La découverte d’un requin mako échoué sur la plage de Marseillan fin juin a réveillé les fantasmes à propos des squales et de nos côtes. Nous avons sollicité Emilie Despois, responsable de la Médiation Scientifique en Environnement Marin au Seaquarium Institut Marin du Grau du Roi. N’en déplaise aux amateurs de sensations fortes, elle entend calmer le jeu.
Un requin mako découvert à Marseillan. C’est surprenant non ?
Non, bien que l’observation de requin mako soit rare, ce n’est pas surprenant. Les scientifiques recensent une cinquantaine d’espèces de requins présents en Méditerranée, il est donc possible que certains individus se rapprochent des côtes pour diverses raisons.
Est-ce une première sur nos côtes ? Est-ce inquiétant d’ailleurs ?
Non, ce n’est pas une première. Simplement de nos jours, avec l’utilisation des smartphones, les informations sont relayées beaucoup plus rapidement et donc plus facilement connues de tous.
Où trouve-t-on d’ordinaire les mako ?
Le requin mako est un requin cosmopolite qui vit plutôt au large mais il est possible qu’il se rapproche des côtes pour des raisons de reproduction ou alimentaires.
« Le déréglement climatique peut avoir des impacts »
Comment l’expliquer : par le réchauffement climatique, celui des eaux ou raréfaction de la nourriture ?
Le dérèglement climatique peut avoir des impacts sur les populations de requins (comme toutes autres espèces animales et végétales) mais il y a encore trop peu d’études scientifiques sur ce sujet.
Doit-on s’attendre a voir dans nos eaux des espèces dangereuses ?
Il n’y a pas d’espèces dangereuses, il n’y a que des situations dangereuses. La plupart du temps quand un humain rencontre un requin, c’est le requin qui finit mal. On estime en moyenne qu’il y a dix morsures mortelles de requin par an sur l’ensemble de la planète. En revance, on estime à plus de soixante et dix millions de requins pêchés chaque année.
Un requin blanc proche des côtes Languedociennes, ça reste du domaine du fantasme ou une possibilité à l’avenir ?
Le requin blanc est présent en Méditerranée depuis de nombreuses années. Il n’est pas fréquent de le voir proche des côtes mais chaque année, sa présence est signalée.
« Le requin peau bleue est en danger critique d’extinction »
Les requins pèlerins et les peaux bleus sont toujours aussi nombreux ?
C’est difficile de se prononcer sur leur nombre car les suivis de population sont difficiles, couteux et rares. Cependant, chaque année des observations de ces espèces sont faites sur nos côtes. Il existe plus de 500 espèces de requin et selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN), une espèce de requin sur trois est menacée d’extinction.
En Méditerranée, le requin peau bleue est classé par l’IUCN en danger critique d’extinction en Méditerranée et le requin pèlerin en danger.
Avec ses falaises et ses criques, le Leucatois peut-il être une sorte de sanctuaire pour les requins ?
En général, les requins sont des animaux ayant une grande aire de répartition. Il est donc possible que le Leucatois soit un lieu important dans le cycle de vie de certaines espèces. Actuellement un programme de recherche porté par l’OFB en collaboration avec le Parc Naturel du Golfe du Lion, l’IfREMER, le CRIOBE et le Seaquarium Institut Marin appelé MOUVBLUE a pour objectif d’approfondir les connaissances de l’écologie du requin peau bleue en Méditerranée occidentale.
Il faut resté attentif aux résultats scientifiques de cette étude, peut-être que nous en saurons plus !
Que doit faire un kayakiste ou un amateur de paddle en cas de rencontre inopinée ?
Se dire qu’il a beaucoup de chance, rester tranquille et savourer le moment ! Et ne pas oublier de nous le signaler.
