Avec plus de 10 000 hectares de superficie, l’appellation Corbières est aujourd’hui reconnue comme la référence régionale en matière de production viticole. Et pas seulement.
Ce sont au total près de 1 300 producteurs qui œuvrent au quotidien à la renommée des vins Corbières (appellation d’origine contrôlée). En volume, le Corbières constitue la première de toute la région et la quatrième en France. Reconnue depuis 1985, son aire d’exploitation s’étend au sud du département de l’Aude, entre Narbonne et Carcassonne, entre le fleuve Aude et les Pyrénées-Orientales.
Chaque année, ce sont près de 400 000 hectolitres qui sont mis en bouteille. Une production composée à grande majorité de vin rouge, à hauteur de 87%. Ainsi, l’appellation Corbières est constituée d’un total de onze terroirs : le vignoble de la Montagne d’Alaric, Saint-Victor, Fontfroide, Quéribus, Boutenac, Termenès, Lézignan, Lagrasse, Sigean, Durban et Serviès.
Un environnement façonné par l’Histoire
Entre terre et mer, l’Aude bénéficie d’un environnement particulièrement propice à la vignification. Cela ne date d’ailleurs pas d’aujourd’hui puisque la culture de la vigne fut introduite au IIe siècle avant notre ère par les Grecs, avant que les Romains n’en développent son potentiel.
Dès l’Antiquité, la terre audoise a donc été travaillée et aménagée pour permettre d’en récolter ses meilleurs fruits. Dans les amphores, le vin audois pouvait ainsi voyager dans tout le pourtour méditerranéen sans connaître trop d’altération. Il faut également savoir qu’à l’époque, les us et coutumes voulaient qu’on ne consomme pas le vin pur, il était largement « coupé » et représentait une alternative gustative à l’eau.
Il faudra cependant patienter jusqu’au Moyen-Âge pour connaître de véritables améliorations en matière de techniques viticoles. Les vignobles monastiques faisant progressivement leur apparition (abbayes de Lagrasse, Caunes-Minervois, Fontfroide, Saint-Hilaire), les moines vont s’attacher à développer leurs domaines.
Particulièrement dominante dans la région, l’idéologie cathare entraînera par la suite la levée des interdictions morales sur la consommation de vin. Entraînant de fait un regain d’intérêt pour les crus locaux. Mais la terrible croisade contre les Albigeois conjugué aux raids dévastateurs du Prince Noir pendant la Guerre de Cent-Ans, entraîneront la destruction de la quasi-totalité des vignobles.
D’un bond dans le temps, nous atterrissons à la fin du XVII siècle où la création du canal du Midi permit de relancer une activité viticole balbutiante. Au fil des années, l’importance des différentes exploitations ne fera que croître pour s’orienter vers la viticulture de masse. L’épisode de la révolte de 1907 marque l’apogée de l’importance de la viticulture dans le département, mais aussi de sa dépendance économique en cas de mauvaises productions.
Un milieu naturel et des terroirs uniques
D’un point de vue technique, les sols de l’AOC sont composés de calcaire, schistes et molasses gréseuses. Les variations climatiques induisent également une grande diversité, sur un dénivelé total de 400 mètres. Le climat principalement méditerrannéen est parfois soumis à un climat plus océanique.
Le milieu naturel dans lequel est implanté le vignoble passe rapidement du bord de mer à la plaine irriguée (Lézignan-Corbières) avant de devenir plus « rugueux » sur les hauteurs, entre aridité et terrain calcaire. Des spécificités qui ont permis aux locaux d’adapter leur production (visuels wikimédia).
En particulier le vin rouge, réalisée en macération carbonique, parfois en vinification classique après égrappage des raisins. A noter que le vin rosé est quant-à-lui élaboré par saignée ou par pressurage direct.
Le bio a le vent en poupe
1 600 hectares de surface sont réservés à la production d’AOC Corbières en agriculture biologique. Ce qui représente environ 75 vignerons, avec 70 de plus en cours de conversion. De même, 1100 hectares sont également en train d’opérer la transition vers le bio.
Ainsi, en la production en volume de vin bio atteignait les 45 000 hectolitres. 36 000 hectolitres de rouge, 7 000 de rosé, 2 000 de blanc. La vente de vins bio rapporte près de 18 millions d’euros, ce qui représente environ 15% du chiffre d’affaires des Corbières. A ce titre, le Languedoc-Roussillon constitue le premier vignoble bio de France.