Le 10e Festival international du film insolite s’est clôturé lundi 19 août avec la remise des prix du jury et la projection du dernier film de Pierre Richard, en sa présence.
La lune était pleine au-dessus de Rennes-le-Château pour baigner de sa lumière bleue la dernière soirée du 10e Festival international du film insolite au domaine de l’Abbé Saunière, à Rennes-le-Château. Le jury, présidé cette année par l’actrice et écrivaine Vahina Giocante, a récompensé, à l’issu des cinq jours de festival (du 15 au 19 août), plusieurs courts-métrages et documentaires durant cette soirée illuminée par la présence de l’acteur audois Pierre Richard.
Pendant cinq jours, ce festival cofondé en 2015 et présidé par les acteurs Geoffroy Thiebaut et Fanny Bastien, a mis à l’honneur une sélection de films, insolites comme il se doit. Courts-métrages et documentaires français et internationaux en compétition ont ainsi été projetés devant le jury pour primer, au final, six films dans les catégories prix du jury, prix du public, prix de la presse, prix de la jeunesse et prix du scénario insolite.
Côté courts
Place à la jeunesse. Les ados ont ouvert le bal des récompenses, ce lundi soir, en remettant le prix de la jeunesse, sous la houlette du réalisateur Dominique Filhol, au court métrage « Kreskine » à la « quasi unanimité » selon l’un des membres de ce jury composé de six adolescent(e)s. Le film de Viktor Vincent a tiré son épingle du jeu sans mal parmi les seize courts-métrages en compétition. « Ce festival lui porte chance, décidément, car il est déjà venu l’année dernière et remporté un prix », a commenté Geoffroy Thiebaut. Il était cependant absent lors de la remise des trophées à l’instar de tous les lauréats. Une mention spéciale a aussi été décernée à « No signal », oeuvre du Palestinien Mohammad Al Sharif, par les jeunes cinéphiles pour « le message important qu’il porte ».
Le jury de la compétition internationale de court métrage a, quant à lui, porté son regard bienveillant sur une autre création, celle de la Méxicaine Silvia Jiménez, « Los Cautiverios », en lui remettant le prix du jury – Atlantis TV. « Ce film parle d’un sujet sensible avec un regard cinématographique intéressant », a souligné Vahina Giocante, précisant ne pas avoir été déçue par les films proposés dans le cadre ce festival, « insolites par nature ».
À noter, le court métrage « Dog apartement » de Prit Tender à reçu une mention spéciale pour « sa créativité et sa sensibilité » ainsi que pour « son travail sur la relation entre l’image et le son », a indiqué Julia Whal, critique de cinéma et membre du jury.
Côté docs
La compétition entre les six documentaires semble avoir été rude mais la décision finale a été simple. Le prix du jury et le prix du public ont été décernés à Mona Eldaief et Jehane Noujaim, auteurs du documentaire « Rafea : Solar Mamas », qui suit le parcours d’une mère bédouine vivant à la frontière jordano-irakienne qui, accompagnée de trente grands-mères analphabètes du monde entier, se rendra au Barefoot College en Inde pour devenir ingénieure solaire. « Des femmes arabes qui font de l’électricité dans le désert car les hommes ne veulent pas bouger leurs petits culs et leurs orteils », a résumé avec force et humour la comédienne Fanny Bastien au moment de la remise des prix, ce lundi.
Une mention spéciale a également été décernée dans cette catégorie au formidable documentaire « Tehachapi » de JR, un film sur une prison de haute sécurité nord-américaine « qui redonne foi en l’humanité », a commenté la présidente du jury. Enfin, le jury du scénario de court métrage insolite, composé de Arnaud Sélignac (scénariste et réalisateur) et Virginie Lacombe (productrice), a décerné le prix à « Faire corps », de Cécile de Moor.
Pierre Richard, prix spécial « de l’acteur le plus insolite du monde »
Pour terminer en beauté le festival, les organisateurs avaient convié l’acteur Pierre Richard pour présenter (hors compétition) l’un des ses derniers films en tant qu’acteur, « L’Angelo dei muri ». Un film italien inédit en France de Lorenzo Bianchini, lui aussi présent à cette soirée, dans lequel il interprète Pietro, un vieil homme solitaire vivant reclus dans son appartement, qui reçoit un avis d’expulsion. Déterminé à ne pas le quitter, il élabore une stratégie pour se cacher à l’intérieur des murs, dans une pièce secrète…
Un film sombre dans lequel l’acteur comique légendaire du cinéma français, joue un rôle dramatique et poétique. Sans une seule réplique. « Une expérience unique à laquelle je ne m’attendais pas », a expliqué le comédien installé à Gruissan depuis une quarantaine d’années. Et de poursuivre avec humour : « Je ne suis jamais aussi bon que quand je ne dis rien. La preuve, c’est que j’ai eu un prix à Rome. La seule fois où j’ai une récompense dans le cinéma, c’est pour un film où je ne dis rien. Ce qui prouve qu’il [Lorenzo Bianchini] a du talent et que moi, quand même, plus je ferme ma gueule, mieux je suis. »
L’acteur, qui a fêté ses 90 ans le 16 août dernier, a également reçu « le prix de l’acteur le plus insolite du monde », de la part des deux cofondateurs du festival, et un franc « joyeux anniversaire » de la part du public, nombreux malgré les 15° degrés affichés au bord de la la tour Magdala de Rennes-le-Château, ce lundi soir, pendant la projection. Une ambiance aussi chaleureuse qu’insolite.
Cyril Durand
Photo principale : de gauche à droite : l’acteur et réalisateur Serge Riaboukine, Fanny Bastien, Pierre Richard et Geoffroy Thiebaut © L’Echo du Languedoc.
