Les terribles inondations d’octobre 2018, ayant causé la mort de 15 personnes, ont également entraîné la pollution des eaux et sols de la région de l’Orbiel.
Trois associations ayant effectués 102 tests auprès des habitants de la zone révèlent des résultats particulièrement inquiétants, notamment sur la présence d’éléments toxiques dans leur organisme.
49 polluants toxiques différents retrouvés
Réalisés avec l’aide de l’Ineris (Institut national de l’environnement industriel et des risques), les relevés effectués par les associations Terres d’Orbiel, Secours populaire du Cabardès et Gratte-Papiers mettent en exergue la gravité de la situation. De fait, sur 102 personnes testées… 100% des analyses présentent « un ou plusieurs éléments toxiques à un niveau à surveiller ou à risque ».
Parmi ces 49 éléments toxiques détectés, l’exposition de plusieurs d’entre eux peut être considérés à risque. C’est le cas de l’argent, de l’europium, du cérium, du plomb, du fer, de l’aluminium et du zinc.
Une campagne d’analyse de cheveux a donc été effectuée sur 32 femmes, 35 hommes et 35 enfants, résidant dans les communes d’Aragon, Bouilhonnac, Conques-sur-Orbiel, Fournes-Cabardès, Lastours, Limousis, Malves-en-Minervois, Mas-Cabardès, Salsigne, Trèbes, Villalier, Villardonnel et Villedubert. Ainsi, l’élément toxique le plus fréquent ne s’avère pas être l’arsenic (détecté au-delà du seuil de toxicité chronique sur 39% des personnes) mais plutôt le mercure (84% des personnes), suivi du plomb (48% des personnes) et de l’argent (39% des personnes).
De l’arsenic mais pas que…
De plus, Jean-Louis Teissier président de l’association Terres d’Orbiel s’inquiétait que la pollution s’étendait en résumé « bien au-delà en se déversant jusqu’au littoral de la Méditerranée ».
Il ajoute : « Le dernier rapport de la commission d’enquête déposée au Sénat le 8 septembre dernier accable la gestion détestable de la mine pendant de longues années. Le principal exploitant étant l’Etat, c’est à lui de prendre des mesures pour endiguer le problème de pollution, mais les actions sont insuffisantes. »
En parallèle, les associations précisent bien que le but n’est pas de se substituer à une enquête épidémiologique, mais seulement de rechercher la présence de 49 produits toxiques sans se limiter à l’arsenic. Les trois associations prévoient « d’approfondir leurs recherches ». Par exemple, « des mesures isotopiques sur certains éléments toxiques retrouvés permettraient de tracer leurs sources ». Elles en appellent également à l’Etat : « Il appartient aux pouvoirs publics de ne plus ignorer ce contexte de poly-exposition, et d’abandonner le mythe – construit frauduleusement – d’une exposition au seul arsenic . »
Au final, une situation globale inquiétante qui nécessitera certainement un renforcement de l’intervention étatique, afin de subvenir aux besoins d’une population toujours préoccupée par les conséquences d’une catastrophe naturelle, dont les retombées semblent aujourd’hui avoir été clairement minimisées.