La rue Frédéric Soulié à Carcassonne longe le cimetière Saint-Vincent. Natif de Foix, cet homme qui a laissé son nom à une rue de la préfecture audoise, est aujourd’hui quasiment tombé dans l’oubli. Pourtant son talent de romancier, dramaturge et écrivain a marqué le début du 19e siècle, au même titre que Balzac et Dumas. Voici son histoire.
La vie de Melchior-Frédéric Soulié débute donc à Foix dans l’Ariège, le 23 décembre 1800. Un accouchement difficile pour sa mère qui en restera infirme. En pleine période révolutionnaire, son père, ancien professeur de philosophie à Toulouse, s’était engagé depuis 1792 dans l’armée. Ainsi, jusqu’à ses quatre ans, le petit Frédéric restera avec sa mère à Mirepoix (Ariège).
Il rejoindra son père dès 1804. Ils s’installeront d’abord à Nantes puis à Poitiers, où son père travaillait dans l’administration des finances. Ce dernier avait dû quitter l’armée après être tombé malade. En 1815, Frédéric terminera ses études secondaires. Son père, partisan de Napoléon, sera destitué après la restauration monarchiste.
Tous deux rejoindront Paris et Frédéric Melchior y suivra des cours de droit. Mais son engagement politique lui coûtera sa place. Signant des pétitions libérales et participant à la fronde contre le doyen de la faculté, il sera expulsé avec plusieurs de ses camarades à l’Ecole de Rennes, où il pourra terminer ses études sous surveillance policière.
Implantation définitive à Paris et premiers succès
De retour dans la capitale, son père et lui veulent se fixer définitivement sur Paris. Frédéric y publiera ses premiers vers sous le pseudonyme de F. Soulié de Lavelanet. Un premier ouvrage passé inaperçu auprès du public, mais pas du milieu littéraire. Il lui permettra de rencontrer notamment Casimir Delavigne qui l’encouragera dans cette voie-là, et il deviendra l’ami d’Alexandre Dumas.
Son adaption Roméo et Juliette de Shakespeare eut du succès en 1828, mais son Christine à Fontainebleau l’année suivante ne séduisit pas le public. Découragé, il devint journaliste et écrivit des nouvelles. En 1830, il reparut tout de même au théâtre pour la représentation de sa pièce en deux actes Une Nuit du duc de Monfort. Un succès qui le remit en selle.
Un mois après cependant, la révolution de Juillet éclate et Frédéric Soulié prend activement part aux combats, arme à la main. Il reçut notamment la Croix de Juillet et reprendra la plume après ces événements. Après plusieurs ouvrages aux succès mitigés, les œuvres Clotilde puis Les Deux Cadavres signeront son retour en grâce.
La consécration, une mort prématurée puis l’hommage des plus grands
Il connaîtra à nouveau quelques passages à vide artistiques. Des hauts comme Le Port de Créteil et des bas comme Le Roi de Sicile. Ce sont finalement ses Mémoires du diable, une œuvre titanesque publiée en 1837 qui lui permettront d’acquérir une immense renommée. Écrivain et auteur compulsif, il signera trois pièces de théâtre à succès dans la seule année 1939 : Diane de Chivri, Le Fils de la folle et Le Proscrit.
Jusqu’en 1847, Frédéric Soulié publiera de nombreux romans à succès et fera jouer plusieurs pièces elles aussi très bien reçues. La Closerie des genêts dont le succès fut colossal, sera sa dernière grande œuvre. Affligé par une maladie cardiaque, il souffrira pendant plusieurs mois avant de s’éteindre finalement le 23 septembre 1847 à Bièvres, au sud de Paris.
Frédéric Soulié avait alors 46 ans, une foule considérable assistera à ses obsèques à Paris, en l’église Sainte-Elisabeth du Temple. D’illustres auteurs lui rendront un dernier hommage, notamment Victor Hugo ou encore Alexandre Dumas. Frédéric Soulié restera pour la littérature et le théâtre comme l’un des grands auteurs de son époque.