Moliéres-sur-l’Alberte est aujourd’hui un hameau rattaché à la commune de Ladern dans le Limouxin.
Il comptait quelque cent-vingt familles au début du XIXe siècle. En 1947, au sortir de la guerre, il était devenu tout simplement la plus petite commune de France.
Grandeur et décadence. L’exode rural a ses petites histoires. Un commerce qui ferme, puis un deuxième. Une école qui n’a plus lieu d’être, des familles qui s’en vont. C’est le lot de nombreux villages de France au fil des décennies. Et l’Aude ne fait pas exception.
Prenons l’exemple de Moliéres-sur-l’Alberte, commune créée fut créée en 1790 et qui, au début du XIXe siècle était un village plein de vie avec, dit-on, cent-vingt familles qui l’animaient. La commune n’a jamais cessé de décliner. Si aujourd’hui, il est devenu un charmant hameau situé à l’écart du village de Ladern-sur-Lauquet, c’est parce qu’il a été rattaché à celui-ci en 1965 de que de bonnes âmes on reconstruit, pierre après pierre, les maisons qui étaient en ruine.
On remerciera l’INA qui nous offre un incroyable sujet des «Actualités Françaises» du 20 novembre 1947. La télévision d’alors s’intéresse, ce jour-là, à Moliéres-sur-l’Alberte dans l’Aude. On y découvre un village en ruine, vidé de ses habitants. La voix du journaliste ajoute un poids supplémentaire au silence pesant. « Pas de fumée, le cimetière n’est pas plus silencieux que les rues. Pas un curieux aux fenêtres, pas un enfant au seuil des portes. Des carcasses de pierres mais Molières n’est pas mort», raconte-t-il.
Personne ne vient sauf le facteur
Non, en effet, ce village de l’Aude profonde n’est pas mort. Il bouge encore et peut-être est-il fier de sa particularité. Moliéres-sur-l’Alberte, justement bordé par l’Alberte, est devenu la plus petite commune de France avec… trois habitants.
Il peut même s’appuyer sur un conseil municipal avec le maire Jacques Raynaud et deux conseillers qui ne sont autres que… ses parents !
«Personne ne vient», ajoute le journaliste alors que la caméra balaye des rues jonchées de pierres venues des maisons délabrées. Personne ne se rend à Molières. Sauf le facteur qui accomplit un périple de 18 kilomètres aller-retour pour apporter le journal officiel (qui ne sert pas à grand-chose) et relever une boîte postale dans laquelle, depuis 25 ans, il n’a jamais trouvé une lettre. Mais il accomplit sa mission sans sourciller.
On connaît la suite. Mais de nos jours, avec un statut de hameau, situé à cinq kilomètres du village, Moliéres-sur-l’Alberte a repris des couleurs avec sept familles en son sein. «Ce lieu mérite d’être visité tant il est beau», dit-on à la mairie de Ladern. Grâce à l’INA, on sait aussi d’où il vient, lui qui peut se targuer d’avoir été, un temps donné, la plus petite commune de France…