Gaëtan Sanchez est l’organisateur en chef du Trail de Fontfroide qui attend, dans le prestigieux écrin de l’abbaye audoise, plus de 2 000 participants les 15 et 16 mars. Il entraîne dans son sillage des dizaines de bénévoles qui donnent sans compter. Leur temps, leur énergie, leur savoir. Rencontre.
Dans le milieu des coureurs, il se dit qu’un coeur endurant et une belle cadence sont nécessaires pour suivre la foulée de Gaëtan Sanchez sur les chemins arides des massifs audois. À la veille du week-end du Trail de Fontfroide, l’affirmation est également vraie dans l’enceinte de l’abbaye, là où le quadragénaire s’active tous azimuts. Il orchestre, sans jamais élever la voix, le ballet des bénévoles oeuvrant pour accueillir dans quelques heures plus de 2 000 adeptes de courses nature. Du débutant au champion du monde, un joli plateau.
L’arrivée à Fontfroide
« Je suis un pratiquant. Je sais ce que j’aime trouver sur les courses auxquelles je participe. J’essaie donc tout simplement d’inclure ces ingrédients dans l’organisation de notre trail », résume modestement Gaëtan Sanchez. Et la recette semble régaler les adeptes. De 200 à 300 participants lors de ses premières éditions en terres narbonnaises, 500 en 2015, le Trail de Fontfroide affiche plus de 2100 inscrits pour sa cuvée 2025, organisée comme toujours par l’Athlétic club Narbonne Méditerranée (ACNM).
Un bel engouement populaire pour une course qui ne cesse de renaître de ses cendres. Il y a d’abord eu 2013 : l’équipe de bénévoles alors en place, lassée après des années d’implication, souhaite jeter l’éponge. Gaëtan Sanchez lève le doigt pour prendre la relève avec l’ACNM. Il emmènera la course dans le cadre unique de l’abbaye de Fontfroide pour les éditions 2018 puis 2019. Succès sur toute la ligne.
Une course qui a connu de sacrés obstacles
Pas de raison pour que l’édition 2020 ne soit pas sur la même lancée. C’était sans compter sur le Covid, l’allocution du président Macron, le confinement et l’annulation forcée… la veille de la course. Rebelote en 2021. « En 2022, ce sont des inondations qui nous obligent à annuler l’épreuve. Désormais, je crois que nous sommes prêts à tout supporter. Plus rien ne nous fait peur », ironise l’organisateur entre deux coups de téléphone et trois instructions glissées aux autres bénévoles. Dimanche, jour phare du week-end sportif, ils seront 120 pour encadrer les coureurs.
« On essaie de grandir de façon raisonnable. On veut que les conditions d’accueil restent optimales, que la course soit fluide, que le parking ne pose pas de grandes difficultés. On grandit étape par étape pour ne pas perdre notre identité. » Choyés, les « finishers » de l’épreuve – qui auront le droit à une bière offerte et des huîtres en plus des classiques dotations – confirmeront.
Du plus petit amateur au champion du monde espagnol
Sur le terrain, pour le tracé du parcours, même philosophie : « Il y en a pour tous les goûts. On essaie de varier les plaisirs. On n’ouvre pas de nouvelles traces. Nous sommes ici en zone Natura 2000, on travaille donc sur l’existant et on fait tout pour que les différents parcours plaisent au plus grand nombre », annonce Gaëtan qui peut être satisfait de voir que sur l’édition 2025, des enfants, des familles mais aussi des grands noms seront de la partie. Un plateau élite qui verra la participation de Hugo Deck, Mathilde Sagnes ou de l’Espagnol Marc Bernardes. « Avoir la reconnaissance à la fois du pratiquant qui vient ici pour s’amuser comme celui de grands coureurs, c’est sûr que ça fait très plaisir ».
Des difficultés à trouver des partenaires financiers
Côté reconnaissance par les plus grands, la satisfaction de l’organisateur vient aussi de l’inscription du Trail de Fontfroide au Challenge national. Une compétition qui ne sélectionne que 12 courses en France. Pas mal ! Mais pour arriver à un tel résultat, les efforts ne sont pas ménagés. « Ce n’est pas facile tous les jours. On travaille quasiment toute l’année sur l’organisation. Il faut arriver à trouver suffisamment de bénévoles et surtout les soutiens financiers. Et là, c’est de plus en plus difficile. Le trail qui voit pourtant sa popularité grandir chaque année n’est pas le sport pour lequel les collectivités et les sponsors attribuent les plus grandes aides. On arrive loin derrière le football ou le rugby. »
Les amis et les chasseurs dans l’aventure
Alors tout au long de l’année, il faut enfiler la casquette de VRP et convaincre les soutiens. Le Trail de Fontfroide tourne avec un budget de 60 000 €. « Le but, c’est d’arriver à l’équilibre et que tout le monde ait pris du plaisir et soit heureux. » Alors les amis, les connaissances sont mis à contribution. En 2025, les chasseurs du secteur participent aussi à l’organisation. « Ils sécurisent tout un secteur. C’est sympa de pouvoir compter sur eux ! »
Une vitrine pour l’abbaye
Au-delà du côté sportif et convivial, cette épreuve offre aussi une vitrine à l’abbaye de Fontfroide. « L’année dernière, il y avait déjà eu beaucoup de monde. Les voitures étaient garées assez loin… presque jusqu’à Bizanet », glisse Graham dans un humour so british. Le Britannique, installé depuis plus de 20 ans dans l’Aude, travaille à l’abbaye à l’année. Les visiteurs le croisent souvent à l’accueil. Il confirme l’intérêt pour le site de cette course : « Mi-mars, on est sur une période plutôt calme pour la fréquentation touristique et là nous avons, tout d’un coup, beaucoup de monde qui vient. Surtout des familles qui prennent le temps de découvrir le site. C’est très bien pour nous. Ça lance la saison !«
Voilà un nouveau point de satisfaction pour Gaëtan Sanchez. Un organisateur de trail des plus heureux quand des participants lui glissent à l’oreille quelques mots de remerciements. La simplicité fait parfois beaucoup de bien. « Lors des premières éditions, on ne se focalisait que sur les quelques retours négatifs. Aujourd’hui, on sait passer outre quand on voit la satisfaction de tous les participants. » Le trail comme ses organisateurs ont bien grandi depuis 2013.
Photo : Gaëtan Sanchez, le trail de Fontfroide dans la peau. ©A.G.
Arnaud Gauthier
