Et si les jeunes arbitres bénéficiaient d’une préparation mentale ?

access_time Publié le 23/03/2025.

Les Audois Éric Marty et Julien Bely lancent « Bien dans ma peau, bien dans mon match ». Un programme de préparation mentale destiné aux jeunes arbitres de football.

L’idée a éclos d’une insomnie. De ces nuits où les neurones ne trouvent rien de mieux que de tourner en rond, comme un ballon. Au petit matin de l’une de ces agitations cérébrales nocturnes, Éric Marty décide de coucher sur papier les idées qui lui sont venues : dix mesures pour apaiser les terrains de football amateur. Et envoie la proposition à Pierre Micheau, président du district de l’Aude. Le document plaît. Et les yeux présidentiels flashent sur l’une des propositions : accompagner les jeunes arbitres, leur proposer une préparation mentale pour savoir réagir en toute situation. Éric Marty contacte dans la foulée le Narbonnais Julien Bely, ancien volleyeur professionnel et préparateur mental. Ils créent ensemble « Bien dans ma peau, bien dans mon match ».

« Trouver eux-mêmes les solutions »

Toute personne qui suit depuis des années le football amateur ne peut l’ignorer : les arbitres sont de plus en plus pris à partie, du simple « chambrage » (dans le meilleur des cas) à des situations extrêmement violentes, il peut s’avérer complexe d’user du sifflet sur les pelouses audoises. Comme ailleurs. C’est dans ce contexte qu’une préparation mentale pour les jeunes arbitres puise ses fondations. « On va travailler ensemble, leur donner les clefs pour qu’ils arrivent à trouver eux-mêmes les solutions pour gérer le stress et les conflits », explique Julien Bely. De son passé de sportif professionnel et de son expérience actuelle de préparateur mental auprès, notamment, du Racing club narbonnais, il précise : « Dans les moments difficiles, soit on arrive à changer l’environnement, ce qui est plutôt complexe, soit on change la perception qu’on en a. Et ce point-là, on peut le travailler. »

Éric Marty, qui a écumé les terrains audois dans le survêtement de formateur, poursuit : « La spécificité des jeunes arbitres c’est que, bien souvent, ils ont à peu près le même âge que ceux qu’ils arbitrent. Ce n’est pas toujours simple pour eux. Mieux vaut être préparé, connaître les quelques réflexes ou attitudes qui permettent d’éviter que les situations tendues s’enveniment. »

Julien Bely et Éric Marty lancent « Bien dans ma peau, bien dans mon match ». ©A.G.

« Neurone miroir »

S’il ne livrera pas toutes ses recettes, Julien Bely éclaire le propos d’un exemple facile : « Le neurone miroir. Les humains, nous sommes des animaux sociaux. De façon naturelle, nous avons tendance à renvoyer l’émotion qu’on reçoit. C’est pour cela qu’expliquer la décision qu’on vient de prendre, le faire avec le « smile » peut très facilement faire redescendre la tension ».

Ses années de sportif professionnel sont un atout aussi pour enseigner la compréhension de certaines situations. Même si le volleyeur – passé par Sète, Nice, Dunkerque et Narbonne (2006-2009) – relativise ce point : « À mon époque, on nous disait « le mental ? Soit tu l’as, soit tu ne l’as pas » et autant dire que tous ceux qui performaient à haut niveau, dans les fins de set tendues, l’avaient. Aujourd’hui, on comprend que l’aspect mental peut se travailler, s’améliorer. C’est pour cela que le plus important, c’est d’avoir les bons outils en main pour être en perpétuelle formation, être prêt aux différents schémas qui peuvent se produire, savoir ce qu’il faut faire… et ne pas faire aussi. »

Le coup d’après

L’accompagnement peut se décliner au travers de séances collectives ou individuelles. Le but étant d’apprendre à gérer le stress lors de moments tendus et d’opter pour le bon comportement. Les séances individuelles permettant d’aller plus loin évidemment. « L’idée sur la préparation mentale collective des arbitres serait d’avoir des sessions en début de saison pour accompagner les clubs, savoir aussi ce qu’ils veulent mettre en place, l’image qu’ils veulent donner », avance Éric Marty. Avant d’ajouter « Un coaching de club au sens large, voire à destination des parents, serait aussi pertinent. »… On en saura plus à la prochaine insomnie.

Photo principale : donner les cartes en main aux jeunes arbitres. ©DR

Arnaud Gauthier

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