La question des inégalités sociales et économiques se pose avec acuité dès le plus jeune âge. Selon une étude de l’Insee Analyses Occitanie, publiée en février 2024, près d’un quart des enfants de moins de 11 ans vivent dans un contexte de pauvreté monétaire, une proportion légèrement supérieure à la moyenne nationale.
En 2019, 706 400 enfants âgés de 0 à 10 ans vivent en Occitanie. Parmi eux, 24 % font partie d’un ménage en situation de pauvreté monétaire. Définitions : un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu’il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté, fixé à 60% du niveau de vie médian soit 1 120 euros mensuels en 2020 pour une personne seule ou 2 016 euros pour un couple avec un jeune enfant selon la source Filosofi.
Au-delà de ces chiffres alarmants, l’analyse souligne que la précarité ne se mesure pas uniquement à l’aune des revenus. En effet, d’autres dimensions telles que l’environnement familial, les conditions de logement ou encore l’accès à divers services et équipements définissent le développement et le bien-être de ces jeunes.
L’étude identifie six profils de territoires en Occitanie, avec des réalités distinctes quant aux conditions de vie des enfants. Les zones urbaines denses et peuplées, comme Montpellier, Perpignan, Nîmes et Béziers, concentrent des difficultés socio-économiques marquées, malgré une proximité appréciable des services. À l’opposé, certains territoires périurbains, notamment autour de Toulouse et Montpellier, offrent des conditions de vie nettement plus favorables, avec un accès facilité à un large éventail d’équipements et services.
Le rapport met en lumière la disparité marquée entre ces différents territoires de vie. Ainsi, tandis que 60% des enfants d’Occitanie bénéficient de l’offre urbaine en termes d’équipements scolaires, de santé et de loisirs, ils sont aussi les plus exposés aux difficultés économiques. Par contraste, les enfants vivant dans des zones rurales, bien que moins confrontés à la pauvreté monétaire, souffrent de l’éloignement des services essentiels, un facteur non négligeable dans leur développement.
La pauvreté infantile, avec ses conséquences potentiellement durables sur le parcours de vie, est donc une problématique qui dépasse le cadre financier. Ce constat oblige à une approche de la lutte contre la précarité, qui intègre à la fois des mesures de soutien économique direct et des politiques pour améliorer l’accès aux services essentiels.
L’étude de l’Insee s’inscrit dans le cadre plus large des réflexions menées par les pouvoirs publics pour contrer la reproduction de la pauvreté de génération en génération. Le Pacte des solidarités, dernier plan national de lutte contre la pauvreté, doit répondre à cette problématique en agissant dès les premières années de la vie. Les données recueillies et analysées par l’Insee pour l’Occitanie apportent une contribution précieuse dans cette lutte, et offrent un diagnostic détaillé des conditions de vie des enfants dans la région. Des données essentielles pour orienter rationnellement les politiques publiques.
(Ph. Vue Hérault Montpellier Pic Saint Loup territoires ©HERAULT TRIBUNE)
