Menace d’une taxe Trump sur le vin : « Si le gouvernement ne montre pas les muscles, on va subir ! »

access_time Publié le 06/02/2025.

Donald Trump est de retour à la Maison Blanche. Elu sur un programme très protectionniste pour l’économie américaine, il brandit les menaces d’augmentation de taxes visant les produits importés sur le sol américain. Les vins français sont en ligne de mire. Les viticulteurs audois sont-ils prêts ?

« Se préparer ? La balle n’est pas dans notre camp, tranche immédiatement Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l’Aude. Seuls le gouvernement et l’Europe peuvent peser. Il faut qu’ils installent un rapport de force. S’ils ne montrent pas les muscles, on va subir. On importe suffisamment de produire des Etats-Unis pour menacer nous aussi de mettre des taxes si Trump le faisait à nouveau sur le vin ! » Et d’évoquer dans un sourire forcé l’emblématique soda américain, par exemple.

Il faut dire que le marché américain pèse lourd pour la filière viticole française comme audoise. Le territoire US est le premier consommateur mondial de vin français. Il représente près de 15% des ventes nationales. Des chiffres que confirme Frédéric Rouanet : « Sur notre domaine, nous réalisons aujourd’hui environ 10% du chiffre à l’export aux Etats-Unis. Le volume avait bien diminué lors du premier mandat Trump. Il était en train de bien remonter donc si on replonge… évidemment qu’on est inquiet ! »

Déjà un premier coup sur la tête en 2018

Trump n’en est effectivement pas à son coup d’essai. Un premier coup de semonce avait fait trembler les terres viticoles en 2018. L’iconoclaste président américain avait déjà instauré une sur-taxe visant le vin français lors de son premier mandat et laissé d’amers souvenirs dans l’économie viticole. La Fédération des exportateurs de vins et spiritueux estimait alors une chute de 40 % des exportations, représentant une perte de 500 millions d’euros pour l’Hexagone.

A Luc-sur-Orbieu, on se souvient de cette première vague de « sanctions ». « Trump avait installé cela en représailles à une guerre commerciale entre constructeurs d’avions (Airbus et Boing, NDLR), se remémore Clémence Fabre du Château de Luc. On avait alors appelé tous nos clients importateurs pour leur proposer de partager, entre eux et nous, les frais de cette augmentation. Cela avait été une sacrée débauche d’énergie ! » Porté par un optimisme communicatif, le château qui opère 50% de son chiffre à l’export n’optera pas pour la même stratégie cette fois. « On s’est dit que ce sont les Américains qui ont élu leur président, c’est à eux de se débrouiller, glisse dans un sourire la co-dirigeante du domaine. Surtout, je pense que les vins valorisés seront moins touchés car ils séduisent une clientèle plus aisée, peut-être moins regardante sur la fluctuation du prix. » Le label NOP (équivalent du Bio aux Etats-Unis) affiché sur les bouteilles du domaine assure un certain succès au près des Américains. « Nous avons aussi une salariée sur place qui promeut nos vins autour de dégustations et autres évènements. On a mis toutes les chances de notre côté. » positive Clémence Fabre. Avant de conclure : « De toute façon, depuis des années, le contexte économique est très tendu. Trump, Covid… L’enjeu pour survivre, c’est donc la diversification. »

La diversification comme protection

Viser plusieurs marchés, plusieurs typologies de clients, c’est également la stratégie déployée au château Guéry à Azille. Elle permet de se prémunir quand un marché est soumis du jour au lendemain à des imprévus comme peuvent l’être aujourd’hui les Etats-Unis : « On s’intéresse à tous ceux qui s’intéressent à nous !, résume Florence Guéry, propriétaire. Nous avons un seul agent pour l’Amérique sur un total d’une petite quarantaine dans le monde. On ne met pas tous nos oeufs dans le même panier. Les Etats-Unis ne représentent donc pas un volume crucial. On n’a d’ailleurs pas encore pris contact avec notre agent aux Etats-Unis sur cette question. Et lui non plus, ne nous a pas contactés. » Ou quand la diversification permet de garder un peu de sérénité. Indispensable dans un contexte économique tendu.

Arnaud Gauthier

Légende photo : En 2018, face à la première taxe Trump, la famille Fabre avait déployé beaucoup d’énergie pour se préparer. Cette fois, elle s’appuie sur son optimisme et la diversification pour faire face. Photo DR

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