« Presque libres » est un documentaire diffusé jeudi 20 février sur France 3 qui relate le quotidien d’une ferme d’insertion à Lespinassière, dans l’Aude. Jean-Pierre, conseiller d’insertion, raconte le tournage.
« Dans un village de la montagne Noire, une ferme accueille des hommes qui sortent de prison. Ils ont effectué de longues peines et viennent travailler deux ans, le temps d’essayer de se reconstruire, de réapprendre à être libres, à affronter le regard des autres. » Ce sont les premières lignes du synopsis présentant le documentaire « Presque libres ». Il est signé du journaliste Olivier Bertrand et sera diffusé ce jeudi 20 février à 20h50 sur France 3.
Ce village de la montagne Noire, c’est Lespinassière. Aux confins de l’Aude, de l’Hérault et du Tarn, une ferme Emmaüs a vu le jour en 2018. Elle accueille des détenus tout juste libérés pour les mettre sur le chemin de l’insertion. Olivier Bertrand a posé sa caméra dans ce centre particulier pendant quatre ans. A raison de plusieurs et fréquents courts séjours, il a tissé une relation de confiance avec l’encadrement et les résidants.
9 personnes accueillies actuellement
« Il s’est fait accepter car il y a toujours eu une continuité« , détaille Jean-Pierre, conseiller d’insertion et membre de la structure depuis trois ans. La ferme qui réinsère les détenus grâce à son activité de maraîchage bio accueille, en ce début d’année 2025, six personnes en « pension de famille », autrement dit dans les murs de l’établissement et trois autres qui habitent à l’extérieur et viennent travailler ici. Olivier Bertrand a enfilé les bottes à leurs côtés.
« Je travaille avec eux, je dors à la ferme. Les moments collectifs sont parfois tendus. Ce n’est pas simple de se débarrasser des codes violents de la prison. Dans l’intimité d’une chambre, ou lorsque je suis seul au travail avec l’un d’eux, il raconte ce qu’a été sa vie, son crime, et toutes ces années enfermé en marge d’une société qui désormais leur fait peur. La ferme reste un enfermement relatif, et un lieu protecteur. Ils ont hâte, autant que peur, de la quitter », explique le réalisateur.
Réapprendre la vie collective
Ce sont ces moments où la vie collective est réapprise que souligne le documentaire. « Olivier est une chouette personne. Il est venu nous montrer son film en avant-première, avant qu’il soit officiellement présenté à Montpellier. Son documentaire est hyper-intéressant. Il est vraiment tourné vers les gars. C’est un travail d’immersion qui montre aussi les dysfonctionnements de la prison et surtout de l’après. », reconnaît Jean-Pierre.
Alors que le tournage s’est achevé il y a à peine 6 mois, le documentaire est parfaitement d’actualité. A l’heure où les missions de la prison et ses conditions de vie sont débattues.
Photo : l’activité de maraîchage bio permet aux résidants de travailler à leur réinsertion. ® Olivier Bertrand / Les Films d’Ici Méditerranée
Arnaud Gauthier