Maxime Gratacos, jeune Audois des Corbières, s’investit contre la pollution plastique. Il a créé sa propre association pour sensibiliser et mobiliser les citoyens et notamment la jeunesse contre ce fléau : « Le plastique, c’est dramatique ». Rencontre.
Comment est née votre initiative ?
J’habite dans un petit village dans les Corbières, à Villesèque. L’été il y fait très chaud et pour nous rafraîchir on va souvent à la rivière. Cependant, mon plaisir de la baignade était bien souvent gâché par tout ces déchets autour de moi. Ma sensibilité liée à la pollution plastique n’a fait que croître.
Au début, je ramassais tout seul à l’abri des regards des autres, puis par la suite, plutôt que de me plaindre, j’ai préféré recycler cette colère en énergie d’action et j’ai donc décidé de créer l’association en 2019.
Vous faites la guerre au plastique ?
À notre époque, avec toutes les solutions que nous avons à portée de main et tous les problèmes qui pèsent sur notre planète et menacent nos écosystèmes, je ne comprends pas pourquoi les gouvernements continuent à repousser les dates mettant fin au plastique à usage unique.
Pour ma part, dans mon quotidien, je réduis un maximum ma consommation de plastique. Que ce soit de l’achat en vrac pour la nourriture, à la brosse à dent en bambou jusqu’à ma bouteille en verre que je remplis au robinet tous les jours.
Comment avez-vous fait pour mobiliser les gens des Corbières ?
J’ai toujours été connu comme le défenseur de l’environnement ou, pour certains, l’écolo. C’est l’étiquette qu’on m’a donnée par chez moi et puis tout le monde se connaît, ici dans les Corbières. Du coup, quand j’ai créé l’association j’ai gagné en crédibilité et en visibilité à travers les collectes organisées et les interventions en écoles.
Pour rassembler des bénévoles, j’utilise la plate-forme en ligne nommée « Un Geste Pour La Mer ». La mairie de mon village fait également une annonce pour avertir de la prochaine collecte de déchets. De plus, j’utilise les réseau sociaux où j’ai une page Facebook. Personnellement j’ai un très bon groupe d’amis qui s’investissent dans l’association.
« Un effet viral positif »
Avec vos actions, avez-vous senti un changement notable sur l’environnement ?
Je crois au dicton qui dit : « Il n’y a pas de petits gestes quand nous sommes sept milliards d’êtres humains à agir ». Cependant, nous sommes une minorité à acter pour l’environnement, mais je crois et je sais que nos actions ont un impact positif sur l’environnement.
Les kilos de déchets que nous retirons de la nature n’y seront plus et ne finiront pas dans les océans à déséquilibrer les écosystèmes. De plus, on peut s’apercevoir que nos actions font parler d’elles et viennent interpeller la conscience chez certaines personnes. C’est un effet viral positif.
Combien de gens ont-ils adhéré à votre association ? Est-elle dynamique depuis sa création ?
L’association ne compte aucun adhérent attitré, mais je peux compter sur de nombreux bénévoles impliqués pour la cause environnementale. Oui en effet, régulièrement des collectes de déchets sont organisées en milieu naturel.
On parle beaucoup de la mer, mais les rivières sont-elles, elles aussi, touchées par la pollution et donc les incivilités ?
Aujourd’hui, nous parlons beaucoup de la mer car c’est dans ce milieu qu’il est plus facile de constater et de mesurer les dégâts de la pollution plastique. Ce que nous avons tendance à oublier, c’est que 80% des déchets retrouvés en mer sont arrivés par ce que j’appelle les « autoroutes à déchets ».
Les ruisseaux de nos villes se jettent dans les rivières puis les fleuves qui, ensuite, finissent par se déverser dans la mer. Alors oui, les rivières sont très impactées par la pollution mais ne sont pas les responsables directes.
D’ailleurs, certaines communes commencent à installer des filets de rétention pour éviter que tous les détritus ne finissent dans la rivière. C’est simple, efficace, économe et durable.
« Il est temps d’inverser la tendance »
Les pouvoirs publics sont-ils sensibles à votre démarche ?
Il y a encore quelques années, quand je parlais de mes ambitions pour l’environnement, certains élus me riaient au nez. J’ai plus ou moins été découragé.
Mais aujourd’hui, les temps ont évolué et les pouvoirs publics ont des devoirs en la matière. Je constate agréablement que je suis écouté pour pouvoir mettre en à profit nos actions au service de l’environnement.
Notamment dans mon village où la mairie m’a autorisé à nettoyer les ruisseaux qui étaient infestés de plastique. Ceci en échange de l’achat d’une débroussailleuse qui a servi et servira encore pour de prochaines missions de ce type.
Quel est l’intérêt des interventions en milieu périscolaire ?
L’intervention dans les écoles est pour moi la plus importante pour la lutte contre la pollution plastique. En effet, c’est en changeant nos habitudes que nous changeons le monde.
Quelle est la différence entre une personne qui jette un déchet par la fenêtre de sa voiture et une personne qui ne le fera pas ?
La réponse c’est l’éducation ! Il est judicieux d’éduquer dès le plus jeune âge nos enfants à la bienveillance de leur planète, qui est leur véritable maison. Ce sont les futurs investisseurs de l’environnement et comme les médias ne parlent pas de la crise écologique qui est en court, je me dois d’apporter l’information aux jeunes générations qui, elles, feront changer le monde positivement. Il est temps d’inverser la tendance.
Bientôt la Berre
Maxime Gratacos annonce un projet d’envergure. « Nous allons bientôt démarrer le grand nettoyage de la Berre, cette rivière qui s’étend sur 45 km et qui se jette à Port-La Nouvelle. Ce cours d’eau n’est pas épargné par la pollution plastique. On peut compter des tonnes de déchets en tout genre comme des épaves de voitures, des pneus ou même des meubles et jusqu’aux sacs d’engrais ! »
Il explique la raison de la pollution dans cette rivière : « Ces détritus, de provenance terrestre, sont charriés par les inondations qui forment des bouchons et empêchent l’écoulement normal du cours d’eau. »
« Au service de notre planète »
Qui êtes-vous Maxime Gratacos ? Une question à laquelle il répond par un choix hautement philosophique. « Je suis une personne qui aime prendre le temps de contempler la vie. À ce jour, signer un CDI pour vivre la routine ne m’intéresse pas. J’ai pu travailler à l’étranger et je me considère comme un aventurier qui a le goût de l’expérience et de la découverte. »
« Ce que je retiens dans tout cela, c’est qu’il est vital de faire ce que l’on aime dans la vie. Vivre de sa passion pour ne pas devenir esclave de son travail. Bientôt, je serai en mesure de pouvoir vivre de ce que j’aime faire dans la vie, être au service de notre planète ! »