Du bâtiment historique à l’entrée du village au très moderne chai de La Prade, la cave coopérative de Leucate souffle, cette année, ses cent bougies ! Joël Castany, son président historique, vient de passer la main mais il revient volontiers sur cette belle histoire qui a su unir les hommes d’un terroir.
Cent ans, voilà un moment historique qu’on imagine important pour le Leucatois !
C’est un événement assez énorme qu’ont vécu un groupe de personnes, il y a cent ans, 99 % des agriculteurs s’étaient réunis et avaient investi pour créer la cave. Là, on se promet de repartir pour cent ans de plus.
La cave n’a-telle pas rythmé pendant des décennies la vie du
village ?
Elle a effectivement marqué de son empreinte la vie de la commune et des villages environnants. Elle a joué un rôle important. À partir de 1907, les caves étaient, comme les terrains de rugby, à l’entrée des communes. Il a fallu un hectare de terrain.pour bâtir l’ensemble.
Aujourd’hui, la viticulture se porte-t-elle mieux ou moins bien qu’il y a un siècle ?
En référence au livre que nous éditions pour le centenaire «Demain il fera beau», on peut se poser la question. Faisait-il beau en 1920 ? À l’époque, on sortait de 1907 et du phylloxéra. En un siècle, on est passé des fils de la misère à un outil de développement économique. Mais c’était déjà une révolution de voir 250 viticulteurs regroupés autour d’une même volonté.
Quelle est la particularité des vins de Leucate, avec la mer proche, la falaise… ?
Leucate a été une des premières communes de l’Aude à produire un vin doux naturel et à pouvoir proposer une appellation Fitou. La création du centre ostréicole a marqué, plus tard, l’arrivée des blancs secs. Quant au climat, les entrées maritimes sur le plateau ont évidemment certaines particularités pour le vignoble.
«Javoue que ça m’a marqué»
Parlez-nous de Marie-Luce Jousseaume dont une salle du chai moderne porte le nom.
C’est l’égérie. Elle est entrée au conseil d’administration en 1983 et donc en pleine crise. On lui a aussi dédié le livre. Avec le sens du partage et de la décision, elle a marqué un quart de siècle de gestion de cette coopérative. Elle était cultivée, brillante et avait le sens de la formule. J’ai longtemps travaillé avec elle.
Évoquer la cave de Leucate, c’est citer inévitablement Joël Castany…
J’ai été nommé liquidateur en 1984, il ne faut pas l’oublier et j’y ai finalement passé 35 ans !
C’est sans doute quelque chose qui doit marquer et j’avoue que ça m’a marqué aussi.
On a réussi à mener un plan de relance et de restructuration pour lequel j’ai essayé d’apporter mes idées.
C’est vous qui avez préparé la grande mutation avec la création du chai de La Prade et le mariage avec Quintillan. La mue était inévitable ?
C’est quelque chose qu’on a préparé et développé à bout tous ensemble ! Les premières discussions dataient de 2007 et étaient menées dans un souci de modernisation.
Quintillan, c’est un événement important. Ce drôle de mariage improbable donne un sens au projet de développement rural tout en montrant qu’on peut faire des choses avec de la volonté.
«L’enjeu environnemental»
Que pouvez-vous nous dire sur
Lilian Copovi qui vous succède ?
C’était préparé depuis cinq ans dans une sorte de plan de transmission du savoir et du pouvoir. Lilian est à la tête d’une belle équipe.
Il a des idées dans le cadre de la moderrnisation et c’est quelqu’un de novateur.
Seize pieds de vigne ont été
plantés pour le centenaire. Justement, pourquoi seize ?
C’est juste le hasard. Le plus important est de souligner que nous avons des vignes qui ont plus de cent ans. Nous planterons d’autres pieds de vignes à chaque visite de personnalités.
Quels sont désormais les enjeux pour la cave qui attaque donc son deuxième centenaire .?
L’enjeu environnemental s’apparente à un défi, avec notamment la gestion de l’eau et la nouvelle donne climatique.
On se concentre aussi sur la modernisation constante du chai et bien sûr l’adaptation aux souhaits des consommateurs.
Tous ces enjeux, on les a référencés.