Didier Paris administre, depuis 2017, le village de Fontanes-de-Sault, qui compte seulement cinq habitants. Il témoigne.
Quel est le quotidien du maire de Fontanes ?
En télétravail tous les jours avec la commune et bien sûr une présence toutes les semaines au village. Puis mon quotidien de vie privée.
Y aurait-il une certaine fierté d’être le plus petit village de l’Aude ?
Oui et non. Oui parce que je veux redonner sa notoriété à Fontanes qui n’est pas connu. Et non parce que vu son peu d’habitants, le village est mal considéré.
Fontanes comptait 254 habitants en 1831. C’est loin, certes mais comment expliquer la désertification dont le village a été victime ?
Oui, vous avez bien raison de signaler qu’il y avait presque 300 habitants actifs au XIXe siècle. Malheureusement, comme tous ces autres villages voisins de montagne, l’exode rural du début XXe a eu raison de lui.
Fontanes a connu son âge d’or et de fer…
Oui, il y avait une exploitation minière d’or et surtout de fer. On peut voir encore en forêt quelques entrées de galeries et un petit wagon qui transportait le minerais est actuellement visible près de la place du village.
La renommée de Fontanes était surtout dûe à sa culture du blé : une des meilleures semences du département de l’Aude à l’époque. Il est aussi important de savoir que le territoire de Fontanes est le berceau de l’agriculture. Elle est née il y a plus de 600 ans avec les premiers hommes dont on peut encore voir les traces dans les nombreuses grottes des alentours.
Vous avez attiré deux éleveurs. L’idée d’un commerce à Fontanes est-elle illusoire ?
Oui, nous avons aidé deux agriculteurs qui sont venus s’installer au village. Quant à l’idée d’un commerce sur Fontanes, bien sûr que nous y pensons et nous l’espérons. Mais avec une région encore si désertique, vous comprendrez que ce n’est pas évident.
Quels sont les atouts de votre commune ?
Son patrimoine, son riche passé historique, son emplacement stratégique et bien sûr sa faune et sa flore exceptionnelles ainsi que son microclimat.
Avec aussi peu d’habitants, est-il possible de mener des projets ?
Mais bien sûr et pour tout ce que je vous ai dit auparavant.
Avez-vous l’impression de faire le même job que vos collègues de Narbonne ou Carcassonne par exemple ?
Il est évident que non. Dans les villes, ils ont tous leurs services avec des responsables et des équipes. Ici, nous devons tout gérer seuls avec mes conseillers municipaux et une seule secrétaire de mairie fournie par la Préfecture. Tous s’investissent énormément et les dossiers ne manquent pas : état civil, fiscalité, secrétariat, voirie, urbanisme, éclairage public, espaces verts, cimetière et funéraire, prévention des risques, hygiène, patrimoine, action sociale, lien et réunions avec la communauté des communes des Pyrénées-Audoises, communication, élections, police municipale, conflits de voisinage, etc, etc…
On a l’habitude de dire que tout le monde se connaît dans un village.
A Fontanes, c’est la réalité, non ?
Oui, ici c’est en effet la réalité !
Que diriez-vous à quelqu’un qui souhaiterait s’installer ici ?
De bien réfléchir sur bien des domaines avant d’envisager son installation.
A 950 m d’altitude, les hivers ne sont-ils pas un peu rudes à Fontanes ?
Oui, les hivers sont rudes. On est en montagne. Mais comme toutes les autres saisons, ils sont agréables. C’est aussi ce qui fait le charme de ce lieu.
Propos recueillis par notre correspondant local
Le pays de Sault est une petite région naturelle ainsi qu’un territoire historique : la vicomté de Sault, issue de la partition du comté de Razè.
Le Sault est un plateau situé entre 990 et 1310 mètres d’altitude, au cœur des Pyrénées, entaillé de profondes gorges. Il regroupe quelques petites communes dont Belcaire en est l’ancien chef-lieu de canton principal, même si le pays de Sault s’étend aussi sur tout ou partie des anciens cantons voisins de Quillan et Axat.
Les activités principales sont l’agriculture et l’élevage bovin. Sa spécialité est la pomme de terre.
Photo principale : Didier Paris, maire de Fontanes-de-Sault © DR.