C’est une enquête qui aura pris près de deux ans, des jours entiers d’exploration de fichiers et deux opérations d’ampleur.
La source
L’enquête a débuté au cours de l’été 2022, après que les cyber enquêteurs de la Section de recherches (S.R.) d’Orléans repèrent sur les réseaux sociaux plusieurs individus qui se partagent des photographies d’enfants en sous-vêtements. “Un des individus adresse des invitations sur plusieurs groupes de la messagerie sécurisée et anonyme russe ICQ, relatifs à l’exploitation sexuelle des mineurs, explique Gendinfo. Parmi ceux-ci, deux se présentent ouvertement comme pédophiles et français.” Quand les enquêteurs parviennent à intégrer les groupes, ils découvrent des visages inconnus des bases de données internationales.
Assez rapidement, l’enquête permet de déterminer que “les deux groupes français ont pour administrateur un même individu, et en commun cinq membres actifs.” Tous les contenus présents sur les groupes contiennent des enfants dénudés ainsi que des actes sexuels imposés.
Les analyses dirigées par le Pôle mineurs du Tribunal judiciaire d’Orléans mettent en évidence que chacun des membres opère différemment. Si le premier d’entre eux se fait passer pour une fausse adolescente, utilisant “la menace, le chantage, le harcèlement, et même une simulation de tentative de suicide”, pour obtenir des images de ses victimes, les autres membres réalisent leurs vidéos dans des lieux publics, agressent les fillettes de leur entourage, ont recours à de la prostitution de mineurs…
Les opérations judiciaires
Pour mettre fin à leurs agissements, plusieurs opérations judiciaires sont réalisées. “La première, en avril 2023, permet l’interpellation simultanée de trois mis en cause sur le territoire national, dont l’administrateur du groupe, individu déjà condamné pour des faits similaires, précise les gendarmes. Les premières victimes de ces trois individus entendues confirment les avoir rencontrés par le biais des réseaux sociaux. L’une des victimes, de peur de représailles, a accepté un acte sexuel avec un quatrième membre. L’un des mis en cause a par ailleurs violé et agressé sexuellement une fillette de son entourage, pendant trois ans. Il a diffusé les vidéos de ses actes dans les deux groupes. À l’issue de cette opération, une information judiciaire a été ouverte le 5 avril 2023.”
En novembre de la même année, une autre opération a permis l’arrestation d’un 4e homme. Celui-ci aurait violé une mineure en profitant de “sa fragilité et son handicap”. Un 5e individu a également été interpellé et incarcéré, cette fois-ci en Belgique, pour des faits similaires. Enfin, ce mois-ci, le 6e homme, récidiviste, a reconnu avoir échangé des fichiers pédopornographiques lors de son interrogatoire.
Bilan judiciaire
L’ensemble des perquisitions a donné lieu à la saisie de nombreux matériels informatiques dont l’exploitation réalisée par les cyber enquêteurs de la S.R. d’Orléans, du Peloton d’intervention cyber (PIC) et du C3N, a permis la découverte de plus de 930 000 fichiers pédopornographiques pour trois des six mis en cause. “Le reste du matériel étant toujours en cours d’analyse, ajoute Gendinfo. Parmi les 120 victimes détectées, 22 victimes mineures françaises, âgées de 3 à 15 ans, qui ont toutes été entendues.”
Âgés de 36 à 61 ans, les 6 mis en cause ont été placés en détention provisoire dans l’attente de leur procès.
(Criminel ©Xijian)