Se former pour créer des jeux vidéos et obtenir un diplôme : ce sera désormais possible, dès la rentrée, à Narbonne, où Karl Fayeton vient de créer une école avec le soutien l’Iness. Il nous explique le projet d’OXO qui vise à se rapprocher des Audois.
Comment vous êtes-vous lancé dans ce style d’enseignement ?
J’ai toujours été passionné par la transmission et la pédagogie. En 2014, deux chemins se sont ouverts à moi : rejoindre le gros studio Gameloft en Espagne pour y travailler comme Game Designer, ou bien enseigner le Game Design dans une petite école privée de Montpellier.
C’est cette seconde voie que j’ai choisie, qui est devenue mon activité à temps plein depuis huit ans dans quatre écoles différentes. J’ai un excellent contact avec les étudiants, ils apprécient beaucoup ma façon d’enseigner et donc je me sens utile. C’est pourquoi aujourd’hui je crée OXO : l’école occitane du jeu vidéo.
Pourquoi avoir choisi Narbonne ?
L’enseignement du jeu vidéo en France est concentré dans quelques grandes villes comme Paris, Lyon, Montpellier ou Bordeaux. Notre but est d’apporter ces compétences sur le territoire audois afin que les familles n’aient pas à envoyer leurs jeunes à l’autre bout du pays pour pouvoir réaliser leur rêve.
Étant une petite équipe de profs passionnés sans gros capitaux, nous aimerions que les instances publiques nous accompagnent dans ce projet. Béziers et Perpignan l’ont déjà fait.
Seize places, c’est peu, non ?
Tous les profs vous le diront : la qualité de l’enseignement est inversement proportionnelle au nombre d’apprenants dans une classe. C’est d’ailleurs pour cela que les cours particuliers marchent si fort. J’ai travaillé dans des écoles où ils accueillent jusqu’à quarante élèves en première année : l’accompagnement personnalisé est impossible.
On assiste impuissant à un darwinisme social où l’on attend que les plus en difficulté se découragent et abandonnent. Je propose avec OXO une solution pédagogique basée sur la bienveillance où chaque élève aura réellement sa chance.
Combien y aura-t-il d’enseignants ?
Nous allons ouvrir avec une seule classe en année préparatoire, et nous devrons renforcer notre équipe chaque année pour accueillir les nouvelles promos.
OXO emploiera entre cinq et dix enseignants permanents ainsi que de nombreux professionnels de toute la France qui interviendront sur des ateliers de quelques jours et sur des domaines de compétences extrêmement spécialisés.
« Une question d’investissement et de persévérance »
Quels seront (ou ont été) les critères de sélection ?
La réussite est avant tout une question d’investissement et de persévérance. Nous recrutons tous types de profil, à partir de 16 ans ou en reconversion professionnelle, sans diplôme prérequis.
La candidature est gratuite, elle débute par un examen pour vérifier le niveau du candidat en expression écrite, dessin, culture du jeu, logique et se termine par un entretien oral avec l’équipe pédagogique pour vérifier que sa motivation et ses attentes correspondent à ce qu’offre OXO.
Existe-t-il un réel engouement pour ce genre de formation ?
Cela fait plus de 20 ans que nous sommes sortis de l’ère où se passionner pour les ordinateurs, l’infographie et les jeux était mal vu socialement. Aujourd’hui, tout le monde a compris que l’informatique est un enjeu majeur de notre société, et tout le monde joue à des jeux vidéo.
C’est le premier secteur mondial de divertissement, le plus puissant moyen d’expression artistique et de communication, bref : le secteur créatif d’avenir par excellence.
Qu’est-il enseigné dans cette formation ?
Nous enseignons tous les savoir-faire et les savoir-être nécessaires pour travailler dans un studio de développement. Lors du tronc commun, tous les étudiants assimilent les bases du Game Design (comment fonctionne les règles d’un jeu, comment créer des mécaniques ludiques efficaces), de la programmation, de la conception visuelle (dessin numérique, modélisation 3D, animation) ainsi que de la conception sonore (création des bruitages et effets sonores, composition des musiques, mixage).
Nous leur enseignons également la maîtrise de l’anglais, la culture générale ainsi que la gestion de projet. Lors des deux dernières années, chaque étudiant choisie une spécialité entre le pôle technique, le pôle graphique et le pôle sonore, afin d’acquérir un niveau professionnel. Ils terminent leur scolarité par un projet de fin d’études où ils réalisent un jeu vidéo complet en équipe, ainsi qu’un stage de 6 mois en entreprise.
« Des compétences recherchées »
Qu’obtient-on à l’issue de ce cursus de trois ans ?
En premier lieu, la capacité de réaliser des jeux vidéo de A à Z, ce qui n’est pas donné à tout le monde ! Le diplôme de Bachelor qu’offre l’école pourra être certifié RNCP niveau 6 soit l’équivalent d’un Bac+3, mais nous savons pertinemment que les studios ne se fient pas au diplôme : c’est le portfolio des travaux réalisés qui fait toute la différence.
Quels sont les débouchés ?
Trois solutions s’offrent aux Audois à la sortie : partir afin d’être embauché dans un studio de jeu, créer leur studio sur place en bénéficiant de l’accompagnement d’OXO, ou travailler dans un secteur connexe. Ce sont des métiers très qualifiés dont les compétences sont recherchées par le milieu de l’audiovisuel, de la communication, de l’architecture, de l’événementiel, de l’archéologie, etc.
Nous avons déjà reçu des appels d’entrepreneurs de Narbonne, Perpignan et Carcassonne qui nous demandent des stagiaires alors que nous ne sommes en train d’ouvrir !
Le jeu vidéo a de belles heures devant lui ?
Les besoins de main-d’œuvre ne font qu’augmenter d’année en année. La France est le troisième producteur européen et le secteur ouvre chaque année environ mille nouveaux postes au niveau national.
Nous sommes également le pays au monde avec le plus d’écoles de jeu vidéo par habitant ! Avec OXO, nous permettons aux Audois de bénéficier d’un enseignement de qualité au plus près de chez eux.
Infos pratiques : OXO L’école occitane du jeu vidéo. 07 65 77 79 49
site : oxonarbonne.fr. Photos site OXO http://oxonarbonne.com/