Les villages en circulade, nombreux dans le département, doivent leur appellation à un architecte-urbaniste polonais.
Krzysztof Pawlowski, spécialiste des villes historiques a, en effet, publié en 1992 un ouvrage leur rendant hommage : «Circulades languedociennes de l’an mille.»
C’est un fait architectural et aussi une petite guéguerre de paternité en matière de néologisme et même de concept. Citons, avant tout, l’architecte-urbaniste d’origine polonaise : Krzysztof Pawlowski. Ce spécialiste des villes historiques cite, dans un ouvrage datant de 1992, les Circulades languedociennes de l’an mille.
Plus imagée et plus ancienne, Louis Josserand utilise l’appellation parlante de «village rond» dans un article éponyme : les villages ronds du Razès. Nous sommes alors en 1931 et cet article est publié dans la Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest.
Rien de très nouveau au final quand on sait que l’écrivain limousin Alexandre Grimaud évoquait déjà en 1843 l’existence de villages bâtis en rond, «avec des faubourgs construits plus tard.» Il les situait alors dans l’Aude et précisément dans le bas Razès et au sud-ouest de Carcassonne.
Naissance de l’urbanisme européen
Sans jouer avec la sémantique, optons donc pour le terme «circulade» qui a d’ailleurs été adopté par l’Association des villages circulaires. Qu’est-ce donc qu’un village en circulade ? Dans l’esprit de Krzysztof Pawlowski, il s’agit «d’un village médiéval présentant une succession d’anneaux disposés régulièrement autour du noyau central sous la forme de rubans de maisons mitoyennes.» Il s’oppose aux bastides du Sud-Ouest, fondées sur le schéma rectangulaire et étant considérées comme les premières manifestations de la création urbaine au Moyen Âge.
Une thèse battue en brèche par l’urbaniste polonais pour qui «en Languedoc, le modèle circulaire se serait formé deux siècles avant les bastides et aurait ainsi marqué la naissance de l’urbanisme européen.»
«Un vecteur de l’identité régionale»
Depuis bientôt trente ans, que ce soit dans l’Aude, l’Hérault et le Gard, une quarantaine de communes surfent sur l’originalité de leur urbanisation et ce à des fins économiques et touristiques.
Les «circulades» attirent les visiteurs, ce que n’a pas manqué de constater l’Association des villages circulaires du Languedoc. Pour Yves Rouquette, chantre de l’occitanisme contemporain, la spécificité de ces villages est carrément «un vecteur de l’identité régionale.»
Dans l’Aude, le réseau intercommunal «de circulades en circulades», réunit une dizaine de communes de l’ouest audois, et destiné à promouvoir les villages circulaires au travers d’animations.
Les villages audois
Le département est riche en villages dits en circulade : Alaigne, Alairac, Bellegarde-du-Razès, Bram, Cailhau, Cailhavel, Capendu, Donazac, Gruissan (la seule circulade en bord de mer), Issel, La Force, Lasserre-de-Prouille, Mazerolles-du-Razès, Montclar, Pouzols-Minervois, Preixan, Villeneuve-lès-Montréal.