À 56 ans, Anne-Sophie Ledoyen a succédé à Georges Combes à la tête de la mairie de Ginestas. Elle est devenue ainsi la 71e maire au féminin du département de l’Aude. Un chiffre bien loin des canons de la parité.
Êtes-vous Ginestacoise d’origine ou d’adoption ?
Je suis née dans le Nord et je suis Ginestacoise d’adoption. Après mes études à la Catho de Lille, je suis partie travailler à Nice dans le secteur « contrôle qualité » d’un grand laboratoire pharmaceutique. Fin 1999, j’ai suivi mon mari qui ouvrait un cabinet d’assurances à Narbonne et nous nous sommes installés à Ginestas.
Qu’est-ce qui vous avait motivée à entrer dans l’équipe municipale de Georges Combes ?
En 2007 que j’ai rencontré pour la 1ère fois l’ancien maire de Ginestas, Marcel Compe avec qui j’ai discuté de la mairie et de ses projets. C’est lui qui m’a proposé de rejoindre sa liste pour les élections municipales de mars 2008. Quand il a démissionné en 2010, c’est Georges Combes, son adjoint qui lui a succédé en tant que maire jusqu’en 2014. Dès 2010, nous avons travaillé en binôme pour le passage à la dématérialisation et pour qu’il ait plus d’autonomie et de fluidité dans ses échanges. Je suis restée dans son équipe municipale en 2014 lors des élections et j’ai pris en charge une nouvelle fonction.
Laquelle vous a été confiée ?
Celle de l’action sociale. J’ai une vice-présidence au sein du Centre intercommunale d’action sociale porté par le SIVU du Sud Minervois qui porte la compétence sociale pour onze communes du canton. D’abord déléguée à l’enfance/jeunesse, je suis passée tout récemment aux finances. Je suis également membre du CST (comité social territorial) qui est l’instance de représentation et de dialogue social. C’est tout naturellement que je suis restée dans l’équipe municipale de Georges Combes en 2020 comme première adjointe aux finances.
Vous attendiez-vous à ce qu’il rende son tablier après seize ans de mandat ?
Dès son investiture, il avait annoncé à l’équipe municipale son intention de ne pas aller au bout du mandat. Il l’avait aussi plusieurs fois annoncé à la population au cours d’allocutions publiques.
En tant que première adjointe, étiez-vous la candidate logique à sa succession ?
Mon élection a été un consensus au sein du conseil Municipal. J’avais beaucoup appris de son expérience et j’étais la seule candidate au sein du conseil. Voilà comment je suis devenue maire de Ginestas.
Dans l’Aude, vous êtes la 71e maire au féminin en exercice. C’est peu non ?
71 sur 433 c’est peu par rapport au ratio national de 20 %. Cette disparité souligne un déséquilibre persistant dans la représentation des femmes en politique, notamment à des postes de responsabilité. Bien que des progrès aient été réalisés ces dernières années grâce à des politiques de parité et à l’implication croissante des femmes dans la vie publique, les femmes restent sous-représentées dans de nombreuses instances locales. Ce faible nombre de femmes maires dans le département de l’Aude reflète des obstacles structurels et culturels, tels que les stéréotypes de genre, les difficultés d’accès à la vie politique locale, ou encore le manque de soutien institutionnel pour les femmes candidates. Il est donc essentiel de continuer à encourager l’inclusion et à mettre en place des mesures pour favoriser l’égalité des sexes dans les mandats électifs.
Selon l’Observatoire d’Occitanie pour la parité, le nombre de femmes maires est important dans les petites communes, là où il y a le moins de moyens, le moins de pouvoir et le moins d’indemnités. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
Et pourtant il y a une charge de travail élevée ! La compétition est moins rude et laisse plus de place aux femmes par rapport aux communes plus grandes qui sont souvent plus structurées avec des réseaux politiques ancrés et des stéréotypes de genre plus marqués.
Pensez-vous que la place des femmes en politique a évolué ces dernières années ?
Oui, je pense que la place des femmes en politique a évolué même si j’estime qu’être maire d’une commune ne se résume pas à un genre. La gestion d’une commune est une tâche complexe qui nécessite des compétences spécifiques en matière de droit, de finances, d’urbanisme, etc.… Il faut aussi avoir des capacités de décisions, de négociations, de communication, savoir fédérer. Les femmes ont ces qualités autant que les hommes. La parité imposée en 2013 y est aussi pour beaucoup dans cette évolution.
Est-il plus compliqué pour une femme de gérer vie publique et vie privée ?
Tout est une question d’organisation et de temps. Gérer vie publique et vie privée est une balance avec deux plateaux qu’il faut doser pour obtenir un équilibre. Être un homme ou être une femme n’y change rien. Il faut jongler entre obligations professionnelles, responsabilités familiales et aspirations personnelles.
Estimez-vous que vous avez un an et demi pour faire vos preuves avant les prochaines élections municipales ?
Un an et demi s’est trop peu pour faire ses preuves. D’autant que je ne suis pas complétement novice dans la pratique puisque j’ai été en binôme sur le poste de maire depuis 2010. Mon implication dans ces dossiers m’a aussi permis de gagner la confiance des habitants et des partenaires. Cependant, un an et demi de mandat est trop court pour déployer pleinement toutes les ambitions et mener à bien des projets de grande envergure. Le temps nécessaire pour installer des dynamiques durables et obtenir des résultats tangibles dépasse souvent cette période initiale. C’est pourquoi il me semble important de pouvoir poursuivre le travail entamé, d’autant plus que des bases solides ont été posées pour les années à venir. J’ai des ambitions pour mon village !
Propos recueillis par notre correspondant local