La chambre des notaires de l’Aude a récemment présenté aux professionnels narbonnais les dernières statistiques du marché audois, avec une analyse détaillée des ventes, des volumes et des prix autour de Narbonne. Bilan : un volume des ventes en net recul accompagné d’une baisse des prix. Et un pessimisme notable.
Le marché immobilier audois, comme celui de tout le pays à de rares exceptions, serait-il dans le creux de la vague ? C’est la question que se posent les notaires départementaux alors qu’ils ont, récemment, rendu public les dernières statistiques immobilières du marché audois, calculées sur la période allant du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024, sur la base des chiffres des Notaires de France.
« Baisse générale des prix »
Sans réelle surprise, celles-ci ne sont pas bonnes. « Elles montrent une baisse générale des prix et du nombre de transactions sur un an, plus ou moins marquée selon les zones géographiques du département », indique Benoît Duchan, notaire à Limoux et président de la Chambre des notaires de l’Aude.
« Les tendances sont à la baisse sur tous types de biens confondus, souligne Me Florence Nègre-Monin, notaire à Montredon-les-Corbières, venue présenter les chiffres aux professionnels narbonnais le 26 novembre dernier, au domaine Montplaisir. On constate que les chiffres sont en recul, que ce soit dans le Narbonnais ou autour de Carcassonne. »
« Il y a une vraie chute des ventes »
« Le littoral sort un petit peu du lot car plus recherché. Les prix ont même augmenté à Gruissan et Fleury-d’Aude, où c’est assez excessif, poursuit sa consoeur Me Julie Chatelain, notaire à Gruissan. Mais il y a généralement une tendance à la baisse que ce soit pour les appartements anciens, les maisons anciennes et les appartements neufs, où il y a eu une vraie chute des ventes. »
En effet, la baisse est généralisée avec 8 520 biens vendus dans le département sur la période du 1er juillet 2023 au 30 juin 2024, contre 10 540 entre les 1er juillet 2022 et 30 juin 2023, soit une baisse du volume des ventes de – 19 % entre les deux périodes, tous biens confondus (maisons anciennes, qui représentent plus de 63 % du total des transactions immobilières audoises sur une année glissante, aux terrains à bâtir, en passant par les appartements anciens et neufs).
Toujours de fortes disparités géographiques
« Les appartements neufs et les terrains sont cependant les biens qui ont connu la baisse la plus significative au cours de l’année », précise Me Nègre-Monin, avec respectivement – 39 % et – 37 % des volumes de ventes sur un an.
En ce qui concerne les prix de ventes au mètre carré, les fortes disparités qui marquent depuis si longtemps le département, notamment entre l’ouest et le littoral et le secteur narbonnais, sont toujours présentes. À titre d’exemple, pour les appartements anciens, le mètre carré médian est à 3 260 € sur le littoral, à 2 070 € à Narbonne, mais à 1 200 € dans le Limouxin et le Carcassonnais. Il en va de même pour les maisons anciennes. Au total, une baisse de 17 % des ventes et de 3,2 % des prix est relevé par l’étude de la chambre des notaires de l’Aude.
Une meilleure évolution de la périphérie narbonnaise
« On remarquera cependant que la périphérie narbonnaise évolue mieux que Narbonne ville. Les gens se sont un petit peu excentrés notamment par rapport aux prix », indique Me Aurélie Fountic-La Paglia, notaire à Coursan. « On l’a vu avec Cuxac-d’Aude, par exemple, poursuit Me Nègre-Monin, où on a eu 18 % d’augmentation sur les prix parce qu’il y a une demande plus accrue qui se fait sur certaines communes, comme Saint-Marcel, Cuxac ou Marcorignan. Les prix sont plus abordables qu’à Narbonne et cela reste pas loin. »
Pour ce qui est de l’année à venir, les notaires audois ne sont guère optimistes. « Les actualités sont anxiogènes, cela n’arrange rien, il y a une réalité économique. Il faut positiver, mais c’est difficile », confie Me Nègre-Monin. D’autant plus que de potentielles coupes budgétaires dans les collectivités portées se profilent. « Cela va dépendre de ce qui va être proposé , estime Me Julie Chatelain. S’ils touchent à la plus-value, au droit de mutation, cela ne va pas aider le secteur immobilier qui est déjà fragilisé. »
Une augmentation des droits de mutation en vue ?
En effet, dans le projet de loi de finances, il était proposé d’augmenter les droits de mutations à titre onéreux de 0,5 % – ce qui porterait ce taux à 5 % dans l’Aude – pour renflouer les caisses des Départements, en proie à d’importantes coupes budgétaires. À voir si la mesure sera transportée dans un nouveau projet après la chute du gouvernement Barnier, ce mercredi 4 décembre.
« Par exemple, sur 250 000 € pour un couple qui veut acheter une maison dans la périphérie narbonnaise, cela représente une augmentation de 1 250 € de taxes si le Département venait à voter l’augmentation, car chaque Département sera appelé à voter ou pas l’augmentation de la taxe », conclut Me Florence Nègre-Monin. Cela serait un sacré coup de canif supplémentaire dans le pouvoir d’achat des Audois.
Cyril Durand
Photo principale : de g. à d. : Julie Chatelain, Aurélie Fountic-La Paglia et Florence Nègre-Monin lors de la présentation, le 26 novembre © L’Écho du Languedoc.
