Devant la propagande du Kremlin, on pourrait être tenté de croire que les sanctions économiques n’ont aucun effet sur la société russe. Au contraire, l’impact est bien réel même si Moscou tente d’en minimiser les effets.
La valeur du rouble en dollar (55 roubles pour un dollar) vient d’atteindre son plus haut niveau depuis 2015. Si Vladimir Poutine s’est moqué des Occidentaux, accusés d’avoir souhaité l’effondrement du rouble, il a notamment déclaré au forum économique de St-Pétersbourg : « Ils ont voulu punir la Russie, les actifs ont été gelés, les entreprises ont été punies. Mais cela a failli », la situation en elle-même apparaît comme bien plus complexe.
Et bien plus sérieuse. Si la prise en main par l’Etat russe a bien permis de contenir en partie les sanctions à l’égard de l’économie russe en apparence, une haute valeur de sa monnaie n’est pas nécessairement bénéfique pour son économie globale. En particulier quand le pays est frappé d’une multitude de sanctions réduisant ou empêchant les importations/exportations.
Car la Russie n’est pas en mesure de produire tout ce dont elle a besoin par elle-même. Coupée du monde ou presque (malgré l’augmentation des exportations de pétrole vers l’Inde ou la Chine), la Russie ne peut aujourd’hui subvenir à tous ses besoins. Une rareté de certains biens ayant entraîné une inflation des prix de près de 17,8% lors du seul mois de mai.
L’exportation de pétrole et de gaz, moteur de l’économie russe
Alors que l’Europe et l’Occident en général tendent à réduire leur dépendance vis-à-vis des hydrocarbures russes, l’accroissement de la demande indienne et surtout chinoise ont permis d’atténuer momentanément le flux de sanctions infligées, et permis au rouble de remonter fortement.
Ainsi, de fin février jusqu’au début du mois de juin, soit avant les sanctions sur les énergies russes, l’Europe représentait 61% des exportations du Kremlin, soit une manne d’environ 57 milliards d’euros, sur un total global d’exportation de 93 milliards d’euros.
Un embargo occidental progressif qui va permettre de priver la Russie de ces ressources, afin de rendre la guerre de plus en plus coûteuse. Car les soutiens chinois et indien, aujourd’hui limités, ne pourront ou ne voudront compenser ces pertes.
L’industrie russe face aux pénuries
Certains pans entiers de l’économie russe sont d’ores et déjà concernés par des batteries de mesure. C’est le cas de l’automobile, qui a enregistré au mois d’avril une baisse abyssale de 78,5% de vente de véhicules, comparé au même mois de l’année passée.
C’est tout le secteur industriel russe dans son ensemble qui souffre de ruptures d’approvisionnement, notamment en matériel moderne. Car aujourd’hui, la Russie n’a pas les moyens de se fournir elle-même en matière de dernières technologies, et reste dépendante du savoir-faire occidental.
L’aéronautique et l’informatique sont deux autres secteurs-clés frappés de plein fouet par les sanctions. Le prix des billets d’avion ayant d’ailleurs explosé en Russie, à cause de la fermeture de nombreux espaces aériens.
Concernant l’informatique, les composants essentiels proviennent soit d’Europe soit d’Asie, la Chine qui reste également un grand partenaire économique des Européens, ne prendra pas le risque d’un soutien trop prononcé à la Russie, sous crainte de subir elle-même des représailles économiques.
(Ph. public domain pictures)