Avec les « taxes Trump », l’Occitanie vivra « un choc économique » alerte la députée européenne Claire Fita

access_time Publié le 07/02/2025.

Le 31 janvier 2025, l’annonce de Donald Trump concernant l’imposition de nouveaux droits de douane sur les produits européens a ravivé une inquiétude parmi les responsables politiques européens, trouvant un écho jusqu’en Occitanie. L’eurodéputée Claire Fita (PS) a fustigé « cette politique protectionniste qui pourrait destabiliser les économies régionales » au cours d’une conférence de presse, ce vendredi 7 février, à Montpellier.

À Washington, c’est une hausse de près de 25 points, soit un passage de 3 à 28% de droits de douane qui est entrevue. Une semaine après cette déclaration, ce vendredi 7 février, la députée européenne Claire Fita (PS), membre de la Commission du commerce international et conseillère régionale, a pris la parole los d’une conférence de presse à Montpellier pour alerter sur “les conséquences de cette politique protectionniste qui pourrait déstabiliser les économies régionales”, notamment la région Occitanie. 

Une menace économique mondiale

Les implications économiques d’une telle hausse des droits de douane sont profondes. Selon les experts économiques, notamment ceux de Goldman Sachs, environ 40 % des exportations européennes vers les États-Unis pourraient être soumises à des droits de douane accrus. En réponse, “l’Union européenne pourrait voir sa croissance mondiale affectée de 7 %, tandis que la perte estimée pour le PIB de la zone euro pourrait atteindre 1 %”. Dans ce contexte, l’Occitanie, déjà vulnérable à l’inflation, serait particulièrement exposée à “des répercussions dramatiques sur ses secteurs clés : la viticulture, l’aéronautique et le spatial”.

La viticulture, en particulier, est en première ligne, notamment dans l’Aude, avec des pertes importantes à prévoir si les droits de douane sur les vins et spiritueux augmentent puisque la région exporte près de 3,3 milliards d’euros vers les États-Unis. Claire Fita a rappelé que, en 2019, les taxes sur les vins français avaient causé une perte de 600 millions d’euros, soit une chute de 40 % des exportations vers les États-Unis. “Nous avons déjà vécu cette situation il y a six ans avec la hausse de la taxation des vins et spiritueux français. Nous savons que Trump n’hésitera pas à cibler des secteurs stratégiques pour fragiliser nos économies. Rajouter ce type de difficultés aux viticulteurs dans le contexte actuel de crise du marché, ça voudra dire abandonner pour un certain nombre d’interlocuteurs dans cette filière”, affirme-t-elle. 

Le modèle européen à défendre

Pour Claire Fita, cette guerre commerciale ne se résume pas à un conflit économique, elle touche directement au cœur du modèle européen. “Cette politique commerciale remet en cause notre modèle social et démocratique. Trump veut affaiblir l’Europe en exploitant les divisions internes et en soutenant des forces politiques qui partagent ses intérêts. Une preuve pour eux que le capitalisme n’a pas besoin de démocratie”, avance-t-elle.

Elle évoque ainsi l’alliance inquiétante entre certains partis d’extrême droite européens et des oligarques de la tech américaine qui souhaitent réduire le rôle de l’Europe sur la scène mondiale. “L’Europe doit se défendre, se protéger et protéger ses valeurs démocratiques. Elle doit aussi produire plus, et plus vite”, insiste la députée européenne.

“C’est une véritable guerre économique”

La députée européenne a plaidé en faveur d’une réponse ferme et immédiate de l’Union européenne face à cette menace. “Si Trump taxe nos exportations, nous devons taxer les siennes. Si Boeing est favorisé, nous devons défendre Airbus”, persiste la députée européenne. Et selon elle, “l’Europe dispose des outils nécessaires pour se défendre” : les instruments “anti-coercition” adoptés en 2023. Ainsi, parmi les options envisagées par Bruxelles, on retrouve la possibilité d’augmenter les droits de douane sur certains produits américains, mais aussi des sanctions ciblées sur des secteurs où les États-Unis sont vulnérables.

“Si la Commission européenne est hésitante, nous, responsables politiques, devons faire entendre la voix de l’urgence”, pointe Claire Fita, certaine que le temps est compté pour éviter une déstabilisation économique. “Nous avons les moyens de répondre à cette attaque. Il faut maintenant une volonté politique forte pour protéger l’économie européenne et défendre nos valeurs fondamentales”, ajoute-t-elle, regrettant qu’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, n’ait pas réagi immédiatement avec sévérité à la menace commerciale de Donald Trump.

La conseillère régionale a profité de son intervention pour indiquer que la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, avait déjà prévu de soulever la question lors de la prochaine assemblée plénière pour “engager un suivi régional” et “préparer des ripostes économiques locales”.

Louise Brahiti

Photo : La députée européenne et conseillère régionale Occitanie Claire Fita (PS) © DR.

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