Thomas Fersen, « un goût pour la fantaisie et un regard décalé sur le monde »

access_time Publié le 25/05/2024.

Thomas Fersen © Céline Nieszawer.

Thomas Fersen, le chanteur, sera Thomas Fersen, le comédien, dans un spectacle d’un genre nouveau pour lui, ce samedi 25 mai, sur la scène nationale de Narbonne. Dans « Mon frère, c’est Dieu sur terre » (lire notre article), le poète manie les vers en prêtant quelques uns de ses traits de caractère à son personnage fantasque et drolatique. Rencontre avec un vieil ado.

Vous venez présenter votre nouveau spectacle, « Mon frère, c’est Dieu sur terre », l’adaptation de votre premier livre. Est-ce un moment particulier dans votre carrière ? Une nouvelle orientation ?

C’est une évolution qui a commencé il y a longtemps. J’introduis des monologues en vers dans mes spectacles depuis ces dix, voire quinze dernières années. En voulant les rassembler pour éventuellement constituer un ouvrage, je me suis aperçu qu’ils étaient très hétéroclites, seul le personnage principal leur était commun. J’ai donc décider d’écrire la biographie de ce personnage à qui j’ai prêté une partie de ma mémoire. Et comme ce livre a été écrit dans l’oralité, en vers comme mes chansons, on a tiré un spectacle de ce livre avec Benjamin Lazar, le metteur en scène, autour du personnage du frère qui est central puisque « Dieu sur Terre », c’est lui. Et en fait, ce frère, c’est la propre conscience du personnage.

Thomas Fersen dans « Mon frère, c’est Dieu sur terre » © Christophe Reynaud de Lage.

Vous vous défendez toujours d’être nostalgique, mais vous puisez souvent votre inspiration dans l’enfance et l’adolescence. Est-ce un paradoxe ?

Je ne suis pas nostalgique parce que je ne suis pas quelqu’un qui se retourne vers le passé. Pour preuve, ce spectacle est une évolution. Mais je me sers des matériaux qui sont les miens, comme tous ceux qui cherchent à créer quelque chose. J’ai des messages qui se dégagent au fur et à mesure de mon existence que j’essaye d’inscrire dans mes nouveaux projets de façon plus déterminée, plus claire. Et ce qui peut paraître effectivement comme un regard vers l’enfance, c’est peut-être cet esprit enfantin qui m’habite, qui est une forme de curiosité permanente, un goût pour la fantaisie et un regard décalé sur le monde.

Votre personnage a un côté nonchalant, peut-être un peu rebelle, un trait de caractère propre à l’adolescence ?

Je dirais plutôt désobéissant, parce que rebelle… Mon personnage est plus superficiel, il est peu engagé. Il se situe plutôt dans la marge du groupe, de sa communauté, tout en vivant d’elle, évidemment. C’est un peu la position de l’artiste, finalement.

Et vous, quel adolescent étiez-vous ?

Perdu, me cherchant sans me trouver. Comme tous les adolescents, après la grande catastrophe, la grande catastrophe de l’adolescence. Parce que quand on est enfant, on est tout plein de soi – on sait bien qui on est, ce qu’on aime, ce qu’on veut être ou ses goûts – puis à l’adolescence, tout ça est bouleversé. Et c’est un peu le jeu du chamboultout, il faut reconstituer les choses et ça prend des années.

C’est quelque chose que l’on retrouve en filigrane dans vos chansons, cette nonchalance, mais aussi beaucoup d’humour. Est-ce une façon d’appréhender le monde ?

C’est le trait de caractère de mon personnage. Je ne dirais pas que je suis moi-même toujours dans cette disposition d’esprit, mais lui, oui. Mon personnage, finalement, se défini à travers ce que vous dîtes, sa fantaisie, sa nonchalance et le fait qu’il passe indifféremment du monde réel à son monde pensé. C’est un contemplatif aussi, en quelque sorte.

Quand vous dites « votre personnage », vous parlez de Thomas Fersen le chanteur ou le personnage de la pièce ?

C’est assez flou. Mon personnage, c’est un peu mon double depuis 35, 40 ans.

Votre personnage n’a, d’ailleurs, pas de nom dans votre pièce. Pourquoi cela ?

Je me pose la question de temps à autre. C’est un peu compliqué de lui en donner un. Vu que j’ai moi-même un pseudonyme, ça devient confus. Il ne sait pas très bien qui il est, c’est justement ça qui conditionne sa réflexion. Il cherche sans cesse, je pense que le fait de l’écouter parler, d’écouter ses pensées, le spectateur on a plus conscience de l’extérieur de qui il est, que lui-même.

Votre récit est-il autobiographique ?

Non, on ne peut pas dire ça, parce que si, effectivement, je prête une partie de mes réflexions et de ma mémoire à ce personnage, je romance énormément et j’exagère, je dilate. Il n’y a aucune valeur autobiographique, parce qu’il y a trop de faux mélangé au vrai.

Est-ce que vous avez d’autres projets, au théâtre ou ailleurs, pour faire évoluer ce personnage ?

Je suis en train d’écrire un autre roman, toujours en vers, de la vie de ce personnage, la suite chronologique du premier. Mais en attendant, je vais faire un album de relecture de mes chansons les plus significatives mais pas seulement, ce se fera au grés des envies de l’arrangeur. C’est un peu prématuré d’en parler, mais l’idée est d’en faire un spectacle avec un groupe de percussions, d’ici un an à peu près. Le principe, c’est vraiment de continuer à faire quelque chose de très créatif, y compris pour une relecture du travail antérieur.

Propos recueillis par Cyril Durand

Crédit photo principale : Céline Nieszawer.

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