Belge d’origine, ce quadragénaire a quitté le monde de la finance pour s’installer dans l’Aude et créer son entreprise, Oxxitan, avec une ambition : valoriser les plantes régionales grâce au gin.
« Je suis tombé amoureux », lance en guise d’introduction François Lefebvre. Amoureux des vignes, de la garrigue et du champ du vent sur les toit d’Albas, petit village de 78 habitants niché à 343 m d’altitude dans les Corbières. Après une carrière dans la finance dans le Grand duché du Luxembourg, cet originaire des Ardennes belges a changé de vie et de cap quand le Covid a frappé son quotidien. Guidé par d’agréables souvenirs de jeunesse à ramasser le raisin au cours de vendanges dans ce coin de l’Aude, le quadragénaire est revenu s’installer ici avec une idée précise : créer sa propre société.
« Mettre en valeur la botanique »
Son idée ? Faire entrer les plus belles plantes de la garrigue dans une bouteille de gin. Ou plutôt plusieurs, car son projet est bel et bien de faire d’une passion pour la botanique un métier. Il souhaitait dans un premier temps se lancer dans les plantes aromatiques mais la récente crise du secteur lavandicole a eu raison de son ambition première.
Ce sera finalement le gin qui trouvera grâce à ses yeux pour, dit-il, pouvoir « mettre en valeur la botanique de la région avec un spiritueux haut de gamme ». Cet alcool se prête avec aisance à l’exercice car il est, d’une part, « facile à faire » et résulte d’un savant mélange de plusieurs plantes, selon les recettes, présente dans la garrigue. « On a tout sous nos pieds », dit-il. La sienne, de recette, il la garde secrète, mais assure avoir « pris le temps pour l’élaborer avec un maître distillateur », le bien nommé Philippe Defleur (ça ne s’invente pas) à partir d’un alcool de blé maison.
« Le parfum puissant des immortelles »
Il confie tout de même que celle-ci contient les baies de « onze genévriers sauvages différents » et évoque « le parfum très puissant des fleurs d’immortelle, la bruyère, le romarin ou la camomille » quand il parle de sa boisson. Il se fournit chez des producteurs bio « tous originaires de la région ex-Languedoc-Roussillon » et garantit ainsi un gin « 100 % naturel, sans arôme artificiel » qu’il définit lui-même comme « haut de gamme ».
Le marché des spiritueux étant très compétitif, François Lefebvre ne cherche pas « à plaire à tout le monde mais plutôt à occuper une niche » en visant « le qualitatif et la longévité ». Environ 10 000 bouteilles estampillées « oxxitan » sont sorties de sa première fournée, au printemps 2023, distribuées en partie par Le Chais Débarque de Narbonne « qui couvre une large partie du territoire occitan », explique-t-il.
« J’ai trouvé ma voie »
Vendues aux alentours de 40 € la bouteille, sa marque est disponible chez des cavistes, comme à Gruissan ou Narbonne, et « [il est] actuellement en pourparlers avec un grand groupe« , assure-t-il. Bien que discret sur le montant de son chiffre d’affaires, la reconversion de cet homme de la finance en chef d’entreprise semble sur le bon chemin. En tout cas, « [il a] trouvé [sa] voie », conclut-il dans un sourire.
Cyril Durand
