Un tableau volé en 1967 a retrouvé sa place au sein de la chapelle de Notre Dame des Auzils à Gruissan. Un lieu dédié à la mer et aux marins.
La chapelle de Notre-Dame des Auzils est située dans le massif de la Clape. Elle est connue pour son superbe point de vue et par son accès, nommé l’allée des Marins. Il s’agit d’un chemin de pierres, gentiment escarpé et parsemé de cénotaphes, ces tombes sans corps qui, sont érigées depuis le XIXe siècle à la mémoire des marins disparus en mer.
Un prieuré a d’abord vu le jour au XIe siècle avant d’être transformé en chapelle en 1635.
La tradition bien ancrée veut que les Gruissanais se recueillent deux fois dans l’année à la chapelle et sur le chemin à l’occasion de deux pèlerinages : le lundi de la Pentecôte en commémoration de la fin de l’épidémie de choléra de 1835 et le lundi de Pâques, en hommage aux trente-deux victimes gruissanaises de la terrible tempête du 28 février 1797.
Pour remercier la Vierge
Dans la chapelle, avant de se lancer dans un voyage lointain et forcément risqué, les marins et leurs familles venaient prier devant la Vierge. S’ils revenaient vivants, ils ne manquaient pas de la remercier en lui offrant des ex-voto : tableaux et maquettes, bannières, statuettes de la Vierge et modèles de proues de navires.
Le nombre de ces ex-voto présents à Notre Dame est Auzils s’est avéré fluctuant au fil des années. Ainsi, lors de la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1906, l’inventaire précisait que la chapelle possédait 73 tableaux et 23 maquettes de navires faisant office d’ex-voto.
En 1964, il n’en restait plus que soixante-huit. Et quasiment plus aucun, le 22 juillet 1967 après que la porte de la chapelle eut été fracturée. dans la nuit précédente.
L’intuition salutaire de l’Abbé Pauc
Ce vol indigne a provoqué un immense chagrin au sein de la grande famille des pêcheurs du village et bien au-delà chez tous les Gruissanais.
Une tristesse quelque peu atténuée par la présence d’esprit de l’Abbé Pauc, conservateur des Antiquités du Département, qui avait pris soin de photographier les ex-voto avant qu’ils ne soient volés.
Grâce à ces photographies, les reproductions identiques ont pu être directement peintes en trompe-l’oeil sur les murs par M. Cassin, restaurateur aux Monuments Historiques. En 1981, la chapelle rénovée, avec ces ex-voto désormais inviolables, a été inaugurée en présence de très nombreux Gruissanais.
Très attachés à ce lieu mythique, les Gruissanais d’aujourd’hui ont du être émus en apprenant qu’un des tableaux volés en 1967, l’ex-voto de l’Alcide, a pu reprendre sa place dans la chapelle, la semaine dernière. Cinquante-trois ans plus tard, il a été retrouvé dans une salle des ventes à Marseille. Comme quoi, il faut toujours garder espoir…