Derby de l’Aude : un mental d’acier pour un match en or 

access_time Publié le 11/04/2025.

Les rugbymen du RC Narbonnais accueillent ceux de l’US Carcassonne ce samedi 12 avril à 19 heures. Guillaume Bosom, préparateur mental dans l’Aude, explique l’approche mise en place chez les sportifs de haut niveau avant un match à fort enjeu.   

Samedi 12 avril, le Parc des sports et de l’amitié va vibrer comme à la grande époque. D’abord parce que Narbonne reçoit Carcassonne pour un derby où sera remise sur le tapis la suprématie rugbystique départementale. Mais aussi parce qu’à deux matches de la fin de la phase régulière, cette rencontre est un peu plus qu’un duel entre frères audois.

Un match à enjeu(s)

Il y a gros à aller chercher. Des deux côtés. Narbonne aura l’occasion de s’ancrer un peu plus à la deuxième place assurant une demi-finale à domicile. Carcassonne pour garder la troisième marche du podium dans le viseur. Ajoutons à cela la saveur des derbies, ce match n’est donc pas tout à fait une rencontre comme une autre. Alors comment des sportifs de haut niveau se préparent-ils mentalement à ces échéances ? Eléments de réponse.

“C’est un contexte qui va être fort émotionnellement. On va retrouver des joueurs qui se connaissent bien, certains qui ont joué ensemble, certains même qui se côtoient dans la vie privée”, explique Guillaume Bosom. L’Audois est préparateur mental et suit certains joueurs de l’US Carcassonne.

“Travailler sur l’émotionnel”

Pour lui gérer son émotion lors de telles parties est le facteur qui change tout : “On a le capitaine de Carca, par exemple, qui est originaire de Narbonne. Il y a un contexte émotionnel fort autour de ça, qui est alimenté aussi par la presse, par les supporters. Des joueurs vivent avec une forte passion ces derbies. Donc, l’enjeu, c’est d’arriver à faire en sorte que l’émotionnel ne prenne pas le dessus sur le match, tel que peut l’être un derby. Dans un contexte particulier où Narbonne a gagné à Carcassonne, où les deux équipes sont en course pour se qualifier pour les phases finales, l’enjeu va être de travailler sur l’émotionnel, de façon à ce qu’il soit le plus neutre possible et que les joueurs puissent s’exprimer pleinement sans être trop impactés.” 

On pourrait dire “facile à dire, un peu plus compliqué à mettre en oeuvre”. Guillaume Bosom a la réponse :  “L’émotion, c’est un stimulus qui va transmettre une information au cerveau. Le cerveau va traiter l’information et va engendrer des sécrétions hormonales. Si on est pris, si on est noyé sous l’émotion, le risque, c’est de brouiller la prise de décision. Mais les sportifs visent ces émotions sur le terrain. On ne peut pas toutes les gommer. Et il ne faut pas, les joueurs ne sont pas des robots. Le but du jeu, c’est donc de faire de ces émotions nos alliés. Les comprendre, savoir pourquoi elles sont là à ce moment précis et comment je fais pour les utiliser au mieux.”

Ne pas rajouter de l’enjeu à l’enjeu

La philosophie du préparateur mental carcassonnais est donc de ne pas rajouter de l’enjeu à l’enjeu sur ce match spécifiquement et plutôt travailler sur le long terme, “comme on le fait pour le physique, la technique, la tactique. Alors effectivement le contexte est particulier, mais c’est un travail de fond qu’il faut effectuer tout au long de la saison pour être prêt pour ce genre de match”.

Du côté de Narbonne, il semblerait que l’on soit sur une autre approche et qu’on fasse de cette rencontre un rendez-vous majeur. En effet, le staff n’a pas souhaité que son préparateur mental, Julien Bely, réponde à la presse avant cette rencontre. Opération motus et bouche cousue. Pour une plus grande mobilisation, sans doute.

On retourne donc dans le vestiaire de Carcassonne où Guillaume Bosom continue d’expliquer son approche : “Ce que je mets dans mes accompagnements, c’est le travail sur la base identitaire, c’est-à-dire que chacun connaisse qui il est en tant qu’homme, en tant que femme et quel joueur ou quelle joueuse, quel sportif ou quelle sportive. C’est très important d’avoir ces réponses Le tout, pour moi en tout cas, c’est donc d’accompagner les joueurs à bien se connaître, bien savoir comment ils fonctionnent face à telle émotion ou tel contexte et comment ils font pour tirer le meilleur. Et là, les staffs ont aussi un rôle important à jouer parce qu’ils préparent leur équipe. Pour pouvoir l’amener à s’exprimer au maximum le jour J et que ça soit bénéfique à tout le groupe. Chacun va vivre des émotions à différents niveaux.”

Les spectateurs du Parc des sports et de l’amitié pourront porter un regard différent sur ce match, en analysant comment chaque joueur fait face à ses émotions. Parce qu’il y en aura !

Arnaud Gauthier

Photo : Guillaume Bosom, préparateur mental à Carcassonne. ©JU PhotographyDR

 Des beaux espoirs pour cette fin de saison

Côté sportif, une fin de saison passionnante se présente pour les deux clubs. Plus que deux rencontres avant la fin de la “saison régulière” pour les Narbonnais et les Carcassonnais. Et les plus beaux espoirs sont permis. Deuxième, après le sursaut d’orgueil à Bourg-en-Bresse, le RCN devance le troisième, Rouen, de 5 points. En restant ancré à cette seconde place, Narbonne se qualifierait directement pour les demi-finales, tout comme le premier du classement. Alors que les quatre autres membres du top 6 devront passer par la case barrage. Si l’USC (81 pts) se maintient à sa 4e place (3 points d’avance sur Périgueux), elle jouera contre le cinquième en barrage alors que le troisième défiera le sixième. Les vainqueurs de ces deux matches défieront respectivement le premier et le deuxième de la phase régulière lors des demi-finales (10 mai 2025). Il existe donc un scénario où les deux clubs audois pourraient se retrouver en demi-finale ! Pour rappel, le vainqueur de la finale (17-18 mai) décroche le titre de champion de France et grimpe en ProD2. Le finaliste perdant jouera un match d’accession contre l’avant-dernier de ProD2 (31 mai ou 1er juin).

Calendrier phase régulière : 
12 avril : Narbonne-Carcassonne
26 avril : Narbonne-Langon et Carcassonne-Suresnes

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