« Créer un dialogue avec l’animal »
Chevaux, chiens, chats, mais aussi parfois oies, poules, cochons et encore oiseaux. Ce n’est pas l’inventaire d’une nouvelle arche de Noé, mais les animaux auprès desquels Séléna Correia, ostéopathe spécialisée, intervient aux quatre coins de l’Aude. Elle nous parle de son expérience.
Pourquoi vous être dirigée vers l’ostéopathie animale ?
Ma maman m’a très vite inculqué que le bien-être d’un corps réside dans l’écoute et l’équilibre que nous lui apportons. Les chevaux font partie de ma vie depuis mes 6 ans, ils sont pour moi une famille et m’ont guidé dans bon nombre de mes choix, notamment l’ostéopathie. Ils sont mon équilibre et une joie de vivre au quotidien. Les animaux de façon générale sont incroyables !
C’est alors de façon très naturelle que je me suis dirigée vers l’ostéopathie pour les animaux. La possibilité de redonner un équilibre au corps grâce à ses mains me fascinait. C’était pour moi l’occasion de créer un dialogue avec l’animal autre que par la parole.
Est-ce une pratique récente visant le bien-être animal ?
L’ostéopathie animale a été introduite dans les années 80. C’est un métier très reconnu dans le milieu des courses hippiques qui a fini par s’étendre dans tout le secteur hippique au fil des années. Pour les chiens et chats, c’est bien plus récent et l’ostéopathie tend encore à trouver sa place.
Beaucoup de propriétaires ne sont pas au courant que ce métier existe pour le bien-être de ces petits carnivores. Depuis peu, les éleveurs font eux aussi appel à l’ostéopathie pour leurs animaux de rente. C’est une profession officiellement reconnue et réglementée par le Conseil National de l’Ordre des Vétérinaires depuis 2017.
« Je rassure les animaux et les humains »
L’être humain met des mots sur la douleur. Comment cela fonctionne-t-il avec les animaux ?
Dans un premier temps je dirais que l’observation est primordiale et permet de se rendre compte du milieu dans lequel il vit, de comprendre son comportement son schéma postural. Ensuite, la palpation, les tests articulaires et viscéraux vont nous donner des indications sur les déséquilibres de l’organisme.
Des questions sont posées au propriétaire afin de mettre en lumière certaines interrogations. C’est comme une enquête, il faut mettre en lien les informations transmises par le propriétaire, les réactions de l’animal pendant le diagnostic, la locomotion observée de l’animal et mes tests.
Comment gérez-vous le stress et les réactions inattendues des animaux ?
J’ai très vite compris que l’état d’être de l’animal au moment de la séance, dépendait en partie de mon état émotionnel ainsi que celui de son humain. Donc, je rassure les animaux et les humains qui ont besoin de l’être et ça se passe très bien. Les séances se font toujours avec l’accord de l’animal et c’est primordial pour moi, sinon ça n’a aucun intérêt d’apporter du bien-être, en mettant l’organisme en état de stress complet.
Il peut arriver que certaines zones du corps soient chargées émotionnellement (car ancien traumatisme), ce qui peut entraîner des réactions agressives de leur part mais c’est passager. Une fois l’articulation libérée, l’animal ne réagit plus sur la zone en question.
Certains animaux sont-ils plus compliqués que d’autres ?
Je dirais ceux qui ont été maltraités, car ils peuvent prendre un acte de bienveillance pour une menace et réagir en conséquence. Mais on apprend très vite à désamorcer ce genre de situation. La plupart du temps, les séances se passent très bien.
Les propriétaires d’animaux ont-ils le réflexe ostéopathe ou trouvent-ils cela un peu saugrenu ?
Je dirais que chez les propriétaires des chevaux beaucoup ont le réflexe de nous appeler et comme c’est très réputé dans le milieu, pour eux, il n’y a rien de ridicule. Pour ce qui est des chiens et des chats, certains ont le réflexe et d’autres pas du tout. Parfois, il arrive que certaines personnes pensent cela inutile, car ils ne font pas appel à l’ostéopathie pour eux-mêmes. Dans leur cas, c’est un peu saugrenu.
« La Réserve Africaine ? J’aimerais beaucoup ! »
Vous intervenez sur un grand rayon géographique. Est-ce que les ostéopathes animaliers sont encore rares ?
Effectivement, mon secteur est assez large, mais cela s’explique. En effet, je vois les animaux en moyenne une à deux fois dans l’année, donc il me faut énormément d’animaux pour en vivre. Il y a beaucoup d’animaux dans le département mais tous n’ont pas le réflexe de l’ostéopathie et d’autres ne connaissent absolument pas le métier.
Les ostéopathes animaliers ne sont absolument pas rares bien au contraire. Étant donné que les études ne sont pas reconnues, l’enseignement est donné par des écoles privées qui naissent chaque année. Et malheureusement, il n’y a pas de numerus clausus comme dans les écoles d’ostéopathie humaine. Par conséquent, il y a de plus en plus de monde sur le terrain.
Vous est-il arrivé d’être appelée par la Réserve Africaine de Sigean ?
Non mais j’aimerais beaucoup, ça doit être une superbe expérience ! Si jamais ils vous lisent, ça serait avec grand plaisir.
L’ostéopathie animalière est-elle éprouvante par la praticienne que vous êtes ?
L’ostéopathie peut-être physique sur les grands animaux et me demande pas mal de souplesse pour les petits animaux, mais j’ai un très bon ostéopathe ! Les seuls points qui peuvent être compliqués à gérer au quotidien, sont plus administratifs car il est parfois difficile de trouver du temps pour tout gérer.
C’est un métier où l’on passe beaucoup de temps sur la route ou en consultation, donc les journées peuvent commencer très tôt et finir très tard. Il faut vraiment une organisation rigoureuse et j’y travaille encore et encore.
Plus de renseignements : osteopathe-animalier-aude.fr