Carcassonne, Malik Bentalha : « J’ai envie de faire un spectacle qui fait sens »

access_time Publié le 01/12/2024.

L’humoriste de 35 ans remonte sur les planches comme on remonte la pente. Après une période de creux due à une dépression, il renoue avec le succès avec ses vidéos parodiques sur le web et un spectacle, « Nouveau Monde », qu’il présente le 6 décembre au théâtre Jean-Alary de Carcassonne.  

Vous revenez avec un nouveau spectacle baptisé “Nouveau Monde”. Qu’est-ce qu’il y a de nouveau dans votre monde ?

Il y a plein de choses nouvelles. J’ai grandi, j’ai mûri, j’assume un peu plus l’homme que je deviens. Ce nouveau spectacle est un peu dans la continuité de mes vidéos parodiques. C’est-à-dire que j’ai envie de faire un spectacle qui fait sens, aux yeux du public et à mes yeux, avec des messages un peu plus forts, un peu plus engagés qu’auparavant. Par exemple, j’ai envie, toujours avec humour, de sensibiliser le public à la santé mentale et j’ai envie de parler de choses qui me tiennent à cœur. Peut-être qu’à l’époque, j’étais un petit peu moins solide sur mes appuis pour aborder ces sujets-là, mais aujourd’hui, je me sens plus prêt, plus légitime.

Vous avez vous-même fait une dépression, c’est bien cela ?

Oui, je suis passé par une grande période de complications, de dépression. J’ai eu des périodes difficiles, donc c’est pour ça que je me sens un peu plus légitime pour en parler aujourd’hui et pour partager ça avec le public, effectivement.

Pourquoi avez-vous choisi d’en parler sur scène, avec le public justement ?

Parce que c’est important. Moi, je n’ai pas été sensibilisé à ces sujets-là quand j’étais plus jeune et quand je suis arrivé à l’âge de comprendre. Donc d’avoir quelqu’un qui peut en parler, quelqu’un de médiatisé, ne serait-ce que pour les jeunes générations qui subissent, par exemple, le harcèlement scolaire ou qui traversent des moments difficiles, ça peut aider. Si le public me suit, c’est missions accomplies.

On pourrait imaginer, quand on est humoriste, quand tout vous sourit – même si, bien sûr, on ne connait pas votre vie personnelle – que l’on puisse tomber en dépression. Qu’est-ce qui vous a conduit dans cet état-là ?

Vous savez, avant d’être des humoristes, avant d’être des acteurs, des footballeurs, des comptables, peu importe la profession, on est des humains. On traverse tous les mêmes problématiques. Parfois, ça peut être la maladie ou la séparation des proches. Et parfois, on traverse des moments difficiles, on n’arrive pas à gérer ses émotions, c’est compliqué et la dépression arrive comme ça.  […] J’ai connu des hauts, des bas, et je suis passé par un moment de dépression. Mais on y passe tous, j’ai l’impression. Le plus important, c’est de ne pas rester en bas, de prendre le temps qu’il faut, mais de s’en sortir, d’essayer de se relever. Et j’essaie de faire passer ce message positif à travers le spectacle. Même si on touche le fond, c’est important de sortir la tête de l’eau à un moment.

Vous avez dit dans une interview que la pression des chiffres était lourde à porter… 

Oui, c’est vrai qu’on est soumis aux chiffres à travers ce métier. On est des privilégiés, mais c’est vrai qu’aujourd’hui, on vit dans une époque où c’est : les chiffres, les chiffres, les chiffres ! Combien t’as fait de vues ? Combien t’as de followers ? Combien t’as de commentaires ? Combien t’as de likes ? T’es classé combien dans la sortie de ton film ? Est-ce que c’est le premier film le plus vu en France ? On est vraiment dans le capitalisme artistique à outrance, j’ai envie de dire, alors que les métiers d’art ne devraient pas être soumis aux chiffres mais à la sensibilité et au regard du public.

Paradoxalement, avec les vidéos que vous avez faites sur Internet – et qui cartonnent -, on vous renvoie aussi à ces chiffres-là pour mesurer votre succès….

Oui, c’est vrai. Mais après, moi, ce n’est pas quelque chose qui me… [il hésite]. En tout cas, ce n’est pas quelque chose qui m’a motivé à faire ces vidéos. Je ne me suis pas dit : “Je vais faire ces vidéos pour que ça cartonne” mais “je vais faire ces vidéos pour mettre mon cœur, mes tripes et ce que je ressens dans un format où je serai libre.” Et le format YouTube, c’est le meilleur format pour être libre. Donc oui, mon nouveau monde – pour faire référence à la première question – celui dans lequel je suis aujourd’hui, c’est d’être le plus sincère et faire exactement ce que je ressens, ce que j’ai sur le cœur pour être le plus sincère possible avec le public. Parfois, il m’est arrivé, quand j’étais plus jeune et quand je démarrais, de vouloir faire ce qui marche et pas ce qui me plaît. C’est là où je me trompais.

Vous vous affirmez avec ces vidéos…

Totalement. C’est totalement la vision que j’ai sur le monde. C’est une des choses qui me ressemble le plus aujourd’hui, ces vidéos.

Qu’est-ce que ça vous permet la parodie, dans l’humour ?

Ça permet tout, la parodie. Ça permet de faire passer des messages à travers l’humour, parce qu’on grossit le trait. Ça permet aussi juste de s’amuser. Parfois, c’est simplement égoïste et juste l’envie d’imiter quelqu’un, de mettre une perruque et de m’amuser. C’est pour ça que je dis que c’est un espace libre et désordonné YouTube, parce qu’on n’a pas de cahier des charges à respecter. On fait ce qu’on veut. Vous avez vu, j’ai parodié CNews. Mais la semaine d’après, j’ai parodié Jul. Ce sont des parodies qui n’ont absolument rien à voir les unes avec les autres. C’est en fonction de ce que je ressens et de ce que j’ai envie de parodier, tout simplement. Je ne me pose pas de questions. Je fais ce que je fais, pour les gens qui m’aiment et qui m’aiment me suivent.

Est-ce que tout le monde le prend bien, vos parodies ? Mais ce n’est peut-être pas votre souci en même temps…

Honnêtement, quand je sors dans la rue, c’est que du positif et que de l’amour. Je peux marcher vraiment la tête haute dehors. Je suis un gars qui vient d’en bas et je n’oublie pas mes valeurs, je n’oublie pas mes principes. Et si je fais ça, c’est parce que je n’oublie pas tout ça. Donc oui, je reçois de l’amour et c’est un kiff.

Est-ce qu’on retrouvera certains de vos personnages sur scène, de vos parodies ?

 Vous savez, j’ai une règle, on ne spoile pas, il faudra venir voir pour savoir. 

Comment ça se passe le retour devant le public, quatre ans après votre dernier passage sur scène ?

C’est ce qui me manquait le plus, vraiment. C’est un bonheur de retrouver le public, de passer du temps avec lui à la fin du spectacle. De pouvoir faire aussi des petits moments d’improvisation sur scène avec le public. Je dois tout au public et, vraiment, je suis très heureux de le retrouver, de pouvoir le sentir et l’avoir du premier rang au dernier rang.

Vous êtes déjà venu à Carcassonne, vous connaissez la ville  ?

C’est une petite Madeleine de Proust, pour moi, la ville de Carcassonne. J’ai grandi dans le sud-est, à Bagnols-sur-Cèze, à Laudun-l’Ardoise, pour être plus exact. C’est une petite ville à côté de Bagnols.  J’ai grandi avec ma famille paternelle et ma famille maternelle est d’Agen. Donc, quand je partais en vacances voir ma famille maternelle, on faisait Laudun-Agen et, à chaque fois, l’endroit où on s’arrêtait pour manger nos petits sandwichs dans la glacière que m’avait préparé ma maman, c’était Carcassonne. On s’arrêtait toujours sur l’aire de Carcassonne pour regarder la cité médiévale. On a dû faire ça pendant presque 10 ans, de mes 5 ans à mes 15 ans. Carcassone, cela me rappelle les voyages que je faisais avec mes parents pour aller voir mes grands-parents en vacances.

Propos recueillis par Cyril Durand

Vendredi 6 décembre, théâtre Jean-Alary à Carcassonne. Tarifs : 45 € ou 50 €. Infos et réservation ici.

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