Les sites départementaux lauréats de la Mission patrimoine ont été dévoilés ce lundi 2 septembre. Dans l’Aude, c’est le moulin de la Jalousie, dans le village de Belpech, qui a été choisi.
L’édifice en péril est situé sur la Vixiège, en aval de Belpech, petit village de 1 350 habitants dans la région de la Piège : « le moulin de la Jalousie », un édifice construit au XVIIIe siècle et rongé par le poids des années. Si tout va bien pour lui, il devrait bénéficier d’un soutien financier important pour sa rénovation d’ici le printemps grâce à sa sélection dans la 7e édition de la Mission Patrimoine confiée à Stéphane Bern, mise en œuvre par la Fondation du patrimoine.
« On espère avoir minimum 300 000 € pour réaliser la première tranche des travaux, qui se chiffre à 485 000 €. Avec ça, nous pourrons refaire la toiture et commencer les visites », se réjouit Pierre Armengaud, propriétaire du moulin et président de l’association du Moulin des bois ovales. Il pourra ainsi sauvegarder ce moulin à eau farinier datant de 1795, qui abrite également une scierie avec la machinerie d’époque datant de 1921, dans sa famille de menuisiers et ébénistes depuis quatre générations. Sciage des poutres de la mine d’or de Salsigne, fabrication de ruches, restauration de meubles… Un lieu chargé d’histoire, que le maître ébéniste pourra faire visiter au plus grand nombre une fois les travaux achevés.
Le sceau de la sélection au Loto du patrimoine est déjà « un sérieux blanc-seing », selon lui. Le dossier monté par ses soins pendant trois ans pour sauvegarder son moulin a, en effet, été sélectionné parmi dix-autres projets patrimoniaux tout aussi sérieux dans le département, comme celui porté par l’association Canta pèira pour la reconstruction du « Village des capitelles » dans les Corbières.
L’objectif 2024 de la Mission patrimoine a certainement joué en sa faveur : « mettre l’accent sur des pépites industrielles en milieu rural dans des communes de moins de 2 000 habitants », explique-t-il. Le moulin de la Jalousie coche toute les cases.
Un nom peu commun
Le nom de ce moulin proviendrait, d’après les archives départementales, de l’histoire de son fondateur, un certain Raymond Fenasse, alors meunier du moulin seigneurial sur I’Hers, à Belpech. « En 1795, il initie la construction de son propre moulin en application de la loi du 4 août 1789 abolissant les privilèges et les droits féodaux, indique la Fondation pour le patrimoine. Le moulin trouve son origine dans la jalousie que les habitants portaient au propriétaire, qui a marqué cette opposition en l’inscrivant sur la plaque de baptême du moulin. »
Un lieu vivant
Le moulin abrite aujourd’hui les activités du maître ébéniste ainsi que celle de l’association Moulin des bois ovales qui a pour vocation la sauvegarde de ce patrimoine ancestral, avec l’organisation de visite du site-musée ainsi que l’aménagement d’une galerie d’art une fois que celui-ci sera restauré.
L’édifice nécessite -d’importants travaux qui devraient être lancés au printemps 2025 en trois tranches distinctes. La première, qui comprend « la reconstruction des charpentes, et rénovation de la turbine de 1910 du moulin et la restauration des toitures (scierie et raboteuse), des trois vannes ainsi que du système d’articulation en bois », sera prise en charge par la Mission patrimoine. Les deux autres – l’aménagement pour la future boutique, l’accueil du public et la galerie d’art et les travaux optionnels sur le toit terrasse – sont hors cadre.
Car le but est aussi « de sensibiliser les visiteurs à l’activité éco-responsable du lieu qui accueillera également des évènements sociaux éducatifs et culturels, un tiers-lieu, un atelier de réinsertion autour du travail du bois » sur les machineries du XVIIIe siècle. A condition que celles-ci soient en état de marche. « Un moulin ne se visite que s’il fonctionne », assure Pierre Armengaud, également membre du conseil d’administration de la Fédération des moulins de France, qui espère que « la farine jaillira de nouveau de ces meules ».
Comment ça marche ?
En 2024, la Française des Jeux innove avec une nouvelle version du jeu “Mission patrimoine”. Ce ticket, qui met en avant 18 sites emblématiques sélectionnés dans les régions, se déclinera en trois versions. De plus, la FDJ organisera sept tirages Loto dans le cadre de l’opération Mission Patrimoine, prévus les 7, 9, 11, 14, 16, 18 et 21 septembre.
Chaque jackpot débutera à 2 millions d’euros minimum et, pour chaque grille de 2,20 euros jouée, 0,54 euro sera reversé à l’opération. Et ça marche ! Depuis la création du Loto du Patrimoine en 2018, plus de 155 millions d’euros ont été collectés et parmi les 950 projets sélectionnés, 370 ont déjà été restaurés et 280 autres sont en cours de restauration.
Cyril Durand
Photo : Moulin de la Jalousie © association Moulin des bois ovales.