Un pèlerinage, une rencontre amoureuse, puis un drame dans le Canal du Midi, voilà le point de départ du dernier polar de Manuel Garcia, « Tous les chemins ne mènent pas à Compostelle ».
Une intrigue policière tout ce qu’il y a de plus réel
« Tous les chemins ne mènent pas à Compostelle », paru récemment chez TDO éditions (16 €), est une histoire vraie, à quelques détails près évidemment, par respect pour les familles. Sur le chemin de Compostelle, Émile et Marina se rencontrent, autant opposés que brisés. Ils se lient d’une amitié vouée à devenir amour et décident d’abandonner leur pèlerinage pour s’installer ensemble dans un village bordé par le Canal du Midi. Malgré l’idylle qu’ils vivaient, au bout de quelques mois, Marina est retrouvée noyée dans le Canal et Émile réclame justice. Il ne l’obtiendra pas, car l’adjudant Martin classe assez vite l’affaire.
Ce n’est qu’un an et demi plus tard, grâce à un officier de la Brigade de recherches de Béziers – dans l’histoire réelle, l’auteur-lui-même – que l’enquête sera rouverte. Sur la base d’un sentiment d’investigations bâclées, ce dernier développe des soupçons et croit plus à la thèse de l’assassinat qu’à celle du suicide. Histoire enrichie par l’expérience policière de Manuel Garcia, par son aptitude à décrire les complexités psychologiques des gens, le lecteur profite de personnages développés, et d’une trame narrative immersive et haletante, dans une époque où, notamment, la pertinence de l’ADN n’est pas ce qu’elle est aujourd’hui, et où le flair du gardien de la paix prend toute son importance.
Et quoi de mieux qu’un ancien policier pour écrire un roman policier ?
Profil peu commun mais pour le moins pertinent, Manuel Garcia d’Arques de son nom complet, a vécu au cœur des enquêtes avant de commencer à les narrer. En effet, les distinctions civiles et militaires ne sont pas ce qu’il manque au CV de Manuel Garcia. Il a effectué son service militaire à la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris, a été membre de l’Unité d’élite militaire, ou encore formateur de la police nationale haïtienne pour le compte des Nations Unies. Pour écrire un roman policier, c’est un passé proche du remède contre le syndrome de la page blanche !
Pourtant, le lancement de sa carrière littéraire est « le fruit de hasards et de rencontres ». Notamment celle avec Christophe Hondelatte qui, le premier, a fait naître cette idée chez Manuel Garcia. Alors qu’une des enquêtes de Garcia était adaptée dans l’émission Faites entrer l’accusé, le présentateur lui a émis l’idée de se saisir de la plume pour transcrire certaines affaires depuis son point de vue d’enquêteur.
Manuel Garcia s’est ensuite, après la publication de son premier ouvrage sur la fameuse affaire Albert Foulcher, « découvert une passion, qui a directement mené à la naissance de mon second ouvrage « Les Amants du Midi », puis à ceux qui ont suivi ».
Écrire une ode à l’Aude
Venant d’une famille modeste, Garcia est l’aîné d’une fratrie de quatre enfants, est né en Espagne, à Sabadell et s’installe à Sallèles d’Aude dès l’âge de 2 ans. Ce village qui, très vite, a conquis son cœur, ne l’a plus jamais quitté : « J’y suis arrivé dès l’âge de 2 ans, dans mes souvenirs, c’est comme si j’étais né à Sallèles, et j’ai été marqué par les bâtiments de ces petits villages typiques de la région. Je parle de ceux de Sallèles dans « Histoire d’un Amour Occitan », avec l’Église Saint-Roch notamment ». C’est d’ailleurs cet attachement à la région audoise et à ses villages aussi pittoresques qu’anonymes qui lui procure ses plus grands plaisirs en tant qu’auteur : « Ce qui me fait le plus plaisir, c’est quand les gens me font des retours sur mon site officiel, et qu’ils m’expliquent être allés observer les lieux que j’ai décrit dans mes livres, voir les bâtiments. Je veux les faire rêver et leur donner envie de visiter ces paysages que j’aime tant décrire. Ça a pu m’arriver notamment pour « Les Amants du Canal du Midi », des gens sont allés découvrir le petit village de Mirepeisset, et c’est une belle récompense pour moi ».
Matis Dardour
Photo : L’écrivain Manuel Garcia au Salon du livre de Narbonne, le 25 mai 2024 © L’Echo du Languedoc.