« Nous constatons une très forte augmentation du nombre de défaillances d’entreprises  »

access_time Publié le 14/12/2024.

Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), a évoqué, le 5 décembre, la situation des TPE et PME françaises dans un contexte politique incertain.

En quoi l’absence de budget risque-t-elle d’accroître les difficultés des TPE et PME françaises ?

Cette absence risque de conduire à un « no man’s land économique » pour une raison très simple : sans budget ni gouvernement, nos entreprises n’auront aucune visibilité pour répondre à de véritables interrogations, sur la façon dont va évoluer la fiscalité par exemple.

Comme nos entreprises ne sont pas en mesure de savoir ce qui va se passer, elles ne sont pas capables de se projeter… Cela aura pour conséquence de prolonger l’attentisme dont elles font preuve actuellement. La dissolution risque donc de plonger notre économie, qui tournait déjà au ralenti, tout simplement en mode pause.

C’est pour cela que vous dites aussi que « le plus grand plan social en France se passe actuellement dans les TPE et PME » ?

Oui, c’est ce qu’on constate sur le terrain. Au regard des chiffres, nous constatons une très forte augmentation du nombre de défaillances d’entreprises : nous sommes revenus au niveau d’avant Covid et nous l’avons même légèrement dépassé. L’élément le plus inquiétant, c’est que la taille des entreprises qui disparaissent a tendance à grandir. Cela signifie que le nombre d’emplois concernés va encore être amené à croître. Même si on ne parle pas de plan social chez Michelin ou d’autres grands groupes pour l’instant, ce sont des entreprises qui ont entre 50 et 100 salariés qui sont désormais menacées. Ce sont des acteurs très importants dans les territoires et si elles disparaissent, il y aura des conséquences sur l’ensemble du tissu économique.

Une fois que l’orage politique sera passé, quelles devront être les priorités du futur gouvernement pour mieux accompagner nos entreprises ?

D’abord reprendre un certain nombre de textes qui étaient bien avancés, notamment celui sur la simplification administrative. Parce que c’est ce qui plombe actuellement le quotidien de nos chefs d’entreprise et que ça a un coût très important à la fois pour la collectivité et les entreprises.

Ensuite, il y a des filières quasiment à l’arrêt à cause de décisions qui ont été prises. Notamment la construction et le logement. Il faut à tout prix prendre des mesures de bon sens pour redynamiser cette filière qui représente à peu près 10 % d’emplois salariés en France.

Enfin, la mère de toutes les batailles, c’est la réforme de l’action publique et évidemment le sujet des déficits publics. Car rien qu’en 2025, les intérêts de la dette publique française vont représenter 50 Mds€, soit plus que les budgets du ministère de la Justice et de l’Écologie réunis. Il est donc plus que temps de s’en préoccuper.

Dans ce contexte où le flou prédomine pour les TPE et PME, qu’est-ce qui pourrait leur apporter un petit peu
de lumière ?

Il nous faut de toute urgence un pouvoir politique qui se préoccupe des sujets immédiats comme la dette, mais aussi qui soit capable de se projeter et de ne pas simplement avoir la tête dans le guidon et de réfléchir au jour le jour.

Bref, nous avons besoin d’avoir des perspectives en matière économique. Et il y a des sujets structurants aujourd’hui qui concernent les entreprises et l’ensemble de la société dont le politique doit s’emparer. C’est le cas de l’intelligence artificielle qui va tout modifier, mais aussi les questions sur l’évolution actuelle du travail. Nous avons besoin que le politique fixe des perspectives dans ces domaines et des décisions qui soient pragmatiques

Malheureusement, nous avons connu des choses qui vont exactement dans le sens inverse. Nous sommes par exemple en train de flinguer la filière automobile française car nos politiques ont pris de mauvaises décisions. Donc ceux qui pensent qu’il y a les entreprises d’un côté et le politique de l’autre se trompent, il faut au contraire s’intéresser beaucoup à la chose politique, c’est impératif.

Propos recueillis par Nicolas Le Port,
responsable de la rédaction de Loire-Atlantique de l’Informateur Judiciaire

Photo : Le secrétaire général de la CPME, Jean-Eudes du Mesnil du Buisson, le 5 décembre dernier à Nantes © Nicolas Le Port / IJ.

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