Les mains dans la terre, une matinée avec les bénévoles de la solidarité alimentaire

access_time Publié le 10/02/2025.

L’association Solaal Occitanie organisait, lundi 10 février, le premier glanage solidaire dans l’Aude. Une collecte de légumes à même le champ qui seront ensuite adressés aux associations caritatives.

Les visages sont emmitouflés, les mains gantées, le dos courbé. Ce lundi 10 février au matin entre Castelnaudary et Mirepoix, une dizaine de bénévoles luttent contre le froid et s’activent pour réchauffer les coeurs. Ils participent à un glanage solidaire : une collecte de légumes directement dans le champ d’un exploitant avant de les confier à des associations caritatives. De l’exploitant aux bénéficiaires, une belle union pour enrayer à la fois le gaspillage et la précarité alimentaires. Une première dans l’Aude.

Bonnet rose vissé sur la tête, Laura Maniago ne passe pas inaperçue au milieu de son champ de carottes. Sa bonne humeur non plus. L’exploitante agricole de Gaja-la-Selve accueille, sur ses terres de la région de la Piège fouettées par un vent glacial, les bénévoles de l’association Solaal. Ensemble, ils récolteront en une matinée 371 kg de carottes et 187 kg de choux, qui seront ensuite redistribués aux 800 familles aidées par le Secours Populaire dans l’Aude.

« On jetait beaucoup trop »

« Lorsque je me suis installée comme maraîchère, toute ma famille a été frappée par l’énorme gaspillage qui découle de cette activité. On devait jeter un nombre démesuré de légumes. Uniquement parce qu’ils ne correspondaient pas aux critères des grandes surfaces et des commerçants. Des produits excellents mais au calibre qui ne convenait pas. On jetait beaucoup trop, ce n’était pas possible », se rappelle Laura Maniago. Des tomates pas assez rouges, des choux verts trop jaunes, des carottes pas rectilignes… Des tonnes de produits frais et de qualité rejetées par des calibreuses automatiques sans scrupules.

Avec un grand coeur et l’âme du chef d’entreprise, Laura cherche alors des solutions à son « petit » niveau d’abord. Puis finit par croiser la route de Solaal Occitanie. Elle adhère complètement aux principes de l’association et y prend des responsabilités : « Avec cette structure, on touche un maximum de personnes. Nos légumes déclassés et pourtant excellents trouveront des bénéficiaires qui pourront manger des produits sains et de qualité. » Une sorte de « champ à l’assiette » vertueux et solidaire.

Un intérêt aussi pour les agriculteurs

Alors ce lundi matin, sous les cache-cols de rigueur, les sourires ne manquent pas. Yvon Sarraute, producteur dans le Tarn-et-Garonne et président de Solaal Occitanie, le dit haut et fort : « Nous sommes des facilitateurs. C’est tout ! On est le lien entre les producteurs et les associations caritatives. Ici, un exploitant en fin de récolte était volontaire pour offrir son champ au glanage. Nous, on trouve les associations et c’est parti. C’est la participation de l’agriculture à la solidarité. Et cela peut aussi aider les exploitants ! » L’association étant installée au coeur du marché d’intérêt national de Toulouse, elle connaît bien également la problématique des palettes de maraîchers refusées une fois arrivées aux portes de Rungis ou d’ailleurs. « L’exploitant doit lors soit rapatrier sur son exploitation les palettes rejetées, soit les faire détruire sur place. Et cela a évidemment un coût. Comme notre association s’appuie sur un réseau national, elle peut rapidement trouver une structure caritative qui pourra récupérer les légumes pour ses bénéficiaires. Tout le monde est gagnant ! ».

Yvon Sarraute, président de Solaal Occitanie, tout sourire ! Photo A.G.®

Les associations ne récupéraient presque plus de produits frais

Cet élan solidaire fait donc des heureux de tous côtés. « C’est la première fois que je participe à un glanage, première fois qu’on vient récupérer les produits directement dans le champ et c’est incroyable, s’enthousiasme Virginie Belix, secrétaire générale du Secours Populaire de l’Aude. Nos antennes de Carcassonne et de Castelnaudary vont pouvoir bénéficier de ces légumes frais, de qualité et les distribuer aux familles accueillies. C’est notre seul moyen de pouvoir proposer des produits frais. Car on n’en récupère presque plus sinon. Là, nos épiceries vont être ravies ! »

Une initiative qui a germé il y a de nombreuses années dans l’esprit de feu Jean-Michel Lemétayer, ancien président de la FNSEA. Qui porte ses fruits chaque jour. Dans l’Aude, En Occitanie et partout en France.

Photo principale : emmitouflés, les bénévoles ont bravé le froid et récolté 558 kg. Photo A.G.®

Arnaud Gauthier

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