, a permis de relancer les demandes d’adhésion à l’Union européenne ainsi qu’à l’OTAN, jusque-là mises en suspens. Et c’est là où le bas blesse du côté russe. Poutine voit d’un très mauvais œil la future adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, alliance militaire créée par les Etats-Unis pendant la Guerre Froide, afin de contenir l’expansionnisme et l’influence soviétiques.
Du côté ukrainien au contraire, l’intégration à l’OTAN permettrait de solides appuis, notamment américain, afin de garantir son intégrité territoriale. Pour les Russes, la logique était donc d’intervenir rapidement en lorgnant sur les territoires pro-russes séparatistes, tout en procédant à un déploiement de force militaire massif, afin de faire renoncer l’Ukraine dans son projet d’intégration à l’OTAN.
Un autre facteur est également à prendre en compte sur la scène internationale, et non des moindres : l’élection de Joe Biden qui rompt totalement avec la politique de l’ancien président Donald Trump.
Là où Trump semblait se désintéresser de la situation géopolitique, en s’occupant des Etats-Unis avant tout (« America First », son slogan de campagne), l’élection de Joe Biden marque un retour d’une Amérique interventionniste, notamment face aux ambitions chinoise et russe. Un changement de ton bien plus direct qui a également contribué à accentuer le rapport de force.
Aujourd’hui, difficile d’avoir des certitudes sur l’issue d’une guerre quasi-ouverte qui prend de l’ampleur, ni jusqu’où tout cela peut aller. Si les Russes ne parlent aujourd’hui pas ouvertement de guerre mais d’« opération militaire », nous assistons bien là à une crise géopolitique majeure, telle que l’Europe n’en a plus connue depuis la fin de la Guerre Froide.