Lumière sur : Drissia Zidat, créatrice de Studio Eleven

access_time Publié le 07/12/2023.

C’est un portrait très particulier auquel nos lecteurs auront droit cette semaine. Drissia a créé son agence de communication début octobre, elle nous raconte son parcours professionnel exceptionnel qui l’a menée de Londres à New-York, avant de se lancer dans l’entrepreneuriat à son propre compte.

C’est dans les locaux d’In’Ess à Narbonne que nous avons rencontré Drissia. Celle qui est aujourd’hui hébergée au sein de la couveuse d’entreprise Nucleum, revient sur son trajet qui l’a menée à créer sa propre société.

Drissia, pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ?

Je m’appelle Drissia Zidat, j’ai 33 ans, je suis originaire de Marseille, née de parents algériens qui ont immigré très jeunes en France. Et je viens de monter mon agence de communication Studio Eleven.

Pouvez-vous revenir sur votre parcours scolaire ?

J’ai suivi une filière littéraire dans un lycée privé à Marseille. Je me suis spécialisée en anglais, puis j’ai obtenu mon BTS « MUC » (Management Unité Commerciale) en alternance. Je travaillais en parallèle dans l’entreprise immobilière Constructa, réputée sur Marseille et qui est souvent chargée de grands projets urbains.

C’est là que j’ai mis pour la première fois les pieds dans la communication, le marketing, la négociation, la prospection… Mes parents m’incitaient à travailler comme mon père dans l’immobilier. A 19 ans, j’avais déjà expérimenté le secrétariat, notamment chez Maître Valera, qui faisait partie d’un cabinet d’avocats sur Marseille.

Vous saviez à ce moment-là ce que vous vouliez faire plus tard ?

Disons que je savais surtout ce que je ne voulais pas faire (rires) ! Mais cela m’a permis d’explorer différents mondes. Au fond de moi, j’ai surtout développé un autre rêve, celui de partir vivre à New-York. Quand j’étais plus jeune, je disais que je voulais surtout devenir riche (rires) ! Mais pour mes parents, il était hors de question de me laisser filer seule à New-York, si jeune.

J’ai quand même réussi à « négocier » avec eux mon départ pour Londres. J’ai donc passé un an en tant que fille au pair à Maidenhead, dans la banlieue de Londres, à proximité de Windsor. Je suis tombée sur une famille d’Hollandais extraordinaire. Je devais m’occuper de leur deux enfants de 6 et 10 ans. Je gagnais 100 livres par semaine et je recevais des cours d’anglais. J’avais la théorie mais dans la pratique je parlais un anglais « fracassé » (rires) ! Vu que je ne fréquentais pas de Français, au bout de six mois j’étais complètement bilingue.

J’avais la belle vie au sein de cette famille bourgeoise. Un jour du mois de mars, ils me racontent qu’ils doivent partir en voyage pendant un mois, mais que ça les embête de laisser les enfants. Du coup, ils m’ont proposé de partir un mois avec eux, tout en étant payée… pour New-York ! Je n’ai pas hésité une seconde (rires) ! Ce sont des souvenirs extraordinaires, en plein Times Square notamment. Au mois de mai, ils m’ont également proposé de partir quelques jours avec eux pour Amsterdam, là aussi il n’y a pas eu d’hésitation (rires) !

Que s’est-il passé ensuite ? Êtes-vous rentrée en France ?

Finalement l’année s’est écoulée, on est donc en 2013, j’ai 22 ans, et j’ai décidé de rester vivre en Angleterre. J’ai décroché un job de télémarketing en février. Cela m’a appris à développer mon vocabulaire professionnel anglophone. J’y suis restée six mois avant de décrocher un nouveau poste chez Coverity, dans le business développement. Une entreprise américaine qui avait sa filiale en Angleterre. Cela m’a permis de développer l’aspect clientèle. J’ai été promue deux fois en trois ans, ça se passait très bien.

J’ai notamment permis de faire signer des contrats à deux millions de dollars, avec les primes très intéressantes qui allaient avec. Là aussi, j’ai voyagé pas mal dans le cadre de l’entreprise pour des meetings à San Francisco ou encore Las Vegas. Mais cela ne me plaisait pas. Je sentais qu’à terme ce n’était pas pour moi et que je développais davantage d’intérêt pour le marketing que pour le commercial.

Puis il me fallait une heure pour aller et revenir du travail tous les jours, c’était usant malgré le fait que je gagnais très bien ma vie. On a ensuite été racheté par un autre grand groupe, ce qui a entraîné une restructuration. Presque tous les cadres que je connaissais avaient changé, ce n’était plus la même atmosphère, c’était le bon moment pour moi de m’en aller.

J’ai été contactée sur Linkedin pour travailler pour une autre boîte américaine basée à Londres, toujours dans le commerce, c’était presque le même travail mais à proximité de chez moi. Là aussi, j’ai suivi trois formations à Boston en l’espace de six mois, j’y ai appris beaucoup de choses. Mais encore une fois, je sentais que le côté commercial ne me convenait plus. J’ai donc entrepris de faire pour moi ce que je faisais pour les autres, à savoir : démarcher des entreprises mais cette fois pour trouver un poste qui me convenait.

Pour resituer, en quelle année sommes-nous à ce moment-là et quel âge aviez-vous ?

J’ai 25 ans je crois, et nous sommes en 2016. A ce moment-là, j’ai donc pris des contacts pour retrouver du travail, et j’ai presque été instantanément recontactée. Un job de responsable e-commerce dans le marketing pour l’entreprise Digital River, mais la personne en question ne voulait pas me dire avec plus de précisions de quel client en particulier je devrai m’occuper. Cela m’a beaucoup intriguée, et au terme de trois longs mois et de quatre entretiens, je décroche enfin le poste. Et là, j’apprends que je vais être chargée d’assurer le rapport clientèle avec Microsoft Europe, le plus gros client – et de loin – de l’entreprise.

C’est ce qu’on appelle avoir des responsabilités !

J’ai appris par la suite que c’était ma personnalité qui avait fait la différence. Surtout qu’à la base, je viens du commerce, et le marketing ne m’est pas encore complètement familier. J’y passerai trois ans, à voyager dans toute l’Europe. Mais suite à un autre rachat et à une autre restructuration, cumulé à une séparation dans ma vie personnelle, je prendrai la décision de rentrer à Marseille pour me ressourcer.

Je me suis rendue compte à ce moment-là que je ne m’étais jamais vraiment arrêtée de bosser depuis mes 18 ans. J’en ai donc profité pour souffler, j’avais de l’argent de côté je ne manquais de rien. J’ai entrepris un voyage de quatre mois dans toute l’Indochine, seule avec mon sac-à-dos. Ce sont des expériences avec le recul qui m’ont fait devenir femme.

Quelle a été la prochaine étape de votre carrière ?

Un an et demi plus tard, on est en 2020, je repars à Londres où j’ai été contactée pour travailler dans une start-up. C’était tout nouveau pour moi ce contexte de travail, même si ça restait dans le marketing digital. J’étais chargée de la relation client avec Amazon, là aussi c’était beaucoup de responsabilités. Et ça se passait là aussi plutôt bien jusqu’à l’apparition du covid…

Un bouleversement totalement imprévisible pour le coup.

Exactement. Je suis rentrée sur Marseille la veille du confinement. Paradoxalement, je n’ai jamais autant travaillé que pendant cette période, le groupe Amazon n’a jamais eu autant d’activités que pendant cette période non plus. Du coup, au niveau de notre start-up, ça se ressentait fortement également. J’étais au bord du burnout, je sentais que je n’en pouvais plus.

Puis est venu le brexit qui a compliqué les choses. Son application le 1er janvier 2021 m’obligeait à revenir à Londres. Mais j’ai préféré arrêter. Il me fallait souffler à nouveau. Sur un coup de tête je suis partie à Dubaï, et le voyage qui ne devait durer qu’une semaine a duré au final quatre mois (rires) ! J’avais même trouvé du travail là-bas.

Décidément, vous ne tenez pas en place !

En effet (rires). Malheureusement, une succession d’épreuves familiales à traverser m’a contrainte à rentrer à Marseille. Il était important d’être auprès des siens dans ces moments-là. Puis c’est à cette période que je me suis dit : au final, pourquoi ne pas faire ce que tu aimes vraiment en gérant ta propre société de communication ?

J’ai donc suivi une formation de graphiste en 2022, je me suis installée dans la maison familiale de mes parents à St-Pierre-La Mer, où l’on venait en vacances tous les étés. J’ai mis en marche tout le processus créatif de ma boîte en cherchant à bien m’entourer.

On en arrive donc à l’In’Ess et les pépinières d’entreprises de Narbonne.

Exactement, je suis à la pépinière Nucleum Incubatest depuis le 1er octobre, date de création de Studio Eleven, mon entreprise de communication. Je reçois le précieux soutien de personnes qui peuvent m’aider dans les démarches administratives ou en comptabilité notamment.

« Eleven » onze en anglais comme le département de l’Aude ?

Oui et c’est aussi mon nombre fétiche, c’est la date de naissance de mon papa. Le slogan de Studio Eleven : « Boostez le charisme de votre entreprise ». Nous proposons le meilleur des savoir-faire et le rendons accessibles au plus grand nombre, en étant très attractifs. Je suis ravie des opportunités qui sont déjà apparues en si peu de temps, vivement la suite !

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