« Bonjour, je suis compagnon d’emplettes, est-ce que ça vous dirait un peu de compagnie pendant que vous faîtes vos courses ? » C’est souvent par cette phrase que Claire, 27 ans, aborde les personnes venues faire leurs achats au magasin Leclerc de St-Jean St-Pierre. Elle fait partie des 150 « Compagnons d’emplettes » répartis actuellement dans une vingtaine de grandes surfaces de la région.
Un service gratuit pour les clients
Un service gratuit développé par la start-up Mains d’argent, basée à Perpignan. Il est proposé dans ce supermarché de Narbonne depuis septembre dernier. Tous les mardis et les vendredis, ces accompagnateurs sont disponibles, sans rendez-vous, de 9 h à 12 h. Les seniors, qui ont besoin d’aide ou simplement envie de bavarder, peuvent les solliciter le temps de leurs courses.
« Soit on va vers les gens, soit ils viennent vers nous », explique Claire en poussant entre les rayons des surgelés le chariot d’une dame de 70 ans. « On discute, je l’aide à choisir les produits, on compare les prix », poursuit-elle. Une compagnie de bon augure pour Viviane venue faire ses courses en cette fin de mois de mai. « Elle est charmante, avenante, elle me pousse le chariot, ça m’aide bien », dit-elle.
Des Compagnons micro-entrepreneurs
Les « Compagnons d’emplettes » sont majoritairement des étudiants, parfois des aidants cherchant un complément de revenus. Comme Denzel, 18 ans, étudiant aux douanes. « Je viens dès je peux pour me faire un peu d’argent à côté de mes études. Je vis chez mes parents, ça me permet d’avoir un petit bonus. »
Ils sont rémunérés 15 € de l’heure via le statut de micro-entrepreneurs et bénéficient d’un bonus de 5 € à partir de la quatrième personne accompagnée dans la matinée. A chaque début de prise en charge, ils doivent le signaler sur une application idoine et rentrer des informations précisent tel que le numéro de caisse pour signifier la prise en charge.
Une solution clé en main pour le magasin
Outre l’aspect financier, les étudiants y trouvent aussi leur compte sur un plan relationnel. « A la base, je suis assez timide, ça me force à aller vers les gens, petit à petit ça m’enlève cette timidité, ça me fait un petit travail sur moi », témoigne le jeune Denzel. « Cela me permet de discuter avec les gens, de rencontrer beaucoup de personnes et de milieux différents », poursuit Claire.
L’enseigne, elle, paye un abonnement à Mains d’argent pour disposer d’une solution clé en main. « Les abonnements sont élaborés sur-mesure avec chaque magasin. L’entrée de gamme se situe à 1 390 euros par mois, pour une matinée d’animation par semaine avec plusieurs étudiants Compagnons d’emplettes », précise Héloïse Lamotte, 27 ans, fondatrice de la start-up, dans les colonnes des Echos entrepreneurs. Les seniors, eux, n’ont rien à payer.
« Lutter contre l’isolement social »
« On est un service grâce auquel ils peuvent retrouver un lien social qu’ils n’ont pas ailleurs. En terme de volume, il s’agit à 90 % des seniors mais aussi parfois des femmes enceintes, des parents seuls ou des personnes en situation de handicap, mais le coeur de cible c’est les seniors pour lutter contre leur isolement social », explique Heloïse Lamotte qui a lancé sa boîte début 2023, après ses études de commerce.
L’idée lui est venue un jour où elle faisait ses courses dans un supermarché de Perpignan, sa ville d’origine. « J’ai vu qu’il y avait deux mondes qui se côtoyaient mais qui ne se rencontraient pas. D’un côté les seniors qui venaient non seulement pour faire leurs courses mais également pour s’occuper, et d’un autre côté les distributeurs qui cherchaient à fidéliser leurs clients et se différencier par rapport à la concurrence. L’idée, c’était de proposer un service gagnant/gagnant via les Compagnons d’emplettes », dit-elle. Le pari semble tenu.
Cyril Durand
Plus d’infos sur le site www.mainsdargent.fr
Photo : Claire, 27 ans, Compagnon d’emplettes à Narbonne, aide Viviane, 70 ans, à faire ses courses, fin mai © Cyril Durand.