Le 1er novembre 1897, l’abbé Antoine Gélis, curé de Coustaussa, était retrouvé gisant dans une mare de sang au sein de la cuisine de son presbytère. Aujourd’hui encore, son assassinat, comme le mobile, restent un mystère.
Dans la Haute-Vallée de l’Aude, un mystère peut aisément en cacher un autre. L’abbé Saunière a défrayé la chronique comme on le sait. Hasard ou pas, il connaissait fort bien le curé de Coustaussa, l’abbé Antoine Gélis, retrouvé mort le 1er novembre 1897.
L’assassinat de prètre, homme méfiant et discret avait créé l’émoi dans la région. Pourquoi et par qui a-t-il été assassiné ? Les questions n’ont pas trouvé de réponses et les hypothèses n’ont pas manqué à l’époque.
Qui est Antoine Gelis ?
D’abord curé de Durban puis de Lanet, l’abbé Antoine Gelis est affecté en 1857 à Coustaussou. Il a alors 30 ans. Lors de l’enquête sur sa mort, il est décrit comme quelqu’un de méfiant, voire peureux.
Il dort fenêtre et volets clos, ferme sa porte à double tour et a installé une clochette au-dessus de l’entrée.
Il ne reçoit guère que les visites de son neveu et sa nièce. En revanche, il fréquente régulièrement deux autres hommes de Dieu : l’abbé Saunière et l’abbé Boudet. La disparition de Gélis va d’ailleurs briser le trio.
Les faits
Au petit matin du 1er novembre 1897, le neveu d’Antoine Gélis découvre son oncle mort dans son presbytère. Il est couché tel un gisant au milieu d’une mare de sang.
Sa montre s’est arrêtée à minuit 15 (une mise en scène pour tromper les enquêteurs ?).
Le meurtrier n’a ni dérangé le mobilier ni laissé la moindre empreinte de son passage. Il n’a visiblement pas volé d’argent. Le curé de Coustaussou ne fumait pas et pourtant un carnet de feuilles a tabac est retrouvé dans la pièce. Ainsi qu’une feuille de papier avec une mystérieuse inscription : «Viva Angelina»…
Un suspect trop évident
Les enquêteurs concluent rapidement qu’Antoine Gelis a reçu une visite nocturne. Visite qui a mal tourné. Assis dans un fauteuil, le curé aurait été frappé une première fois par derrière avec très certainement un tisonnier puis une seconde fois alors qu’il se serait précipité à la fenêtre pour appeler à l’aide.
Premier sur les lieux, le matin, le neveu Joseph est vite soupçonné du crime car il ne cessait de harceler son oncle afin qu’il lui prête de l’argent. La visite nocturne aurait-elle tourné au drame ? Toujours est il que le 13 avril 1898, Joseph est inculpé de l’assassinat d’Antoine Gélis par le juge d’instruction. Mais les preuves sont minces et trois mois plus tard, la Cour d’Appel de Montpellier finira par rendre un non-lieu. Pour une bonne et simple raison : au moment de l’assassinat, le neveu en question n’était pas dans la région de Coustaussa.
Le nom de Saunière apparaît
Gélis – Boudet – Saunière : trois abbés unis pour le meilleur et pour le pire. Tous trois étaient – si l’on peut dire – cul et chemise. Et tous trois, sans qu’on puisse l’expliquer, avaient amassé une petite fortune. On a d’ailleurs trouvé des sommes rondelettes chez Antoine Gélis au cours de l’enquête.
Partageaient-is un lourd secret qu’Antoine Gélis aurait voulu divulguer ? C’est une des hypothèses qui a toujours cours. Le célèbre abbé de Rennes-le-Château aurait-il eu intérêt à faire taire son alter-ego ? Toujours est-il que la maison a été fouillée mais aucune somme d’argent n’a été volée. Gélis connaissait son visiteur puisqu’il lui a ouvert tout naturellement. Le curé de Coustaussa ne fumait pas.
Or, il flottait une odeur de tabac dans le presbytère. L’abbé Saunière était un fumeur, lui. Le papier de marque Izar, abandonné sur place, était de marque hongroise. La Hongrie, un pays où Saunière possédait un compte banque…
Quant au message «Viva Angelina», on sait que le célèbre abbé était féru d’énigmes. Des preuves un peu grosses pour être vraies ? Quoi qu’il en soit, en 2024, le mystère Antoine Gélis demeure toujours aussi épais. Béranger Saunière a peut-être emporté un secret de plus dans sa tombe…
Notre correspondant local
Photo : Reconstitution de l’assassinat le 1er novembre 2021 © « La Gazette de Rennes-le-Château et de l’Aude » / Johan Netchacovitch.