C’est insolite mais c’est pourtant toujours d’actualité. Le Traité des Trois Vaches unit depuis des siècles la France à l’Espagne autour d’un accord toujours en vigueur.
C’est à la frontière entre la France et l’Espagne que, le 13 juillet de chaque année, est célébrée au niveau de la borne internationale 262 la Junte de Roncal, autrement appelée le Tribut des Trois Vaches. Un lieu symbolique, au col de la Pierre Saint-Martin (à 1760 mètres d’altitude) sur la commune d’Arette, où les maires béarnais de la vallée de Barétous remettent à leurs homologues de la vallée de Roncal trois vaches en vertu d’un traité qui a traversé les âges.
Et ce n’est pas une extrapolation, puisque ce traité date officiellement de l’an 1375 ! Un traité qui confirme notamment l’obligation de paiement d’un tribut de trois vaches, toujours en vigueur ! Mais pourquoi cette obligation ? Il n’existe précisément aucun document historique attestant de la véritable origine avant 1375. Pourtant selon certains historiens, les raisons proviendraient d’un contentieux qui lui remonterait à l’année… 125 !
Oui, vous avez bien lu, il n’y a pas de faute de frappe. C’est en 125 après J.-C., en pleine Antiquité pendant l’Empire Romain, que deux peuples de l’actuel Béarn, les Cimbres et les Barétounais, se seraient livrés à un conflit qui aurait abouti à ce fameux tribut de trois vaches à livrer.
Depuis, les siècles (et même millénaires !) ont passé et cette tradition a perduré au fil du temps. Ainsi, il faudra donc attendre le XIVe siècle et 1375 pour la voir officialisée par écrit. De nos jours, la cérémonie a toujours lieu et est un prétexte pour Espagnols et Français de se retrouver pour célébrer cette tradition ancestrale, entre Navarre et Béarn.
Une cérémonie toujours respectée
Tous les 13 juillet, les maires des six communes de la vallée de Barétous (Ance, Aramits, Arette, Féas, Issor, Lanne-en-Barétous) et de quatre des sept communes de la Vallée du Roncal (Garde, Isaba, Urzainqui, Uztárroz) se retrouvent au lieu-dit La Pierre-Saint-Martin, nommé ainsi en raison d’un mégalithe anciennement placé en ces lieux. Pour l’occasion, les maires béarnais revêtent l’écharpe tricolore, tandis que les maires navarrais se présentent en habit roncalais traditionnel.
Le maire d’Isaba, qui préside la cérémonie, demande aux maires français par trois fois s’ils sont disposés à livrer, comme de coutume, le tribut constitué de trois génisses de mêmes pelage et cornage ; ce à quoi les Béarnais répondent par l’affirmative. Tous les maires apposent ensuite leurs mains ensemble et prononcent les paroles rituelles « Pax avant, pax avant, pax avant » (Paix dorénavant, paix dorénavant, paix dorénavant).
À la suite de cela, le vétérinaire d’Isaba passe à l’examen de la quinzaine de génisses et en choisit trois selon les critères prévus (de deux ans, saines, de même pelage et cornage, et sans défaut), choix qui est validé par les Français. Les élus roncalais prennent possession des animaux puis le maire d’Isaba nomme quatre gardes pour la surveillance des pâturages frontaliers de Leja et d’Erlanz.
Ces gardes prêtent serment devant le maire d’Iasaba, qui conclut ainsi : « Si así lo hacéis Dios os lo premie y si no, os lo demande » (« Si vous le faites ainsi, Dieu vous récompensera et sinon il l’exigera. »). La cérémonie s’achève par la lecture des actes, et leur signature par les différents magistrats. Aujourd’hui, la célébration du traité est suivie d’une fête pastorale dans les estives (source wiki).