La Coopérative artisanale des métiers de la viande de l’Aude (CAMVA), basée à Carcassonne, a reçu la visite du préfet vendredi dernier ainsi que celle de Pierre Vera, président de la Chambre des métiers et l’artisanat.
Une visite de courtoisie mais surtout d’échanges dans le but de valoriser une filière artisanale qui parvient à fonctionner dans un contexte difficile. Référence dans le domaine de la production de viande, la CAMVA regroupe plus d’une centaine d’adhérents. Créée en 1973, la CAMVA s’organise autour de son président Michel Rabat.
« Cela fait trente ans que je préside la CAMVA. Lors de sa création, nous n’étions qu’une trentaine, aujourd’hui ce nombre a été multiplié par trois. Nous nous efforçons au quotidien à fournir des produits de qualité à nos clients ». D’un chiffre d’affaires de 3,5 millions d’euros en 2023, la CAMVA peut se targuer de connaître une stabilité économique lui permettant d’envisager l’avenir.
« Envisager l’avenir, je vous dirais « oui », rebondissait Michel Rabat. Maintenant, je n’irai pas jusqu’à dire « sereinement ». Nous faisons face à une concurrence de plus en plus accrue. Notamment des grandes surfaces. Nous avons pour notre part fait le choix de la qualité et de la traçabilité. Dans le respect et l’équité du travail des éleveurs, afin de garantir une harmonisation d’élevage. Nous ne sommes que les maillons d’une chaîne, certains ont peut-être mis du temps à le comprendre. »
Entre concurrence des grandes surfaces et campagnes anti-viandes
Michel Rabat ajoutait : « Nous sommes des gens qui aimons notre métier, nous servons avant tout d’intermédiaires entre les abattoirs et les éleveurs-bouchers. Ce sont près de 700 tonnes de viandes et volailles par an qui transitent par la CAMVA, ce ne sont pas des volumes énormes non plus, mais nous offrons de la visibilité et des garanties à nos éleveurs. »
Dans un contexte qui semble de plus en plus défavorable, il faut parvenir à subsister pour les artisans face à la concurrence de grandes surfaces. « C’est vrai qu’on s’interroge, avouait Julien Pech, le directeur de la coopérative. Quand on voit les prix à la vente de certains produits, on se demande comment ils font pour faire une marge. On est quand même bien placés pour connaître les tenants et les aboutissants de l’intégralité de la chaîne de production. Surtout des métiers de la viande. Et on se pose des questions. »
Michel Rabat rebondissait : « L’autre jour en rayon dans une grande surface, je voyais une pièce de porc à 2€50 à la vente. C’est moins que le prix où nous on l’achète. C’est quand même surprenant ».
En parallèle, les membres de la CAMVA évoquaient auprès du préfet la mauvaise publicité dont bénéficie la viande. Notamment sur les réseaux sociaux, où les campagnes anti-viandes abondent. « C’est vrai qu’on a tendance à rendre l’agriculture et l’élevage responsables un peu de tous les maux, intervenait Christian Pouget, notamment au près des jeunes générations sur les questions liées à l’environnement. Les habitudes alimentaires évoluent, c’est une certitude, on sera tous d’accord pour dire qu’il faut peut-être consommer moins, mais surtout mieux. C’est pourquoi le rôle des éleveurs et des métiers de la viande en général sera toujours fondamental. Il faut continuer à organiser ou réorganiser la filière à travers un meilleur maillage territorial, afin de trouver le meilleur système pour produire et manger local. »
« Surtout que les débouchés existent, concluait Pierre Vera le président de la Chambre des métiers et de l’artisanat, maintenant il faut parvenir à s’organiser, il y a une vraie souffrance de nos agriculteurs et de nos éleveurs. Des leviers existent sur le département pour permettre le dialogue et favoriser cette structuration. »