L’écrivain et avocat au barreau de Toulouse, né à Carcassonne et décédé en 1989, a aussi signé des films qui pouvaient déranger ou ayant matière à réflexion.
Quand la censure ne passait pas par là pour faire barrage à ses sujets brûlants… André Cayatte est mort en 1989 à Paris d’une crise cardiaque quelques jours après son quatre-vingtième anniversaire.
Il était né en 1909 à Carcassonne. Romancier à ses débuts, il a mis son talent au service du cinéma et de façon plutôt non-conformiste. Son but en tant que réalisateur : s’attaquer à des sujets de société délicats et interpeller le citoyen-spectateur.
Pas évident à son époque, des années 50 aux années 70 de mettre sur la table des thèmes sensibles tels la corruption, l’abus de pouvoir, la délation, la pédophilie, l’euthanasie, la bombe atomique, la réconciliation franco-allemande ou encore la peine de mort. De sorte qu’il ne s’est pas fait que des amis et qu’on a souvent tout fait pour lui mettre les bâtons dans les roues.
L’affaire Seznec, projet maintes fois retoqué
Interpeller, faire réfléchir : tel était son credo. Il n’avait d’ailleurs pas une haute idée de la justice. On en veut pour exemple un des faits divers les plus marquants du XXe siècle : l’affaire Seznec. Sensibilisé par cette histoire et croyant dur comme fer à l’erreur judiciaire, André Cayatte a voulu la porter à l’écran.
Pour le moins frileux, les producteurs ont refusé pas moins d’une vingtaine de projets. Au début de l’année 1951, le cinéaste audois a bien cru tenir le bon scénario. Il envisageait même d’offrir à Guillaume Seznec dans un long métrage un rôle sous forme de reconstitution commentée en voix off. Une sorte de docu-fiction avant l’heure.
Mais à l’époque, la liberté avait ses limites. Celles posées notamment par le ministre de la Justice René Mayer qui a simplement menacé le producteur du film, allant même jusqu’à brandir la perspective de fermeture des salles de cinéma par les préfets. Censure quand tu nous tiens…
Bridé mais populaire, André Cayatte n’en a pas moins gardé un œil acéré vis-à-vis de la justice, signant ainsi des films comme Justice est faite (1950), Nous sommes tous des assassins (1952) ou encore Avant le déluge (1954).