En avril dernier, le Comité français du patrimoine mondial a rendu un avis favorable à l’inscription des sept forteresses de la sénéchaussée de Carcassonne sur la liste de l’Unesco. Un cap de franchi après un long parcours débuté en 2013.
Depuis la création d’un comité scientifique et le lancement du projet d’inscription en 2013, le travail n’a cessé pour démontrer la solidité du dossier et la valeur universelle exceptionnelle du “bien en série” composé de la cité de Carcassonne (déjà inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1997) et des sept forteresses qui l’entourent: Quéribus, Peyrepertus, Lastours, Puilaurens, Monségur, Aguilar et Thermes. Un patrimoine qui représente les vestiges du système défensif créé et administré par le pouvoir royal au lendemain de la croisade contre les albigeois au XIIIe siècle. Aussi appelées “citadelles du vertige”, le nom officiel qui figure sur le dossier présenté à l’Unesco est celui de “système de forteresses de la sénéchaussée de Carcassonne”.
Un dossier jugé solide au niveau national
Ce projet, en cours depuis onze ans, vient de connaître une avancée importante puisque le Comité français du patrimoine mondial a validé le dossier de candidature au terme d’une cinquième audition en avril dernier. En 2019, la création de l’association mission patrimoine mondial (AMPM) a permis la réunion de l’ensemble des collectivités engagées pour porter ce projet. Anaïs Monrozier, chef de projet pour l’AMPM détaille l’évolution de la démarche: « Le Comité français du patrimoine mondial formulait après chaque audition un certain nombre de recommandations et on devait se représenter devant eux pour faire état des avancées. Lors de la dernière audition en avril, nous avons présenté l’aboutissement de notre démarche et notre programme d’action pour la gestion, la préservation et la transmission de ces monuments. C’est à l’issue de cette audition que notre candidature a été jugée assez solide pour être présentée à l’Unesco. »
Ce cap étant franchi, il faut à présent patienter deux ans avant l’obtention de la réponse finale. L’Etat français va d’abord proposer l’inscription du système de forteresses de la sénéchaussée de Carcassonne à la liste du patrimoine mondial de l’Unesco en janvier 2025. Le dossier sera ensuite instruit pendant 18 mois. Une chronologie sur laquelle insiste Anaïs Monrozier: « C’est une étape qu’on vient de passer. On vient de franchir l’échelon national mais derrière, on a toute l’inspection internationale qui va débuter à partir de l’année prochaine. »
Une inspection internationale dès 2025
Dès 2025, les experts du Conseil international des monuments et des sites évalueront le dossier puis la gestion du bien en série dans le cadre d’une visite de terrain. Ils rendront ensuite un avis au Comité du Patrimoine mondial, qui rendra lui-même sa décision finale lors de sa session de réunion prévue en juillet 2026. « A partir de là, trois cas de figure seront possibles », précise Anaïs Monrozier avant de poursuivre: « Soit le dossier sera inscrit directement sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, soit il sera renvoyé avec des demandes de compléments, auquel cas le dossier pourra être représenté une fois les compléments apportés, soit l’inscription sera refusée et il ne sera plus possible de présenter le dossier. »
Une potentielle inscription, et après ?
« On croise les doigts pour que ça passe du premier coup », espère la chef de projet de l’APMP. Pour autant, cette potentielle inscription ne rime pas forcément avec une pluie de subventions. « Il n’y aura pas de manne financière qui va tomber du ciel, mais pour la mise en œuvre des projets, ça permettra de solliciter des subventions peut-être un peu plus facilement », informe-t-elle.
Il est aussi question d’intégrer la population locale à ce projet dont l’intérêt n’est pas uniquement touristique. « C’est un coût de projecteur, il y aura un impact qui sera celui d’un certain nombre de visiteurs, mais on ne vise pas un label touristique. Le projet qu’on mène a pour vocation d’être un levier du développement territorial. On pense aussi aux dimensions environnementale avec la préservation des paysages, éducative avec la sensibilisation, etc. », souligne Anaïs Monrozier. Des objectifs de long terme pour préserver ce patrimoine d’exception.
Marie-Sarah Kaci
Photo principale : Le château de Quéribus © Vincent Photographie / Aude Tourisme.