Réalité des plus inquiétantes à l’heure d’une pandémie mondiale, le département de l’Aude n’échappe pas au phénomène des déserts médicaux qui frappe de plus en plus le monde rural.
Dans certaines zones du département, il ne reste qu’une poignée de médecins généralistes en exercice, sans compter les délais d’attente pour obtenir des rendez-vous.
Désertification médicale : une histoire qui dure
En Haute-Vallée, la situation est très évocatrice d’une tendance qui s’accélère.
L’annonce par la mairie de Couiza de la fin du contrat de deux médecins généralistes au 31 décembre 2020 pour raisons financières, a semé la crainte au sein du village.
Si les structures et les professionnels du secteur s’organisent et se mobilisent pour trouver des solutions en urgence, l’été prochain, le bassin de vie Couiza-Espéraza aura perdu six de ses huit médecins généralistes en moins de deux ans.
Ainsi, si les outils pour faire face à la désertification médicale sont multiples, de nombreuses communes et territoires cherchent encore les candidats qui leur permettraient de faire face à des départs annoncés et à un futur délicat à appréhender.
De même , à Tuchan dans les Hautes Corbières, un seul médecin est aujourd’hui en poste au sein de la maison de santé pluriprofessionnelle.
Une limite particulièrement pénalisante, qui pourrait trouver une solution avec deux médecins espagnols prêts à s’installer dans les Corbières, en cas d’issue positive au problème.
Parallèlement, la municipalité planche sur un centre de santé territorial, et part en quête de deux médecins généralistes salariés.
Une initiative que la maire du village, Béatrice Bertrand, présente comme un impératif pour faire face à une densité bien trop limitée de praticiens. De fait, dans le département et en moins de deux ans, cinq projets de maisons de santé pluriprofessionnelles ont pourtant vu le jour.
Des structures accompagnées par l’Agence Régionale de Santé, la Sécurité Sociale, la Région et le Département, qui oeuvrent à garantir une offre de soins dans les territoires ruraux.
Ils permettent également de coordonner les nombreux professionnels, des généralistes aux infirmiers en passant par des podologues ou des sages-femmes.
Ainsi, même cet outil fait aujourd’hui face à ses limites, tout comme les multiples dispositifs d’aides à l’installation pour les zones sous-dotées. Une réalité qui mène de nombreuses communes à partir elles-mêmes en quête de ces précieux généralistes, avec plus ou moins de succès.
À l’heure d’une pandémie mondiale qui a malheureusement mis en évidence les manquements du système hospitalier français, force est de constater que la situation en milieu rural cumule en plus l’absence de médecins généralistes, aggravant un état de fait déjà inquiétant.