Le film sur Cédric Rosalen : « Une tempête d’émotions »

access_time Publié le 19/02/2025.

Rugbyman narbonnais à la grande popularité, Cédric Rosalen a disparu subitement le 9 janvier 2024. Enfant du pays, Etienne Garcia a vécu cette mort comme un véritable choc. Très rapidement, il a ressenti le besoin de réaliser un film sur le sportif audois. « Rose », son oeuvre est en tournée actuellement dans les cinémas du Narbonnais.

Comment vous est venue l’idée de réaliser un film sur Cédric Rosalen ?

J’ai été profondément peiné par la disparition de Cédric. Ca va même au-delà de la peine, j’ai été choqué. C’est difficile à expliquer. Enormément de choses de mon enfance sont remontées. De ces grands joueurs qu’on voyait à Narbonne. De ces années d’élite. C’est ensuite allé très vite. Cédric est décédé le 9 janvier. Le 11 dans la nuit, j’ai eu l’idée du début et de la fin d’un film.

Comment passe-t-on justement de l’idée à la réalisation ?

J’ai été tout de suite bien entouré par mes deux producteurs : Gilbert Ysern et Gwenaël Ponthier. Avec l’envie commune de faire un film portant deux valeurs importantes : la pudeur et l’authenticité. Pudeur par rapport à l’être et à la violence de la nouvelle. Il ne fallait pas que le film soit un nouveau coup de couteau. Et l’authenticité, car la volonté était de toucher au plus près la vérité, en tout cas celle que je voyais.

Quand on réalise un film sur un sujet avec autant d’émotion, est-il facile de trouver la bonne distance ?

Moi, je n’avais pas de proximité affective directe car je ne connaissais pas personnellement Cédric. Ce qui a été difficile ce sont les entretiens que j’ai eus avec les proches. Quand on s’est confié à moi en me livrant des choses personnelles. Je devais ensuite, à partir de tout ce que j’avais recueilli, savoir quel film je voulais faire. L’autre question qui découle de la distance est celle de la légitimité. C’est une question difficile. A quel moment, sans être un proche, je peux apporter une légitimité ? J’ai au départ juste eu une idée. Je l’ai suivie. Mais le soutien de la famille qui est arrivé très vite puis l’engouement global grâce au soutien des donateurs m’ont rassuré. Tout ça m’a permis de prendre confiance dans cette transmission. Car c’est un film de transmission. Le but était là. Ce n’était pas de fabriquer de l’émotion.

Comment êtes-vous arrivé à créer ce lien nécessaire avec les proches ?

Mes producteurs m’ont ouvert la voie, notamment grâce aux liens avec le père de Cédric et sa soeur. J’ai reçu une bienveillance merveilleuse lors des 15 entretiens que j’ai menés, quels que soient les parcours de vie des personnes. Le lien émotionnel était fort. J’ai commencé les entretiens au mois de mars alors que Cédric est parti le 9 janvier. C’était un coup d’arrêt. Aucun de ses proches ne s’y attendait. Ils n’ont pas eu le temps de préparer la fin de l’histoire. L’histoire s’est terminée… sans fin. Le film est arrivé à ce moment-là. Quand tout le monde avait besoin d’avancer alors que tout le monde était arrêté net.

Est-ce que, face à cette charge émotionnelle, on doute ?

Des doutes, il y en a tout le long. Pour se rendre compte de la pression que j’avais, il fallait voir l’état dans lequel j’étais le 22 décembre lors de la première à Narbonne. Quand 1 600 personnes étaient attendues et que personne n’avait vu le film. Pas même la famille. Donc les doutes, ils sont très importants jusqu’à la fin. Mais on prend confiance petit à petit en voyant ce qui se crée, ce que le cinéma peut créer comme magie. Cédric n’était pas là pour nous expliquer quoi que ce soit et les personnes qui se croisent dans ce film parfois ne se connaissent pas du tout. Est-ce que le tournage va prendre ou pas ? Est-ce que le cinéma va vraiment faire son oeuvre ? Ces questions se posent mais, même si on a tourné que 5 jours, il s’est réellement passé quelque chose qui m’a donné confiance pour la suite.

Avant de diffuser le film dans les villages, vous avez voulu une grande première au théâtre de Narbonne avec notamment la voix et la présence de Jean Abeilhou en introduction. C’était un besoin ?

J’ai voulu le grandiose avant la proximité. La demande était colossale et commencer par une petite salle dans un village aurait généré beaucoup de déception. Il y a eu plus 860 donateurs pour réaliser ce film donc s’ils venaient accompagnés, on ne rentrait pas dans une petite salle. Et puis il y a la chaleur du théâtre, en face du stade, à côté du canal, un endroit où on vient à pied un dimanche. C’était trois jours avant Noël, on a pu vivre ce moment collectivement. C’était une énorme claque, puissante. Comme on en vit rarement dans sa vie. Un joueur de rugby a parlé d’une « tempête d’émotions ». Maintenant c’est à chacun de s’emparer de ce qu’il retiendra du film et de le vivre dans sa propre vie.

Les projections dans les villages, c’est encore une autre dimension, comment la vivez-vous ?

J’essaie d’assister à toutes les séances. C’est important que le public puisse échanger à la fin de la projection. Il y a toujours des personnes qui attendent. Y compris des enfants comme par exemple à Port-la-Nouvelle. La proximité amène quelque-chose de très différent du théâtre. Les gens qui viennent revoir le film, le découvre d’une façon plus fine sans la puissance de la première.

Ces témoignages font que l’histoire se poursuit, qu’elle n’est pas finie ?

Pendant le tournage, pendant le montage, c’est très dur de faire des choix. C’est frustrant. Et puis j’ai quelque part avalé cette frustration une fois l’oeuvre fixée. L’oeuvre est faite, c’est maintenant la connaissance de la perception du public qui compte. Salle après salle, il n’y a rien de similaire. Plus on s’éloigne de la première, plus on a des personnes qui viennent par le bouche-à-oreille. Au début, j’avais beaucoup de retours liés à l’homme et à sa vie. Aujourd’hui, on me parle plus du film en lui-même. Je vois une vraie évolution des regards.

Photo : Etienne Garcia, micro en main lors de la première, accompagné de Léo Garcia (acteur) et Julien Candelon (rugbyman et ami de Cédric Rosalen). ©DR

Propos recueillis par Arnaud Gauthier

Les projections

  • Lézignan, cinéma Le Palace, jeudi 20 février à 20h30.
  • Narbonne-Plage, cinéma Dominique Baudis, samedi 22 février à 17h.
  • Gruissan, cinéma Pierre Richard, dimanche 23 février à 18h.
  • Ouveillan, cinéma Le Roya, vendredi 28 février à 20h30.

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