Un rapport qui était attendu depuis plusieurs mois vient d’être rendu public ce lundi. Celui de la Haute Autorité de Santé sur la pollution à l’arsenic, qui permet de faire la point sur une situation préoccupante, mais dorénavant surveillée et prise en charge par les plus hautes instances.
Un rapport qui rassure dans son contenu, mais ne permet pas de lever tous les doutes.
Rappel des faits
Au printemps dernier, plusieurs parents du village de Lastours dans l’Aude, ont fait analyser l’urine de leurs enfants pour y chercher des traces d’arsenic. Des mesures réalisées par des chercheurs indépendants avaient en effet montré que la cour de l’école du village avait été polluée lors des inondations d’octobre 2018 par différents métaux lourds, dont l’arsenic, venus des anciennes mines autour de Salsignes.
La Haute Autorité de Santé et la Société de Toxicologie Clinique ont élaboré une recommandation à destination des professionnels et des pouvoirs publics sur le dépistage, la prise en charge et le suivi des personnes résidant dans une zone polluée à l’arsenic, c’est-à-dire celle dans laquelle on retrouve plus de 25 mg d’arsenic inorganique bioaccessible par kilo de terre.
Ainsi, plus d’une cinquante d’enfants présentaient des taux au-dessus des normes, y compris dans des villages plus bas dans la vallée. Depuis, une bataille d’experts s’est enclenchée, entre ceux qui y voient un danger sanitaire, et d’autres qui n’y voient rien d’alarmant.
La Haute Autorité se veut rassurante
Ainsi, la Haute Autorité de Santé rappelle que l’arsenic est naturellement présent dans notre environnement, dans les eaux et les sols en faible quantité, mais que certaines activités humaines ont provoqué une pollution de sites géographiques au-delà de cette présence naturelle, avec potentiellement des effets sur la santé. Ce nombre de sites pollués atteindrait les 7000 en France.
Les principaux modes de contamination à l’arsenic sont l’alimentation, le riz et les céréales en particulier, la consommation d’eau locale, ainsi que l’ingestion de poussières, chez les enfants jouant dans la terre par exemple. Si un cas de contamination est découvert, le dépistage est alors élargi à toute personne consommant des légumes produits localement ou des eaux de surface ou souterraine locales. Il est donc recommandé aux médecins de déclencher des analyses d’urine chez :
- les enfants âgés de 6 mois à 4 ans qui résident sur le site, en raison de leur alimentation et parce qu’à leur âge, le contact avec le sol et la terre sont fréquents, dans les jardins, aires de jeux ou de loisirs,
- les femmes enceintes et celles qui envisagent de débuter une grossesse consommant des légumes produits dans un environnement proche, en raison des risques pour le développement du fœtus.
Que faire en cas de contamination et quels peuvent être ses effets ? Pour les personnes dont l’analyse des urines a établi la contamination, une nouvelle analyse des urines doit être réalisée dans les trois mois suivant le diagnostic, dans les deux mois pour les femmes enceintes.
Cette surveillance doit être doublée d’une surveillance clinique.
Les premiers effets à se manifester dans la durée sont des effets cutanés.
Si l’exposition à l’arsenic se prolonge sur plusieurs années, d’autres effets peuvent apparaître ensuite : respiratoires, neurologiques, cardiovasculaires et cancérogènes.
Ainsi, pour lutter face à ses effets, il est fortement conseillé de ne pas consommer les légumes produits sur place, notamment les légumes feuilles dont la surface peut être recouverte de poussière d’arsenic, ne pas consommer l’eau des puits, se laver régulièrement les mains et laver régulièrement les intérieurs avec des linges humides mais aussi ôter ses chaussures à l’entrée de chez soi afin d’éviter la dispersion des poussières dans les habitations.