Perché sur une colline au cœur de la Haute Vallée de l’Aude, le petit village de Rennes-le-Château n’a encore rien dévoilé de ses mystères… Il est un lieu hors du temps associé à l’étonnante histoire de Bérenger Saunière, modeste curé de campagne qui transforma à jamais le destin de cette petite commune sans histoire.
De l’occupation romaine aux premières années du XIXe siècle, Rennes-le-Château, ancienne capitale wisigothique du Razès, a connu une histoire mouvementée. En remontant dans le temps, des fouilles ont permis la mise à jour d’un site de ponte d’œufs de dinosaures, ainsi que des pointes de silex qui témoignent d’un peuplement humain dès le néolithique et des vestiges d’amphores qui prouvent que plus tard les gallo-romains ont occupé ce lieu.
Au fil des siècles Rennes-le-château devient une solide forteresse. Charlemagne nommera à la tête du duché d’Aquitaine son cousin Guillaume de Gellone qui devient ainsi le premier comte de Razès. Ce n’est que plusieurs siècles plus tard que la cité retrouvera de sa superbe avec les seigneurs de la famille des Hautpoul par l’alliance en 1422 de Pierre Raymond d’Hautpoul avec Blanche de Marquefave.
Sans oublier Marie de Nègre d’Ables (1714-1781), avec qui s’éteint la branche des Hautpoul de Rennes. Son nom restera intimement lié à la légende du trésor notamment par l’épitaphe figurant sur sa stèle, aujourd’hui disparue, qui serait une des pièces maîtresses de la légende.
Mystérieux parchemins
De son arrivée au village à sa disparition en 1917, l’abbé Bérenger Saunière (ci-dessous) a connu un destin hors du commun. Né en 1852 à Montazels à quelques kilomètres de Rennes-le-Château, Bérenger Saunière est nommé prêtre à Rennes-le-Château en 1885.
Au vu de l’état de délabrement dans lequel se trouve le presbytère, il s’installe chez la famille Dénarnaud dont la mère et la fille seront tour à tour à son service. Dès son arrivée Bérenger Saunière se fait remarquer pour ses prêches enflammés et ses opinions politiques, mais aussi par les coûteux travaux qu’il entreprend pour rénover les bâtiments dont il a la charge et qui vont largement participer à la légende du trésor.
Il commence par rénover l’église, laquelle est dédiée à Sainte Marie Madeleine. Ce serait à l’occasion de la restauration de l’autel qu’il découvre de mystérieux parchemins. De nombreux documents laissent penser que l’abbé fait d’autres découvertes dans l’église, notamment une marmite remplie de pièces d’or et un tombeau.
Des fouilles dans le cimetière la nuit
Si la rénovation de l’église et l’aménagement de la place qui jouxte l’édifice religieux lui attirent l’attention bienveillante de ses confrères, certains agissements en revanche provoquent des protestations de la part des habitants du village. Ces derniers, surpris par l’étrangeté de son attitude notamment lorsqu’il entreprend des fouilles dans le cimetière, la nuit, avec sa servante, envoient en mars 1895 deux lettres au préfet pour dénoncer son comportement.
En juillet de la même année le conseil municipal prendra des mesures à son encontre. A partir de cette époque le train de vie de l’abbé va considérablement s’améliorer. Il fait construire une luxueuse villa, une tour néo-gothique, une tour de verre et un belvédère, le tout entouré d’un parc et d’un jardin à la française, sur des parcelles achetées au nom de sa servante Marie Dénarnaud.
Si le village de Rennes-le-Château peut paraître éloigné, l’abbé Saunière est loin d’être un homme isolé, vivant très entouré au milieu de la famille Dénarnaud. Son mode de vie intrigue pour un curé de campagne. Les voyages et les grandes réceptions qu’il organise vont susciter la méfiance. On lui prête également une vie sociale animée qui donne lieu à de fréquentes visites de personnes influentes, de notables. Certaines de ces relations seraient liées à l’engagement politique de son frère, l’abbé Alfred Saunière.
Coupable de détournements de fonds
Les dernières années de sa vie que l’on peut qualifier de noires sont rythmées par des difficultés financières croissantes et l’interminable procès qui l’oppose à sa hiérarchie. En effet, l’évêque de Carcassonne va instruire à son encontre un procès afin de déterminer l’origine des fonds qui lui ont permis d’édifier son domaine.
Profondément affecté par ces tracas, le prêtre éprouve une profonde lassitude tant physique que morale. En 1911, il se verra jugé « coupable de détournements des fonds dont il était le dépositaire » et condamné à une suspense à « divinis » (interdiction de donner les sacrements) mais il refusera toujours de présenter ses comptes devant le tribunal de l’Officialité de Carcassonne.
La sanction ne prendra fin qu’avec la mort du prêtre le 22 janvier 1917, date à laquelle, Marie Denarnaud, jeune servante hérite du domaine. Elle y vivra seule de nombreuses années dans le souvenir du curé. C’est en 1946 qu’elle cède son domaine en viager à la famille Corbu, qui le transformera en hôtel restaurant.
Un musée
Quelques années après la mort de l’abbé, se répandit la rumeur que la découverte d’un trésor était à l’origine de sa fortune. En 1956 la presse locale s’empare de l’histoire et c’est toute la France qui se passionne pour Rennes-le-Château et ses mystères.
A l’origine de ce déchaînement médiatique, Marie Dénarnaud, la fidèle servante, qui après la disparition du prêtre confie qu’elle connaît un secret qui pourrait rendre un homme riche puis à d’autres occasions elle parlera d’un trésor qui pourrait faire vivre tout le village pendant au moins 100 ans. Elle entretient le mystère du trésor tout au long de sa vie mais sans jamais transmettre le secret. Les premiers livres et la « fièvre de l’or » apparaissent dans les années 60.
Depuis, plus de 600 ouvrages ont été écrits, les chercheurs de trésor envahissent le site, toutes les hypothèses sont envisagées… jusqu’à Dan Brown qui s’inspire du sujet pour son best-seller « Da Vinci Code » adapté pour le cinéma en 2006. Aujourd’hui aménagé en musée, le presbytère de l’abbé invite à en savoir plus sur cet étonnant curé et ses découvertes.
Photos/Aude Tourisme/Raphaël Kann ; Limouxin Tourisme ; DR.