Les nouveautés tombent comme des hallebardes sur la Cité médiévale en l’an de grâce 2024. Les remparts intérieurs font l’objet d’une campagne de restauration sans précédent depuis celle menée par l’illustre Viollet-le-Duc au XIXe siècle, qui ancra définitivement la silhouette archétypale de cette cité fortifiée médiévale, classée à l’Unesco en 1997, dans le paysage patrimonial français et international.
Six millions d’euros investis
Le Centre des monuments nationaux (CMN) a entrepris cette vaste opération afin d’offrir aux visiteurs un parcours inédit sur les remparts intérieurs de la Cité ainsi que l’ouverture de nouvelles salles à la visite. « Le CMN a procédé aux premières campagnes de mises en sécurité dès 2007. Cela a commencé par le rempart nord, la chemise du château comtal puis on a continué sur le versant sud jusqu’à la tour des prisons. Il ne nous reste plus qu’un secteur de muraille d’à peu près 300 m pour faire la jonction entre ce qui a été mis en sécurité sur le front nord et le versant sud. C’est ce que nous sommes en train de réaliser », détaille Amancio Requena, administrateur adjoint du château comtal.
En effet, d’abord annoncée pour le mois de juin, l’ouverture de la totalité des remparts ne pourra se faire qu’à partir de septembre (si tout se passe bien) car « deux tours présentent des symptômes de fragilité de leurs bases et nécessitent des injections de béton », précise M. Requena. Aléas inévitables d’un chantier aussi vaste que celui-ci au budget colossal de 6 millions d’euros. « Nous avons eu la chance de pouvoir profiter du Plan de relance car nous avons bénéficier de 4, 5 M€ et le CMN a mis 1, 5 M€. »
Une première quasi historique
Une fois cette partie définitivement consolidée, « nous pourrons ouvrir la totalité de l’enceinte intérieure et proposer à la visite à la fois le château, son intérieur, son dépôt archéologique et ses très belles salles d’apparat, et cette enceinte pour faire le tour complet de la cité et avoir un promontoire domiant la cité et un superbe belvédère sur les paysages environnants, du piémont pyrénéen à la montagne Noire ». Une vue à 360° sur l’ensemble de la ville et son environnement prometteuse.
Il s’agit quasiment d’une première historique car des visites sur l’ensemble des remparts ont déjà été organisées « entre les années 1920 jusqu’à la Second Guerre mondiale, révèle Amancio Requena. Elles étaient assez confidentielles car il fallait déambuler avec un gardien. Puis la réglementation a évolué et il n’a plus été possible de s’y rendre sans barrière de sécurité. »
Dès le rentrée l’automne 2024, le public pourra ainsi marcher dans les pas de ces pionniers du tourisme médiéval en parcourant, en toute autonomie cette fois, le château et ses remparts (un peu moins de 1, 5 km sur l’enceinte intérieur, 3 km de remparts en tout sur les deux murs d’enceinte). « Nous avons prévu des sorties intermédiaires pour celles et ceux qui souhaiteraient faire qu’une partie du parcours, que l’on ne se sente pas piéger une fois engagé », précise l’administrateur adjoint.
Des « Visites prestiges » dès cet été
Autre nouveauté : les « Visites prestiges » (17 € par personnes, groupe limité à 18 personnes), pour s’offrir un tour en dehors des sentiers battus en pénétrant des salles jusqu’ici interdites au public dans la tour de l’Inquisition ou encore dans les sous-sols du château pour admirer les mosaïques gallo-romaines qu’ils renferment. « Nous proposerons également de faire ces visites à des moments particuliers de la journée, tôt le matin ou en début de soirée, pour procurer aux visiteurs, à double titre, le sentiment d’avoir le privilège de tisser une relation exceptionnelle, plus intime avec le monument. »
Une manière d’échapper à la foule, nombreuse, qui vient chaque année visiter le château comtal : plus de 640 000 personnes (plus de 3 millions en tout pour la cité médiévale selon les chiffres de la Ville de Carcassonne). Reste à savoir si les Jeux olympiques de Paris feront grimper la fréquentation durant l’été, une période déjà saturée (un tiers des visites annuelles environ). « Pour échapper à la foule, la stratégie s’est de venir hors saison », conclut Amancio Requena.
Cyril Durand
Contact : site internet des remparts de Carcassonne.
Photo principale : Amancio Requena, administrateur adjoint du château comtal de Carcassonne (© Cyril Durand).
