Construit aux Pays-Bas, il a terminé son existence au large des côtes audoises, entre La Nouvelle et La Franqui.
Dans la cité portuaire, il est connu sous le nom du «Japonais». C’est la triste histoire du Shigizan Maru. Devenu une épave parmi tant d’autres en Méditerranée.
Depuis plus de dix ans, il fait plus que jamais partie du décor à Port-la-Nouvelle où les habitants ne manquent pas de l’appeler «le Japonais». Pourtant, on ne le voit pas. Il est dans les mémoires, dans les esprits mais rares sont ceux qui peuvent dire qu’ils l’ont approché. Et pour cause : il gît par trente mètre de fond, à quatre miles nautiques entre Port-la-Nouvelle et La Franqui.
S’il est entré, bien malgré lui, dans la mémoire collective nouvelloise, c’est tout simplement parce que son ancre a pu être remontée à la surface après avoir dormi pendant 92 ans au fon de la Méditerranée. La municipalité a décidé de créer un monument commémoratif qui a été inauguré il y a déjà dix ans. Locaux et visiteurs peuvent donc en savoir davantage à propos du Japonais.
Japonais, ce navire postal ne l’a d’ailleurs pas toujours été, il faut bien le souligner. Rendons à César ce qui lui appartient dans la mesure où il a vu le jour sur les chantiers navals néerlandais et plus précisément à Rotterdam.
Dans les premières années, il a navigué aux Indes Néerlandaises avant d’être vendu à la compagnie mexicaine Naveira del Pacifico qui l’a nommé General y Pesqueira. Enfin, en 1916, le bateau est passé sous le pavillon japonais après avoir été acheté par Kishimoto Kisen. Son nouveau nom est devenu celui sous lequel il a terminé sa courte vie : Shigizan Maru.
Victime d’une mine allemande
Comment s’est-il retrouvé à reposer par trente mètres de fond, à quatre miles nautiques au sud-est du phare de Port-la-Nouvelle ?
Une bien mauvaise rencontre en fait, au beau milieu de la Première Guerre Mondiale. Navire pacifique, le Shigizan Maru effectuait alors un voyage le menant de Gênes en Italie jusqu’à New-York. Le 7 juillet 1917, au large de la côte nouvelloise, il a malencontreusement heurté une mine parmi celles préalablement posées par un sous-marin allemand. Ce grand bateau à vapeur de 107 mètres de long, a coulé, mais l’équipage a pu regagner la côte à la nage sur la plage de La Franqui.
Les plongeurs avertis peuvent observer des superstructures couvertes de concrétions et de vieux filets. L’avant du Shigizan Maru a été plutôt bien conservé, tandis que la chaudière envasée et quelques éléments restent encore bien visibles.
Epave emblématique, le «Japonais» est un vestige qui, toutefois, s’enfonce peu à peu dans le sable de la Méditerranée. Tel est le destin des épaves plus que centenaires…
Le spécialiste audois
«Les épaves vivent encore», explique Patrice Strazzera qui voue une véritable passion pour ces bateaux engloutis. Le plongeur narbonnais estime que «les épaves ont une âme». Récemment, il confiait dans les colonnes de La Dépêche du Midi : «Chacun dans son monde ! Elles me tolèrent quelques instants, lorsque je descends, lorsque je m’approche le temps de réaliser quelques photographies.»
Patrice Strazzera a notamment publié une série de magnifiques clichés pris lors de ses plongées dans un livre : Le Sommeil des épaves.
Des oranges à la mer
Surpris par un violent coup d’Est, l’Athena, cargo italien de 56 mètres, a coulé à Gruissan, à 300 mètres du rivage, le 17 mai 1927 . Sa cargaison d’oranges aura flotté, quelques jours plus tard, jusqu’à la plage, faisant le bonheur des Gruissanais ! L’épave, située à 11 mètres de profondeur offre une première approche de l’activité pour des plongeurs débutants.