En février dernier, la Fédération nationale des blessés du poumon fêtait son centenaire à… Campagne-sur-Aude où elle avait été créée le 15 février 1921 après la Grande Guerre. Le village audois est jumelé avec la commune de de Salagnac-de Clairvivre. Et ce n’est pas un simple jumelage de sympathie. Mais plutôt une union du souvenir. Explications.
On a souvent parlé – à juste titre – des « gueules cassées », victime de la Grande Guerre. Ces soldats défigurés à vie sur les champs de bataille. Ces poilus-là avaient la reconnaissance de la Patrie. Ce qu’on sait moins, c’est que la guerre avait créé une cassure entre les combattants revenus de l’enfer.
D’un côté les blessés et de l’autre les malades, tuberculeux pour la plupart. Ces derniers se retrouvaient même mis au ban de la société. A l’époque, la tuberculose, contractée notamment dans les tranchées à cause des gaz, était une malade très grave et souvent mortelle.
Pour venir en aide à ces malades, il fut alors décidé de construire un hôpital militaire à Campagne-sur-Aude et plus précisément au hameau de Campagne-les-Bains. Pourquoi dans l’ouest du département de l’Aude ?
Parce que l’air y était bon et le lieu ensoleillé. Un endroit idéal pour soigner la tuberculose et permettre aux hommes de retrouver la santé. Une belle initiative pourtant mal vue par les habitants de Campagne-sur-Aude et des environs. La peur de la contagion et l’image dévastatrice de la tuberculose expliquant le rejet des « locaux ».
Une volonté humaniste
Les malades souffraient aussi de la comparaison avec les combattants blessés par arme et ils ne touchaient aucune indemnité. Aux yeux des premiers, les seconds n’étaient pas vraiment des blessés.
C’est pour cela que, afin de défendre leurs droits, plusieurs combattants soignés à l’hôpital de Campagne-les-Bains ont décidé d’unir leurs forces et de fonder, le 15 février 1921 l’Association nationale des blessés du poumon, soit l’actuelle FNBPC.
Un siècle plus tard, la vocation humaniste de la structure, mue par les sections départementales, a conservé toute sa vigueur. Au mois de février dernier, on a n’ont rien perdu de leur vocation humaniste. La Fédération a fêté dignement son centenaire à Campagne-sur-Aude, là où elle avait été créée en 1921.
Dans ces moments où le souvenir est bien vivace, une autre commune n’a pas été oubliée et pour cause : elle est jumelée avec Campagne-sur-Aude.
« Un lien historique »
Dans les années 30, la Fédération a été le pilier de la réalisation du village de Clairvivre, sur la commune de Salagnac en Dordogne, au profit des tuberculeux et de leurs familles.
Albert Delsuc, le fondateur de l’Association nationale des blessés du poumon, définissait cette petite cité autonome comme « une œuvre de paix et de fraternité, créée par les malades, pour les malades ».
En 2017, les communes de Campagne-sur-Aude et de Salagnac ont décidé de s’unir en raison du lien fort qui les relie à travers la grande Histoire. « Pour qu’il y ait un jumelage officiel, il faut évidemment deux volontés communales convaincues des bienfaits de l’échange et de la découverte de l’autre avec ses différences. Très rapidement nos deux conseils municipaux, convaincus qu’au travers de la FNBPC un lien historique impactait nos deux communes, ont délibéré chacun et à l’unanimité de ses membres, afin que soit réalisé le jumelage entre nos deux communes », souligne Gilbert Simon, le maire de Campagne-sur-Aude.
L’objectif de ce jumelage est aussi de se souvenir et ne pas oublier…